Céüse facile
Si c’est votre première fois à Céüse, rassurez-vous, ça ne fait pas mal. Pour éviter l’ambiance des soldes, allez donc vous balader du côté de la Grande Face. Toutes les premières longueurs sont un remède contre le ras-le-bol de l’escalade laborieuse. N’oubliez pas de tester les trois 6a du secteur. Si vous désirez un peu plus d’engagement, ne manquez surtout pas “Le vol du Pilatus“, un 6b+ dans le secteur d’Un pont sur l’infini. Le secteur Thorgal vous régalera lui d’une vingtaine de voies entre 5c et 6b+, sur un rocher magnifiquement sculpté. La cascade abrite quant à elle le 6c+ un peu patiné mais très intéressant “Médecine douce“, ou “The wake“(6b), une perle de l’escalade. Au secteur des Dalles du Capeps, vous êtes certes au royaume de la dalle, mais abordable avec une difficulté moyenne comprise en 5b et 6a+. Enfin, le secteur de Golots à gogo offre les seules voies dans le 4 du site. Céüse, bien au-delà de son image de site extrême, offre des styles d’escalade différents, de la dalle au dévers, des joyaux de l’escalade désertés par des grimpeurs n’en soupçonnant même pas l’intérêt, et la possibilité de trouver des endroits où grimper tranquille même en plein été.
Un paradis fragile
Des murs à trous, des dévers hallucinants et du calcaire toujours cinq étoiles, les quatre kilomètres de Céüse en font pour certains la plus belle falaise du monde. Mais ce lieu magique connaît le revers de son succès, la surfréquentation. Des grimpeurs peu respectueux mettent bel et bien en péril l’existence même du site. Il y a donc certaines attitudes à adopter si vous voulez profiter encore longtemps des somptueuses voies de Céüse. Grâce à de gros efforts de rééquipement soutenus par de nombreux acteurs (Conseil Général, Communauté de Communes, mairies, ONF, CAF, FFME, Vertige Montagne, Petzl et bien entendu les équipeurs), les voies de Céüse ont concédé, pour s’offrir plus volontiers à un plus grand nombre, la perte d’une partie de leur caractère, dit engagé. Aujourd’hui, Céüse est un lieu de pèlerinage annuel pour bon nombre de grimpeurs, qui ont leurs petites habitudes sur les lieux. Malheureusement pas toujours les bonnes. Les incivilités, les excréments ou les déchets en tout genre font tâche dans ce petit monde merveilleux qu’est l’escalade. Alors que faire pour éviter de dénaturer notre pratique, et éloigner le risque d’un ras-le-bol conduisant à l’interdiction totale du site ? À combien de grimpeurs les locaux ont-ils gentiment signalé qu’il était interdit de bivouaquer au pied de la falaise ou au col des Guérins ? Et pourtant, chaque année, on peut compter jusqu’à soixante-dix grimpeurs les jours de grande fréquentation qui dorment chaque soir au pied de la falaise, confondant bivouac et squat. Que dire ensuite des incivilités « banales », telles qu’un feu allumé dans cette zone très sensible aux incendies, ou encore un dentifrice craché dans la fontaine ? Il n’empêche que les dizaines de sacs plastique descendus chaque année en fin de saison, toujours par les locaux, nous rappellent que ce genre de pratiques existe… Demandez-vous ce qu’il se passerait si tout le monde se permettait ces petits écarts ?