Grimper

CÔTÉ COURT

PETIT MAIS COSTAUD

-

Côté Court, c’est la dernière venue de la famille Tamée. Après l’Auberge espagnole, vite devenue la falaise phare du coin, puis La Plage et La Presqu’île, il y avait encore un peu d’élan… Mais commençait à poindre le sentiment qu’à Tamée, cette fois, on avait à peu près tout visité. Tout, sauf cette barre calcaire d’une centaine de mètres de long, dont tout le monde connaissai­t parfaiteme­nt l’existence, mais qui avait un petit défaut… Un peu courte sur pattes. Le hasard a voulu que Nicolas Glée, à la même période, aille un jour grimper à Pont-de-Barret, au secteur Neuf Lunes, une petite barre très déversante qui se trouve juste au bord de la rivière du Roubion, découvrant ainsi l’escalade sur une falaise en modèle réduit – les voies font une dizaine de mètres. Une escalade courte, donc pêchon et hyper technique, et finalement très intéressan­te précisémen­t pour ces spécificit­és-là. Emballé, il se dit intérieure­ment que c’est un peu ballot d’avoir la même chose, et de ne pas vouloir l’équiper… L’idée faisant son chemin, Nico commence par équiper quelques voies courtes à la Presqu’île du Bas, histoire de finaliser ce secteur et de voir ce que ça peut donner… Jusqu’à ce que l’intérêt d’équiper Côté Court s’impose comme une évidence. Nicolas Glée sera l’un des premiers à équiper sur cette falaise, très rapidement rejoint par Philippe Saury qui ouvre également bon nombre de lignes, Cédric Chatagnon et quelques autres, dont Vincent Meirieu, Emmanuel Reynaud, et Quentin Chastagnie­r qui a équipé une ligne dure, potentiel 9a toujours à l’état de projet. Tous se prendront au jeu de cette escalade express, équipant entre 2007 et 2008 une trentaine de lignes sur la falaise. Le ton est clairement dans le septième degré et au-dessus, avec vingt voies du 7a au 7c+, dix voies du 8a au projet, et seulement deux 6c pour représente­r les cotations d’en dessous… Malgré tout, ils ne sont pas certains que le jeu va plaire, et redoutent même que ces voies courtes n’intéressen­t pas les grimpeurs. Mais à leur grande surprise, le site trouve assez rapidement son public, les grimpeurs étant (finalement) assez ouverts d’esprit… Même les inconditio­nnels de la conti et afficionad­os des lignes de 30 ou 35 mètres, viennent dans ces voies de nains travailler la force et expériment­er autre chose. En contrepart­ie de sa hauteur réduite, cette barre est dotée d’un avantage certain : orientée plein sud, elle se révèle un super site d’hiver. Grâce à cette exposition, le caillou sèche vite et en plus, elle prend le soleil rasant beaucoup plus longtemps que l’Auberge espagnole à la même saison… Côté Court connaît donc très rapidement son petit succès l’hiver, et c’est aussi pour cette escalade courte et différente, sur laquelle les équipeurs ne misaient pas trois cacahuètes au départ, que l’on vient y grimper. Le topo entre les mains, vous ne manquerez pas de remarquer que – on serait tenté de dire pour une fois – les noms de voies ne font pas la part belle aux jeux de mots graveleux et autres formules d’inspiratio­n grivoise, mais optent pour une approche culturelle en revisitant les chansons des années 80-90 dans toute leur diversité de styles. L’envie était forte de renommer la falaise Le Juke Box, mais elle a finalement conservé son nom de baptême initial, Côté Court. À noter qu’elle comporte une petite extension plus bas à son extrémité droite (cinq voies du 7a+ au 8a), à cinq minutes de marche, nommée La Réserve. Grâce à votre lecture attentive de ce numéro de Grimper, vous devriez vous exclamer « Mais, il existe déjà La Réserve à Pont-enRoyans ! ». Bien observé. Soyez donc précis si vous donnez rendez-vous à des potes pour grimper à La Réserve, afin de ne pas les attendre tout l’après-midi à Côté Court tandis qu’ils poireauten­t à Pont-en-Royans… Cette jolie barre grise et ocre, aux teintes chaleureus­es, domine le même vallon que celui de l’Auberge espagnole et de la Plage (mais qui elle, est tout en bas). Elle offre un point de vue dégagé, d’où vous découvrire­z l’envers de la Presqu’île, et le pied des voies est plutôt agréable. Il ne vous reste plus qu’à attendre une belle journée d’hiver pour aller faire le lézard sur le rocher en plein soleil, et découvrir qu’en matière de voies d’escalade, comme dans d’autres domaines, pas besoin d’avoir la plus longue pour être intéressan­t.

 ??  ?? Dimitri Argoud Puy se prépare au jeté de “Relax Franky goes to Hollywood“, 7b. © Fred Labreveux
Dimitri Argoud Puy se prépare au jeté de “Relax Franky goes to Hollywood“, 7b. © Fred Labreveux

Newspapers in French

Newspapers from France