« HORS COMPÉTITION »
MELISSA
Il y a tellement de facettes et personnages à Bleau que cette rubrique ne suff ira jamais à présenter, déjà par la grande diversité de la communauté locale mais aussi avec tous les grimpeurs plus ou moins de passage que voient déf iler les blocs. La fréquentation et le niveau général des pratiquants augmentent toujours et cette tendance ne semble pas près de s’inverser. Bien rares pourtant sont les f illes qui s’illustrent côté haut niveau dans cette forêt.
À 27 ans, Mélissa n’est d’ailleurs pas une Bleausarde du cru, mais de celle qui s’y est établie en résidence temporaire. Vosgienne d’origine, puis bordelaise, elle découvre l’escalade vers 15 ans. Cette grimpeuse est connue pour ses performances en compétitions de blocs ou encore ses lointains voyages mais de récents tournants dans son activité viennent encore enrichir son parcours. Peu de temps après avoir arrêté les compétitions, elle réussit son premier 8b à Bleau, une cotation certes maintenant fréquente mais que très peu de filles ont atteinte en bloc. GR : J’imagine que tu es venue ici par le biais de l’équipe de France et son pôle entraînement de Fontainebleau, cela fait combien de temps ? MLN : Oui en effet, j’ai reçu la proposition de Rémi et Nico d’intégrer leur programme d’entraînement pour préparer les coupes du monde. Après avoir passé deux ans entre l’Autriche et l’Allemagne, j’avoue avoir été un peu perdue et n’avoir pas trop su où aller. J’ai donc accepté en pensant que ce serait une très bonne occasion pour allier entraînement et grimpe à Bleau. Cela fait deux ans et demi maintenant mais je me suis vraiment concentrée sur mes dernières années de compétitions et je n’ai pas pris plus de temps que ça pour aller dehors… Je tiens à me rattraper maintenant ! GR : Est-ce que tu envisages de rester à Bleau sur du long terme ? MLN : Je ne me vois pas finir mes vieux (ou jeunes) jours dans la région parisienne mais je sais que j’ai un bout de chemin à faire ici. Je me suis fait de bons amis et je n’ai pas pu profiter pleinement de la forêt ces dernières années, alors on verra où le vent me porte ! GR : Comment se sont passés tes débuts en grimpe ? MLN : Dans un tout petit club de la banlieue bordelaise. J’avais 15 ans et je suis tombée littéralement accro ! Des gens ont cru en moi et m’ont fait découvrir tous les aspects de l’escalade. Ils m’ont soutenue dans mes ambitions et m’ont accompagnée aux quatre coins de la France entre rocher et compétitions. Au début, j’ai eu beaucoup de mal à gérer mes émotions mais j’étais plutôt « faite » pour l’escalade vu mon gabarit, et surtout j’étais hyper motivée. Je suis montée assez vite en niveau et en trois ans j’ai intégré pour la première fois l’équipe de France. GR : Les années de compétition ? MLN : Il y en a eu ! J’ai commencé plus ou moins dès mes débuts en escalade vers 16 ans, en grimpant les échelons fédéraux au fur et à mesure pour participer à ma première compétition internationale à 18 ans. Puis je me suis spécialisée en bloc parce que je préférais le format, plus joueur. Ma première marche de podium en coupe du monde en 2010 à Eindhoven et une solide amitié entre Anna Stöhr, Juliane Wurm et moi s’est tissée. Bref, une chouette histoire qui m’a appris beaucoup sur moi et la façon de gérer mes émotions. GR : Pourquoi et comment as-tu décidé d’arrêter les compétitions ? MLN : Depuis quelques années, je savais honnêtement que j’arrivais plutôt vers la fin de ma carrière en compétitions car je sentais que je commençais à en avoir fait le tour. Je me suis donc dit que je voulais vraiment m’investir une bonne fois pour toutes. Je voulais voir jusqu’où je pouvais aller, voir où étaient mes limites du moment. Cet été je me suis rendu compte que j’étais arrivée là où je le souhaitais en finissant troisième du classement général de la coupe du monde. Mais surtout, je me suis aperçue que cela m’avait vraiment demandé beaucoup trop en tension et stress. Après avoir enchaîné trois grosses blessures et des plus bizarres, j’en avais juste demandé trop à mon corps et je n’étais plus du tout à l’écoute… L’arrêt des compétitions a été une suite logique. Je ne souhaite simplement plus me mettre dans ce niveau de stress et de tensions. J’ai d’autres moyens d’expression avec le rocher et je compte bien en profiter.