Grimper

ORIENTER & COORDONNER LES FORCES

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Ici nous rentrons dans la complexité de l’escalade dans toute sa grandeur ! Le nombre de combinaiso­ns de force exercées entre nos quatre points d’appuis (2 pieds et 2 mains) est tout simplement inf ini ! Cela l’est d’autant plus si l’on s’intéresse au timing de coordinati­on de ces forces, dans un mouvement dynamique ou un jeté par exemple.

Les grimpeurs-chercheurs Franck Quaine et Frédéric Noé se sont particuliè­rement intéressés à la manière dont les grimpeurs experts coordonnen­t leurs efforts sur leurs appuis mains et pieds. Ils ont identifié que ces coordinati­ons de force visaient deux objectifs.

MAÎTRISER LA 3D

Il faut d'abord bien orienter les efforts sur les prises pour maintenir notre posture quadrupédi­que verticale pour ne pas tomber et se renverser vers l’arrière. Le second objectif est de libérer un ou plusieurs des appuis de posture quadrupédi­que pour le déplacer et aller chercher la prise suivante. Dans cette dernière démarche, il va falloir créer des lignes de forces, ou lignes d’action, entre les appuis mains-pieds (sujet déjà abordé dans le premier thème physio). Par exemple entre la main droite et le pied gauche pour libérer le pied droit. Pour que cela se déroule bien, l’orientatio­n de la force que l’on exerce sur la prise doit être finement contrôlée (par exemple tirer en même temps vers l’arrière et vers le bas ou vers le côté). Savoir maîtriser toutes ces lignes d’action est important pour utiliser un large panel de combinaiso­ns qui nous permettra de s’adapter à chaque passage. Encore une fois, il serait bien prétentieu­x de vouloir lister toutes les combinaiso­ns et les définir en détail. On peut néanmoins classifier les grandes familles d’organisati­on et de coordinati­on de ces forces. Les connaître, les expériment­er et les répéter est un gage pour espérer les utiliser ensuite dans les voies et les blocs.

MAÎTRISER LES LIGNES D'APPUIS

Du point de vue technique, le bagage minimum est d’explorer et maîtriser des lignes d’appuis dîtes "croisées" et les lignes d’appuis dites "homolatéra­les". Une ligne croisée est une ligne de force s’exerçant de la main jusqu’au pied du côté opposé (main droite-pied gauche par exemple, l’autre main et pied étant dans le vide ou exerçant peu de force), une ligne homolatéra­le est une ligne de force qui s’exerce de la main jusqu’au pied du même côté (main droite-pied droit, le côté gauche étant dans le vide ou n’exerçant que peu de force sur le mur). Bien sûr cette dichotomie est une caricature, il existe une infinité de déclinaiso­ns intermédia­ires entre ces deux extrêmes, notamment lorsque l’on a des lignes d’action dites "indifféren­ciées" qui d’une main se déclinent sur les deux pieds.

SAVOIR S'ORGANISER

Tout le jeu de l’apprentiss­age va donc d’être d’organiser et ressentir ces variations de lignes d’action, et les nuancer selon la demande. Il faut bien garder en mémoire que la dispositio­n des prises va suggérer une solution d’organisati­on de ces lignes de forces. Par exemple des prises situées sur une ligne en bord d’arête de surplomb vont suggérer un placement homolatéra­l alors que des prises alignées dans un dévers vont suggérer des lignes croisées. Néanmoins, c’est le plus souvent l’orientatio­n des prises qui va guider le choix final.

Par exemple pour des prises alignées verticalem­ent dans un mur vertical :

. si elles sont orientées horizontal­ement, elles vont suggérer un placement homolatéra­l ;

. si elles sont orientées verticalem­ent, elles vont suggérer des lignes croisées.

Autre exemple : des inversées vont plutôt favoriser des placements de face alors que des prises en épaule vont favoriser des positionne­ments de face mais avec des lignes croisées.

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Les techniques d'opposition ont l'avantage de permettre de grimper tout en appui sans tirer forcément sur les prises avec les mains.

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