L’ART DE DÉLAYER
C’est bien beau de clamer haut et fort qu’il suff it de délayer entre chaque prise pour grignoter un peu plus de résistance. Encore faudrait-il connaître le B.A.-BA d’un délayage réussi ! Car il ne suff it malheureusement pas de lâcher une prise et de secouer votre main comme un Parkinsonien pour espérer délayer eff icacement. À nous de vous faire découvrir avec plaisir quelques notions rudimentaires.
Pour ceux qui seraient perdus
Pour résumer de manière ultra-courte, un bon relâchement de votre bras, avant qu’une prise ne connaisse un nouvel assaut de vos doigts, peut vous faire gagner quelques mètres, si ce n’est plus. C’est d’autant plus important d’apprendre à délayer lorsque vous faites des voies de résistance, puisque le délayage n’y sera pas forcément intuitif, la voie ne comportant pas vraiment de gros repos, et donc d’endroits pour délayer. Comment donc être sûr que votre délayage soit efficace ? Quand vous avez débuté l’escalade, on vous a appris à réaliser un noeud, à assurer et tout au plus à passer dans une dégaine la corde du bon côté. Mais pour le délayage, que dalle ! D’un autre côté, il faut bien que les euros que vous dépensez pour l’acquisition de ce mag servent à quelque chose ! En l’occurrence, vous ne devriez pas être déçu…
Comment délayer correctement ?
Pour que votre délayage soit efficace en toutes circonstances, il faudra veiller à ce que le relâchement de votre bras parte de l’épaule. En effet, une contraction musculaire au niveau de l’épaule se répercutera automatiquement sur l’avant-bras, rendant ainsi un délayage optimal impossible. Car si vous êtes encore contracté pendant le délayage, vous aurez beau secouer votre poignet comme une bouteille d’Orangina, votre circulation sanguine n’en sera pas pour autant efficace. Car qui dit contraction musculaire dit vasoconstriction (le diamètre des veines et artères est plus petit qu’à la normale). Et dans ce cas, votre sang aura moins de place pour circuler dans vos veines et ainsi jouer son rôle « d’éboueur » de l’acide lactique. Donc, s’il faut retenir une seule chose de cet article (et l’amortissement de vos euros, vous en faites quoi ?) : plus vous serez relâché lors du délayage et plus votre circulation sanguine pourra éliminer d’acide lactique contenu dans vos avant-bras. C’est tout bête mais toujours bon à savoir ! Et surtout, ça vous évitera peut-être de tomber un mètre après un repos total…
En pratique, deux cas distincts pour délayer
Tout dépend, en effet, de la voie que vous allez réaliser. Pour caricaturer un peu, soit elle sera de type continuité et alors truffée de bacs bien accueillants pour se reposer, soit de type résistance et donc beaucoup plus problématique. >Dans une voie de continuité : dans ce cas, pas de souci majeur pour trouver une prise sur laquelle se reposer complètement en alternant bras gauche, bras droit. Mais là où ça devient beaucoup plus sournois dans ce
« Pour un délayage efficace, le relâchement de votre bras doit partir de l’épaule. »
genre de voie, c’est quand il faut prendre la décision de repartir après un repos, aussi total soit-il. En effet jusqu’à présent, aucune étude sérieuse ne peut être en mesure d’avancer des temps de référence qui pourraient nous aiguiller. Tout simplement parce que chacun d’entre nous est unique. Cette décision est donc personnelle et demande une bonne connaissance de soi, souvent acquise après un apprentissage par essais et… erreurs !
>Dans une voie de résistance : la caractéristique première d’une voie de rési n’est autre que l’incapacité de délayer correctement à un moment donné. Soit parce que les prises sont trop petites pour s’arrêter dessus, soit leur disposition dans la voie ne permet pas de vous refaire complètement, en lâchant une main après l’autre. Alors la petite astuce permettant de délayer dans ce type de voie consiste à le faire dans le mouvement. C’està-dire qu’il faut profiter du laps de temps où votre main quitte une prise avant d’en ressaisir une autre, pour délayer. La plus difficile sera de bien relâcher votre épaule alors qu’elle sera simultanément en train d’accomplir une action ascendante. Là aussi, il faudra compter quelques heures d’apprentissage et de… vols, pour enfin grimper en toute décontraction !
Quel que soit le type de voie auquel vous allez avoir affaire, savoir délayer et gérer les repos est primordial pour envisager son enchaînement. Bien délayer est plus complexe qu’il n’y paraît car il faut apprendre à se relâcher au maximum dans l’effort mais aussi savoir repartir au bon moment d’un repos. Et pour tout cela, pas de miracle : il faut bien se connaître et avoir une certaine expérience. Bref, il faut grimper !