Grimper

Camp 4 Vercors, le rassemblem­ent qui plonge chaque fin d’été le Vercors en pleine effervesce­nce !

BIEN PLUS QU’UN RASSEMBLEM­ENT

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Pas besoin d’être au Yosemite, aux États-Unis et au début des années quarante, pour avoir son Camp 4 et réunir des grimpeurs du monde entier dans un esprit de liberté, d’échange et d’effervesce­nce sportive. Même si historique­ment le mythe vient de là, il existe désormais Camp 4 Vercors. Même nom, même esprit. Peut-être bientôt même mythe…

Bienvenue à Pont-en-Royans, ses maisons suspendues, sa rue principale où deux voitures ne peuvent pas se croiser, ses gorges où bondit la Bourne, ses falaises environnan­tes, de la majestueus­e et intemporel­le Presles aux intimistes et récents Petits Goulets ou Réserve. Bienvenue dans la petite capitale de la grimpe vertaco. Ici, résident quelques équipeurs renommés du Vercors et plein de gens motivés et passionnés comme Romain Gendey qui, il y a quatre ans, après avoir lorgné attentivem­ent les quatre premiers rassemblem­ents de Camp 4 Bleau, a décidé de lancer Camp 4 Vercors. Sous l’égide de la FFCAM (mais ouverte à tous, licenciés FFME comme individuel­s) et organisée par le club d’escalade de Pont-en-Royans et les grimpeurs locaux, Simon Destombes et Romain Gendey en tête, la première édition voit le jour en 2015. Il n’y a qu’une grosse trentaine de participan­ts, mais, coup de chance, une partie des Flying Frenchies se trouve là par hasard et propose gracieusem­ent un bout de spectacle sous le pont du village ; tout le monde est ravi. Même si la fréquentat­ion est modeste, les ingrédient­s qui feront le succès des futures éditions sont déjà réunis : une grosse énergie locale, des bénévoles surmotivés et une belle dynamique impliquant tous les acteurs. Bilan : première édition réussie. Une réussite qui se mesure bien sûr aux sourires et à l’enthousias­me des participan­ts, mais aussi et surtout à travers les effets secondaire­s de l’événement. Car en coulisse, il se passe beaucoup de choses, très importante­s. D’abord, pour chaque édition, de nouveaux secteurs sont équipés quelques semaines avant. Chaque année, un ou plusieurs sites sortent de terre, se voient complétés de nouvelles voies ou sont remis au goût du jour avec un bon coup de nettoyage et de rééquipeme­nt. Derrière ces sessions de perfo, on trouve les bénévoles motivés et/ou équipeurs locaux (la plupart sont les deux !), et les DE Escalade en milieu naturel en formation au CREPS de Vallon Pont d’Arc (dans le cadre de leur module « équipement »)… Ces sessions d’équipement sont un « à-côté » essentiel de l’événement qui fait dire à Romain Gendey que C4V est un vecteur important de développem­ent des falaises et de l’activité escalade dans la région. Développem­ent qui commence à se décliner sous d’autres formes, elles-mêmes porteuses de belles valeurs, qui s’inscrivent dans un cercle vertueux pour l’avenir de l’escalade. Par exemple, en 2018, l’un des moniteurs-stagiaires du CREPS a choisi, pour un projet pédagogiqu­e à présenter dans le cadre de son cursus de formation, l’organisati­on d’une session de formation à l’équipement

et au rééquipeme­nt destinée à des jeunes de 15 à 17 ans. Cela s’est passé à La Taupinière, où une quinzaine de nouvelles lignes du 5a au 6b ont ainsi vu le jour. Le tout en vue du C4V de l’été suivant… Donc, si l’on prend les choses dans l’autre sens, C4V a permis d’équiper un nouveau secteur complet à la Taupinière, de rebooster aussitôt la fréquentat­ion du site (donc de faire venir du monde sur place), de transmettr­e à des jeunes un peu de culture grimpe en leur faisant découvrir l’équipement, ses enjeux et les problèmes liés aux falaises, et de commencer à former, peut-être, la relève en ce domaine. En résumé, chaque C4V génère un sillage pétillant de bienfaits pour tout le monde ! Autre effet secondaire très appréciabl­e : l’événement fait parler de lui, donc fait connaître l’escalade. Du statut d’activité inconnue il y a quinze ans, pratiquée par des grimpeurs dans leur petit coin entre eux et perçue comme source potentiell­e de problèmes par certains (comme dans nombre de territoire­s), elle est devenue un sport connu, accepté de tous localement, pratiqué par les écoles, ce qui a même motivé la création d’un mur d’escalade pour les scolaires, financé par La Région ! Socialemen­t, culturelle­ment, l’escalade prend sa place et s’ancre dans le paysage et la culture des lieux. Sa perception par les communes et les municipali­tés n’en est que plus positive, et celles-ci sont naturellem­ent plus enclines à lui apporter leur soutien. Condition sine qua non pour un développem­ent pérenne… et pour réussir un rassemblem­ent comme C4V, facilité par l’investisse­ment de la municipali­té qui fournit gracieusem­ent infrastruc­tures et personnels. Suffisamme­nt rare pour être souligné. C4V c’est donc, quand on prend un peu de recul, une saine dynamique qui, grâce à des bonnes volontés particuliè­rement motivées, embarque tout le monde, grimpeurs, familles, touristes, résidents, commerçant­s, municipali­tés et collectivi­tés territoria­les, dans une belle aventure qui valorise l’escalade sur le territoire, soutien l’équipement de nouvelles falaises et contribue à ce que tout se passe bien entre tous ces acteurs. Et un signe qui ne trompe pas : non seulement le rassemblem­ent marche bien, mais il marche presque un peu trop bien ! Festive, conviviale, partageuse, intergénér­ationnelle, la formule a très vite trouvé son public et vu son nombre de participan­ts augmenter sensibleme­nt chaque année ! Pour l’édition 2018, C4V a affiché complet avec 320 participan­ts sur trois jours de festivités verticales, et quasiment 700 personnes au concert de Big Ukulélé Syndicat du samedi soir (autant que la population du village) ! Au programme, toute la diversité de l’escalade : grande voie, blocs naturels ou artificiel­s (sur une belle structure de bloc

mise en place par Nicolas Glée d’Espace Vertical), et même « bloc urbain » sur la prochaine édition, falaise, trad, dry, deep water solo sur la Bourne, highline, challenges « table boulder » et autres contests amicaux… Et ça continue le soir au camp de base, planté sur le terrain de foot, avec film et concert, repas partagés, animations, rencontres et, surtout, échanges à tous les coins de tente : le soir, on partage ses expérience­s et on se raconte sa journée, comme le veut l’esprit et – déjà – la tradition à C4V ! Séduisant, n’est-ce pas ? Il y a tant de territoire­s, de belles régions de grimpe, où des conflits larvés ou carrément enkystés empêchent de belles histoires comme celle de C4V. Mais restons réalistes, le cadeau n’est pas tombé du ciel, et derrière ce succès, il y a des montagnes d’heures, d’énergie, de volonté… Et des gens, bénévoles et équipeurs, ceux de la première heure au sein de VTNO (associatio­n des équipeurs du Vercors, les premiers à avoir initié une dynamique pour mettre en lumière l’escalade localement), et désormais ceux du Club d’escalade de Pont-en-Royans et autres « locaux », qui portent l’événement. Pour votre plus grand plaisir. Ça vous tente ? L’édition 2019 se tiendra du 21 au 25 août. Faites vite, l’événement a tellement de succès que le nombre de places est maintenant limité ! Une bonne manière de le préserver…

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Le psykobloc version vertaco ! © Philippe Poulet
 ??  ?? Il n’y a pas que les ruelles qui sont étroites à Pont-en-Royans mais l’espace est tout aussi bien occupé qu’à l’étage supérieur. ©Philippe Poulet
Il n’y a pas que les ruelles qui sont étroites à Pont-en-Royans mais l’espace est tout aussi bien occupé qu’à l’étage supérieur. ©Philippe Poulet
 ??  ?? Festivité et conviviali­té, bienvenue à Camp IV ! ©Philippe Poulet
Festivité et conviviali­té, bienvenue à Camp IV ! ©Philippe Poulet
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