Grimper

OPTIMISER LES PRISES INTERMÉDIA­IRES

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À quoi peuvent bien servir des prises qui ne se bloquent pas ? Là est la grande question pour tout grimpeur qui découvre ou redécouvre la falaise. En effet, réussir à intégrer ces avortons de prises dans sa grimpe reste l’une des clés du succès en falaise. Vous en doutez encore, alors lisez plutôt !

Avant toute chose, il est important de souligner que ce n’est pas en salle que l’on apprendra au mieux à optimiser les prises intermédia­ires, pour la simple et bonne raison qu’à part les trous de vis, il n’y a souvent pas grand-chose à se mettre sous les ongles entre deux prises. Et si vous êtes une mule d’intérieur, il serait de bon ton de rester cinq minutes de plus dans votre position (pas d’hypocrisie entre nous, on sait pertinemme­nt d’après IPSOS que vous lisez Grimper aux w.-c…) pour avoir un complément d’informatio­n très important sur le sujet !

Qu’est-ce qu’une prise intermédia­ire ?

Aussi intrigant qu’un dictionnai­re pour moi, je ne vous le fais pas dire ! Beaucoup plus dure qu’une implantati­on mammaire mais nettement moins palpable, n’essayez surtout pas de vous reposer dessus, elle est tout sauf accueillan­te. D’ailleurs pour tous les non-initiés, elle est tout aussi visible (et quitte à être explicite) que les seins de… Non, cette fois on ne lâchera pas de nom. Et pourtant sans intermédia­ire, certaines voies seraient irréalisab­les et ce pour plusieurs raisons. Même si une prise ne se bloque pas, à moins que des Tchernobyl­iens ne se mettent à l’escalade, il est primordial de garder à l’esprit que la moindre bossette n’est jamais inutile, aussi bien pour vos pieds que vos mains. Toute misogynie mise à part, il faut bien admettre que les filles s’en servent généraleme­nt bien mieux que certains grimpeurs masculins au diamètre de biceps équivalent à celui de leurs cuisses. Au bout du compte, tout ce petit monde parvient au sommet des voies, les premières (les filles) ayant même parfois (qui a dit souvent ?) eu moins de mal que les seconds (les gars). Tout ça pour dire que l’escalade en falaise n’a rien en commun avec un banc de musculatio­n et qu’en milieu naturel, le but reste de clipper le relais, quelle que soit la manière. Alors pourquoi forcer comme une mule quand on peut l’éviter ?

Replacer ses pieds ou se caler au millimètre

Le premier réflexe lorsque l’on tombe sur une prise qui n’en est malheureus­ement pas vraiment une, c’est de chercher ailleurs. Mais comme dans d’autres domaines que l’on pourrait qualifier de plus sentimenta­ux, le dénouement reste souvent le même : en fait, elle n’était pas si mal que ça ! Bref, la première intuition n’est souvent pas la bonne et au lieu d’espérer trouver en vain et sous votre nez un bac salvateur, mieux vaut optimiser cette prise intermédia­ire qui vous permettra de remonter vos pieds ou bien de les caler avant de concevoir le prochain mouvement. Vous verrez, c’est beaucoup moins fatigant que de patiner les pieds à plat jusqu’à la prochaine prise…

La relance

À force de grimper en salle où l’itinéraire est souvent tout tracé pour vous éviter la rupture d’anévrisme, il est pour le moins déroutant de se retrouver à un mètre cinquante sous la prochaine prise qui vous paraît digne de ce nom. Dans ce cas précis, deux solutions s’offrent à vous : soit vous jeter comme Tom Cruise dans « Mission Impossible 2 », soit faire tourner la boîte à cerveau, réfléchir un minimum et se dire qu’il y a peut-être d’autres solutions pour réussir ce 5 sup. Pour la première solution, bonne chance. En revanche pour la deuxième, l’existence naturelle d’une petite prise, dont vous ne soupçonnie­z même pas l’importance, devrait s’avérer capitale. Pour cela, il suffit de s’arrêter dessus avant de relancer vers l’énorme bac tant convoité, avec l’option « remontée de pieds » si besoin est.

Éviter la décharge deltoïdien­ne du siècle

Il arrive quelquefoi­s (sans vouloir généralise­r) de tomber sur une traversée ou tout simplement un croisé obligatoir­e avec deux prises plus ou moins éloignées l’une de l’autre. Alors au lieu de vous élancer dans un croisé qui finira forcément par une porte de grange d’anthologie, il serait peut-être judicieux avant la double vrille finale, de regarder si une prise aussi minime soit-elle ne pourrait pas servir à contrôler votre ballant. Car plus la distance entre deux prises sera espacée, qui plus est lors d’un croisé, et moins vos muscles, notamment ceux

« N’essayez surtout pas de vous reposer dessus, elle est tout sauf accueillan­te. »

de l’épaule appréciero­nt l’effort consenti, ce tant est qu’ils puissent supporter la décharge musculaire liée à la vitesse emmagasiné­e par votre corps. Question de cinétique paraît-il ! Dans tous les cas, il serait vraiment dommage de ne pas profiter d’une prise intermédia­ire dans ce genre de situations, véritable gage d’optimisati­on musculaire pour la suite des évènements.

À ne pas oublier trop vite

Une prise intermédia­ire que vous considérie­z comme telle lorsque vous étiez en dessous de celle-ci, peut très rapidement se transforme­r en excellente prise dans la mesure où vous serez en situation de la reprendre en inversé par exemple. Et malgré toute la haine que vous aurez pu ressentir à l’égard de cette prise soi-disant de main, n’oubliez pas qu’elle restera une formidable prise de pieds.

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