SE PLACER S’AMÉLIORER EN PRATIQUANT
Le placement ! N’importe quel grimpeur ayant vécu un minimum d’expériences a bien compris que c’est LA clé pour arriver à franchir un pas ou un passage. C’est grâce au placement que vous allez pouvoir valoriser les prises de mains et avec cette technique que vous soulagerez l’effort sur vos doigts et ainsi vous économiserez de l’énergie.
L’apprentissage des techniques et des placements fait partie intégrante de l’escalade : grimper c’est aussi imaginer, trouver et apprendre des méthodes.
Au-delà de maîtriser les techniques ponctuelles, il faut que vous ayez aussi la capacité à résoudre des problèmes nouveaux et ainsi à inventer ou trouver des placements que vous n'avez pas encore dans vos bagages.
Avant d’aborder différentes grandes familles de techniques, arrêtons-nous sur les manières d’apprendre car il en existe plusieurs sortes.
Apprendre spontanément
La première est spontanée : vous abordez un nouveau passage et naturellement en découle un nouveau placement ou une nouvelle coordination (cf. le thème précédent : la théorie écologique).
Cette manière de découvrir est à privilégier car elle va vous donner un avantage en ne perdant pas de temps de réflexion, d’énergie et d’interrogation, particulièrement en à vue, pour trouver la solution.
Ce mode de fonctionnement est particulièrement privilégié par Adam Ondra qui trouve directement LA méthode adaptée, en général du premier coup.
Apprendre après réflexion
La seconde manière est la réflexion (cf. le thème précédent : la théorie cognitive) : vous identifiez et analysez tous les paramètres afin d’en déduire la méthode. C’est une sorte d’apprentissage par résolution de problèmes. Par exemple : j’ai une fissure verticale et des bons pieds d’un côté de la fissure = je vais faire un Dülfer. L’avantage de cette approche est de bien comprendre tous les éléments qui structurent une technique. Le problème est qu’elle prend du temps et surtout que la charge attentionnelle et cognitive en grimpant est déjà lourde pour votre cerveau.
Cela ne laisse donc que peu de marge à ce type de réflexions très élaborées.
Apprendre des autres
On peut aussi suivre les "ordres" directifs d'un partenaire qui vous indique ce qu’il faut faire. L’avantage est alors d’aller très vite pour réaliser un passage. Par contre, attention à ce dernier mode car il ne vous fait pas progresser sur la démarche de recherche de méthodes. De ce fait, à la prochaine problématique inconnue, vous risquerez d’être sans solution et complètement perdu si vous n’avez pas votre assistant à disposition.
Enfin, une dernière méthode d’apprentissage est celle que l’on peut faire en observant d'autres grimpeurs. Que ce soit sur des vidéos, ou avec vos collègues, vous pouvez apprendre de nouvelles façons de progresser. À vous d’identifier dans toutes ces approches celles qui vous conviennent le mieux et d’essayer de les alterner. Encore une fois, méfiez-vous des personnes/entraîneurs qui vous dirigent trop et qui vous brident de toute réflexion personnelle, surtout si vous êtes jeune et en début de pratique. Apprenez à apprendre seul.
Cette façon de faire est la seule qui vous donne du potentiel pour progresser à l’avenir de manière indépendante.
Renforcement, répétitions
Une fois la découverte d’une technique faite, vous allez renforcer cette nouvelle expertise et l’affiner. Cela passe le plus souvent par des répétitions de gammes, un peu comme au tennis même si la nature sans cesse différente pousse à ne pas répéter toujours les mêmes types de mouvements. Cela va vous permettre d’optimiser votre grimpe en la réalisant avec le minimum d’effort possible, avec relâchement. Surtout, retenez bien que votre morphologie et vos ressources physiologiques n’amènent pas forcément aux mêmes méthodes et placements que vos partenaires.
Il faut donc viser à maîtriser un maximum de techniques et apprendre à les utiliser à bon escient selon vos propres caractéristiques.
Parlons maintenant placements
Il y a des dizaines d’ouvrages qui mentionnent les différents placements de corps, de pieds, de doigts… Ces derniers sont intéressants et méritent d’être étudiés en détail, mais il n’y a pas la place dans ces pages pour faire une taxonomie des différents mouvements et d’expliquer en détail la bonne réalisation de chaque technique, d’autant plus que leur nombre est quasi infini !
Une fois que vos mains sont sur les prises, vous allez positionner vos pieds. Ensuite, le placement peut se caractériser par le positionnement et l’orientation de votre bassin et de votre buste.
Enfin, une fois que votre corps est "fixé", on peut s’intéresser à la combinaison des forces que vous exercez sur les prises.
Il est important de retenir qu’il n’y a rien de hiérarchique là-dedans car le placement des pieds peut très bien résulter d’un mouvement suivant envisagé, mais peut aussi résulter simplement des prises de pieds disponibles. L’orientation des épaules peut dépendre des prises de main, mais aussi du placement de bassin. L’idée ici est donc d’explorer librement ces opportunités pour les rendre disponibles lorsque vous en aurez besoin.