COUPES DU MONDE : CHAMONIX ET BRIANÇON
LES DEUX MASTODONTES DE LA COUPE DU MONDE ONT ENCORE FAIT BRILLER L’ESCALADE DE MILLE FEUX !
Le triomphe d’Adam Ondra, l’invincibilité de Janja Garnbret ébranlée, l’équipe de France en difficulté : que s’est-il passé lors des deux plus grosses étapes de la saison ?
Quand vient le mois de juillet, toutes les lumières se braquent vers deux villes, deux capitales de la verticalité. À la faveur de la coupe du monde de difficulté et de leurs shows inégalés, Chamonix et Briançon se posent, durant ces quelques semaines estivales, comme l’épicentre de la grimpe mondiale.
Une finale devant 15 000 personnes, on l’a rêvé, Chamonix l’a fait !
Ce n’est pas un hasard si la ville de Chamonix a offert sa candidature pour accueillir l’épreuve de grimpe des JO de Paris 2024. Rassemblant chaque année plus de 10 000 spectateurs pour ses finales, jusqu’à 15 000 parfois, son étape de coupe du monde n’incarne rien moins que la vitrine mondiale de tout un sport, du moins en compétition. C’est justement à cause de l’impressionnant succès de ce type d’événements que le meilleur et plus influent grimpeur du monde, Adam Ondra, avait prôné - au lieu du format combiné sélectionné par l’IFSC - une épreuve unique de difficulté pour les JO de Tokyo 2020. Tous les grands noms de la compétition ont répondu présent à l’appel de l’édition 2019 de cette étape chamoniarde. Chez les hommes, la fine fleur de la prodigieuse équipe japonaise était là pour se frotter aux spécialistes européens de la discipline, Romain Desgranges, Jakob Schubert, Alex Megos ou encore Adam Ondra. Tous avaient à coeur de faire quelque chose de grand sous l’impassible regard de sa majesté le Mont Blanc. Chez les femmes, une seule interrogation habitait les esprits : Janja Garnbret, invincible sur toute la saison de bloc, allait-elle montrer le moindre signe de faiblesse en difficulté ? Avant même la grande explication des finales, des voies de demie d’une intensité folle ont d’ores et déjà apporté un certain nombre d’enseignements. Après Tomoa Narasaki à Villars, c’est cette fois le second fer de lance de l’équipe nipponne, Kai Harada, 20 ans, qui s’est hissé en finale. Peu en rythme et souvent à contretemps, le champion du monde de bloc semblait pourtant voler de prise en prise sans fournir le moindre effort. Cette attitude s’est finalement révélée fatale en finale mais trahit un potentiel phénoménal. Les deux grands favoris, Adam Ondra et Alex Megos, se sont aussi montrés particulièrement en jambes, ou plutôt « en bras » comme il faudrait dire pour un sport comme l’escalade. La grosse sensation des demi-finales fut cependant féminine, avec l’élimination prématurée de Janja Garnbret suite à une erreur de concentration à la mi-voie. Une occasion inespérée pour ses rivales d’accrocher une victoire en coupe du monde ! Au grand dam du public, mais sans éteindre pour autant la ferveur des milliers de spectateurs, aucun français n’est parvenu à se hisser en finale. De son style inimitable – c’est-à-dire sans jamais fermer le bras - le jeune Allistair Duval a pourtant vendu chèrement son scalp en accrochant une cruelle mais prometteuse 9e place. Fébriles, les deux leaders français que sont Romain Desgranges et Julia Chanourdie se sont laissés piéger en demi-finale. Inutile de ménager le suspense, le même scénario catastrophe s’est reproduit moins d’une semaine plus tard à Briançon, privant une nouvelle fois les deux têtes d’affiche tricolores de finale. Le soir venu, les presque 15 000 personnes venues assister au show n’ont donc pas eu droit à l’habituelle démonstration de Janja ni au plaisir de supporter la moindre chance tricolore… mais ils ont eu Adam Ondra. Galvanisé par la foule, rapide, précis et incroyablement tonique, le monstre sacré de République Tchèque n’a laissé aucune chance à ses adversaires. Seul un Alexander Megos victime d’une zipette quelques mouvements plus bas semblait en mesure de lui opposer un semblant de résistance. Inutile de le taire, malgré une ouverture spectaculaire, la finale femmes a en revanche tourné au fiasco ; les 5 premières ont buté sur le même mouvement dynamique. Le top trois étant aussi ex aequo en demies, le podium s’est décidé sur les résultats des qualifs. À ce jeu, une Coréenne de 15 ans s’est emparée de l’or, Seo Chaeyun, retenez bien ce nom…
Finale Hommes : 1-Adam Ondra, 2-Alex Megos, 3-Jakob Schubert, 4-Will Bosi, 5-Alberto-Ginez Lopez, 6-Martin Stranik, 7-Sean McColl, 8-Kai Harada (premier Français, Allistair Duval, 9e)
Finale Femmes : 1-Seo Chaehyun, 2-Yue Tong Zhang, 3-Jessica Pilz, 4-Ai Mori, 5-Ashima Shirashi, 6-Molly Thompson-Smith, 7-Lucka Rakovek, 8-Natsuki Tanii (première Française, Camille Pouget, 13e).