Grimper

LES AMARRAGES FIXES

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Dans les voies modernes, pour des raisons évidentes de sécurité, les points d’assurage en acier inoxydable sont laissés à demeure dans le rocher. Ces amarrages ont révolution­né l’escalade moderne car ils se placent par forage (soit manuelleme­nt avec un tamponnoir, soit avec un perforateu­r) dans des zones de rochers compacts dans lesquelles il n’était pas possible de se protéger auparavant, faute de pouvoir y planter un piton.

>Les spits sont composés d’une cheville expansive de 8, 10 ou 12 mm de diamètre, sur laquelle on vient visser une plaquette qui permet ainsi le mousqueton­nage. >Les rings, également appelés broches, sont eux d’un seul tenant, et sont collés à demeure dans la roche au moyen d’un scellement chimique résiné.

Tous ces amarrages résistent à plusieurs tonnes de tension, ce qui est largement suffisant pour supporter le poids de plusieurs grimpeurs et pour résister à la force d’une chute.

>Les pitons se placent dans les fissures du rocher. Plantés à coups de marteau et façonnés dans des alliages relativeme­nt malléables, ils épousent la forme de l’interstice et se verrouille­nt par des contrainte­s mécaniques. Un piton bien installé est certes résistant, mais loin des normes actuelles de sécurité. Les pitons sont donc réservés à des escalades nécessitan­t un certain engagement de la cordée (alpinisme, grandes voies, terrain d’aventure…). Leurs tailles et formes (plats, en U, en V, bong, etc.) sont conçues pour pouvoir s’adapter à tous les types de fissures, mais leur mise en place requiert une grande expérience. Ils peuvent être récupérés par le second de cordée, mais dans des voies parcourues régulièrem­ent, ces pitonnages/ dépitonnag­es dé it successifs if fi finissent i t par abîmer bî l le rocher. h Par ailleurs, les pitons gênent ou empêchent parfois l’utilisatio­n des prises dans les fissures.

Ouvreurs et équipeurs

Si aujourd’hui nous pouvons passer d’agréables journées d’escalade sur de belles voies au rocher propre, aux prises fiables et aux points d’assurage rassurants, nous pouvons tous remercier les « obscurs » équipeurs qui ont passé des jours, des semaines, voire des mois à repérer, purger, nettoyer et suer « sang et eau » pour équiper tous les sites que nous trouvons aujourd’hui dans le monde. L’équipement d’une falaise requiert tout d’abord une vision anticipée de ce que pourra devenir cette zone, souvent couverte de végétation, et de définir son réel intérêt : potentiel de voies, qualité du rocher, facilité d’approche… Il faut également se renseigner sur la propriété du site pour avoir l’autorisati­on d’équiper, et prendre en compte les autres problèmes que crée la fréquentat­ion d’une falaise : stationnem­ent des véhicules, chemins d’accès, problèmes environnem­entaux, principale­ment avec les oiseaux, désengagem­ent de la responsabi­lité des propriétai­res en cas d’accident, etc. Une fois ces difficulté­s résolues, généraleme­nt au moyen d’une concertati­on entre toutes les parties prenantes (équipeur, propriétai­re, maire, fédération, environnem­entalistes, etc.), des repérages plus précis en paroi sont effectués afin de définir un plan d’équipement avec les secteurs, les lignes à ouvrir, leur départ et l’emplacemen­t des relais, les sentiers d’approche. On commence alors par un nettoyage en règle : purge des blocs et pierres instables, élagage des arbres et arbustes, taille de la végétation gênante, etc. Cela permet de sécuriser les zones où vont intervenir les équipeurs. S’engage ensuite un travail plus minutieux, voie par voie : « imaginatio­n » de la ligne, installati­on des relais, essai des mouvements et finalement pose des points de protection au perforateu­r. Selon les règles d’équipement, ces amarrages doivent être placés de façon à éviter toute chute dangereuse et de manière à ce qu’ils soient facilement mousqueton­ables durant l’ascension.

Pour équiper une longueur mesurant entre 20 et 30 m, on compte entre une demi-journée et deux à trois jours

d’effort selon l’importance du travail de nettoyage.

Il existe deux approches pour équiper une voie : >depuis le bas, c’est-à-dire que le grimpeur part du pied de la falaise et pose les points d’assurage au fur et à mesure de son ascension. Ce type d’ouverture aventureus­e est plutôt réservé aux forts grimpeurs qui s’engagent dans de très hautes falaises sans réel accès possible depuis le haut, ainsi qu’aux expédition­s et à l’alpinisme. S’il permet aux ouvreurs d’avoir de fortes sensations, il leur faut souvent revoir ensuite l’équipement mis en place « dans l’urgence », car celui-ci n’a pas toujours pu être placé judicieuse­ment : trop espacé, mal positionné dans la ligne, ne protégeant pas au mieux les sections difficiles, etc.

>depuis le haut, l’équipeur accède alors à la falaise par son sommet. C’est la technique la plus utilisée car elle permet d’ouvrir en respectant les règles d’équipement. Ainsi, on sécurise la face au fur et à mesure de la descente, on place les relais et les points d’assurage au bon endroit, on peut essayer les mouvements…

Au final, l’ouvreur ou les ouvreurs auront le droit de donner un nom, souvent humoristiq­ue, à leur « oeuvre ». Ils passeront ainsi à la postérité, leurs patronymes étant désormais indissocia­bles des informatio­ns du topo de l’itinéraire. Il est toutefois illusoire de penser que les équipeurs font cela pour la notoriété : leur motivation réside plutôt dans la passion de la création et dans leur envie d’offrir aux autres de nouveaux terrains de jeu. Certains grimpeurs se sont d’ailleurs carrément spécialisé­s dans l’ouverture et passent tout leur temps libre à courir la nature pour purger, brosser et percer… La plupart sont bénévoles et font partie de clubs et d’associatio­ns. Les fédération­s engagent, quant à elles, des é qui peurs profession­nels: guides de haute-montagne, moniteurs d’escalade ou ouvreurs « reconnus », pour vérifier régulièrem­ent les équipement­s mis en place et remettre constammen­t aux normes de sécurité les falaises françaises.

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Ci-dessous : Chris Sharma dans “Jumbo Love”, 9b (Clark Mountain-Californie).

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