Grimper

LA TAUPINIÈRE

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La Taupinière sera restée longtemps un site de voies diff iciles avec, dans sa première version que nous qualif ierons « d’historique », pléthore de 7 et de 8. Tout est relatif et cela reste de l’histoire récente, puisqu’il ne faut remonter qu’en 2008 et 2009, années fastes de l’équipement de la Taupinière, pour retrouver, derrière le perfo, Philippe Saury, Nicolas Glée et Vincent Meirieu.

À cette « époque », le programme d’escalade ne prête pas à confusion : la barre calcaire penche sérieuseme­nt, les voies sont physiques et surplomban­tes, et le site comporte 30 voies, la moitié dans le septième degré, l’autre moitié dans le huitième degré, toutes de qualité. Si la Taupinière ne peut visiblemen­t pas prétendre être un site pour tous, elle possède en contrepart­ie quelques atouts de poids. D’abord, un accès ultrarapid­e et particuliè­rement aisé. Ensuite, elle détient la palme d’or du pied de voie idéal, plat, vaste, ombragé et safe, qui permet de venir grimper en famille, comme l’évoque Vincent Meirieu : « On arrivait pour grimper avec ses gamins, on pouvait les poser au pied de la falaise et les reprendre en partant, il y avait toujours quelqu’un pour s’en occuper, une vraie crèche ! ». Enfin, le décor a quelque chose d’exotique et tropical qui permet d’aller passer une journée en Guyane à moindres frais et sans les bestioles venimeuses. Ainsi en allait-il de la première version de La Taupinière, bien installée dans sa vitesse de croisière et qui restait, malgré ses points forts, un site modérément fréquenté car difficile, et de surcroît à tendance humide, donc propice à une guéguerre perpétuell­e avec la mousse, prompte à revenir dans les voies dès que les passages se font plus rares, en particulie­r dans certaines voies dures peu grimpées. La seconde partie de l’histoire est très récente, puisqu’elle remonte à 2018, et découle indirectem­ent, elle aussi, des rassemblem­ents Camp 4 Vercors qui ont étonnammen­t changé la donne sur ce site-là. Avec, comme événement clé, une idée de Léo Rougier, en formation pour son DE Escalade en milieu naturel au CREPS de Vallon Pont d’Arc, qui, dans le cadre d’un projet pédagogiqu­e à élaborer durant son cursus, a organisé une session de formation « équipement et entretien des sites naturels d’escalade » destinée (c’est là l’originalit­é) à des jeunes grimpeurs de 12 à 17 ans. Objectif annoncé à ces ados motivés : ouvrir de nouvelles lignes à La Taupinière en vue de la prochaine édition de Camp 4 Vercors qui se tenait à la fin du même mois (juillet 2018). Participan­ts : une petite dizaine de jeunes d’environ 15 ans, membres de l’Escalade Club de Pont-en-Royans qui a servi de support au projet de Léo. Et c’est parti pour un gros boulot de nettoyage et de furetage pour dénicher, ô surprise, un beau potentiel de nouvelles lignes, mais cette fois, accessible­s, voire très accessible­s ! Du coup, objectif atteint avec, à la fin de la semaine, une douzaine de nouvelles voies du 5a au 6b. À grand renfort de démoussage, Romain Gendey et ses habituels acolytes bénévoles ont encore ouvert quelques lignes après la semaine des ados, avant le début de Camp 4 Vercors, tout en découvrant, sous le lierre et la mousse, entre deux cris de cacatoès et un vol d’aras écarlates, un potentiel certain pour d’autres voies dans un niveau abordable. Cela les a ramenés à La Taupinière au printemps 2019 pour une nouvelle session avec les moniteurs-stagiaires DE Escalade en milieu naturel au CREPS (dans le cadre de leur U.F. « équipement ») qui s’est soldée par l’ouverture d’une dizaine de nouvelles lignes dans un niveau intermédia­ire. En complément de ce renouveau, le reste du site fait l’objet d’une remise à neuf avec chaque année, le rééquipeme­nt sur broches d’une partie des voies par le Comité FFME de la Drôme (en la personne de Philippe Saury), activement secondé par les stagiaires du CREPS dans le cadre de leur formation au rééquipeme­nt de sites. À terme, toutes les anciennes voies seront rééquipées sur scellement, faisant disparaîtr­e progressiv­ement les goujons qui méritent une bonne retraite après une décennie entière en Amazonie… L’effet « nouvelles voies faciles » ne s’est pas fait attendre et, très rapidement, La Taupinière est passée du statut de site vaguement délaissé et un peu poussiéreu­x à celui de site attractif où trente à quarante personnes viennent grimper tous les week-ends ! La falaise est donc repartie pour un nouveau chapitre, grâce à une offre plus complète et moins sélective, et à ses atouts de départ qui, cette fois, sont parfaiteme­nt valorisés : parfait site d’été très ombragé, pied de falaise royal pour grimpe familiale, décor original, accès rapide et simple. Il ne manquait à la version d’origine que des voies faciles… Elles y sont : une trentaine de nouvelles lignes du 5a au 7a !

 ??  ?? Ci-contre : Léa vous présente les dévers de la Taupinière qui ont fait la réputation un poil élitiste du site. Ici dans le 8a de “Guinet à la une“. ©Simon Destombes
Ci-contre : Léa vous présente les dévers de la Taupinière qui ont fait la réputation un poil élitiste du site. Ici dans le 8a de “Guinet à la une“. ©Simon Destombes

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