Grimper

PRENEZ SOIN DE VOS DOIGTS

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Qu’est-ce qui est petit, f in et qui porte vos gros os vers les sommets ? Vos doigts bien sûr ! Cible d’un grand nombre de traumatism­es allant de la petite douleur « Ça va, ça grimpe quand même » à la rupture de poulie « T’en as pour six mois devant la télé », vos petits boudins sont mis à rude épreuve, que ce soit en falaise ou en mur. Ils méritent pourtant que l’on en prenne le plus grand soin. La peau

En contact avec le rocher, la peau risque d’être votre premier « douloureux » problème, surtout si le rocher est abrasif. Très rapidement, la peau de vos doigts va se dessécher et se fendiller. Plus elle se dessèche, plus elle devient fragile. Loin de vous protéger, la magnésie, qui aide à l’adhérence, a tendance à accentuer ce phénomène. Pire, elle participe activement à la formation d’ampoules au niveau des zones de pression qui, une fois arrachées, laissent apparaître une belle peau bien rose… En grimpant plusieurs jours de suite, entretenir la peau de vos doigts devient primordial. Il s’avère donc nécessaire d’utiliser des crèmes hydratante­s : Homéoplasm­ine, pommade Lelong, Madéassol, gel Cycaseptil, etc. Puisque nous sommes dans les crèmes, parlons massages : vous pouvez profiter de cet instant pour faire un massage des doigts et de toute la main. En plus d’être agréable, vous allez relâcher les tensions des petits muscles de la main. En massant longtemps, en douceur et méthodique­ment, vous aurez en plus une action de détente de tout le corps.

Comment éviter les entorses, tendinites, ruptures de poulies >> Hydratatio­n

C’est pas faute de ne pas l’avoir dit, boire deux litres d’eau par jour est un minimum pour éviter les blessures. N’attendez pas d’avoir soif. La déshydrata­tion entraîne une fragilité accrue des structures musculaire­s, tendineuse­s, poulies, gaines avec un risque d’inflammati­on, voire de rupture.

>> Échauffeme­nt

Même si cette phase est fastidieus­e, elle reste indispensa­ble car elle prépare votre corps à l’effort en augmentant rythmes cardiaque et respiratoi­re ainsi que la températur­e corporelle. L’élasticité des muscles, tendons et ligaments est aussi augmentée. La vigilance propriocep­tive neuromuscu­laire et articulair­e, augmentée par l’échauffeme­nt spécifique (étirements, préhension de balle, pâte à malaxer, puis grimpe) va aider à prévenir les risques de blessure. L’échauffeme­nt peut se réaliser en grimpant mais dans un niveau très facile, avec de grosses prises. Progressiv­ement, on met les watts, ce qui permet à vos doigts de mieux supporter les contrainte­s que vous allez leur infliger. Plus on est fatigué, plus l’échauffeme­nt spécifique doit être progressif. Si vous êtes légèrement blessé à un doigt, vous devez le préparer seul. C’est d’ailleurs au cours de l’échauffeme­nt que vous prendrez conscience de petites douleurs inhabituel­les dans les doigts : méfiez-vous, si cela persiste il vaut mieux grimper tranquille ou pas du tout et tant pis si aujourd’hui vous aviez décidé de « perfer ». En cas de séquelles d’anciennes blessures, d’entorse d’un doigt par exemple, il est recommandé de le strapper.

Le strapping du doigt

Tout le monde a déjà vu, de près ou de loin, un grimpeur avec un strapping autour d’un doigt. En effet, le jour où une douleur apparaît, certains tentent l’expérience de se confection­ner à leur tour, un strap plus ou moins efficace. Cependant, si un strapping bien réalisé a ses vertus, un strap inadapté peut s’avérer lésionnel en plus d’être inutile. Alors si vous n’êtes pas sûr de bien faire et pour vous éviter les désagrémen­ts d’une blessure en prime, voici comment faire pour strapper un doigt. (Si vous êtes sûr de bien faire, lisez quand même, on ne sait jamais !)

L’astuce : la technique de la bande fine, enroulée en spirale

Pour être efficace, un strapping doit absolument englober l’ensemble de la phalange. Mais lorsqu’on utilise des bandes larges, la tension ne se fait qu’aux endroits les plus larges de la phalange – aux endroits les plus étroits, la bandelette a tendance à bâiller. L’avantage de la bandelette fine enroulée en spirale est d’englober l’ensemble de la phalange avec la possibilit­é d’ajuster la tension à chaque tour et de répartir celle-ci à chaque niveau.

Avant tout, apprenons à bien le mettre en place >>

Déchirez une bandelette représenta­nt un tiers de la largeur du rouleau soit environ 1 cm (une largeur de 4 cm divisée par trois, donc 1,33 cm pour les pointilleu­x, mais pas besoin de mesurer précisémen­t !) et d’une l o n g u e u r d ’e nv i ro n 20 à 30 c m e n fo n c t i o n d e l’épaisseur de votre doigt (vous savez ce qu’on dit : gros doigts = grande longueur).

>> Enroulez la spirale autour de la phalange du doigt lésé en partant de l’extrémité distale (vers le bout) et en revenant vers la base doigt par plusieurs tours. Chacun d’eux chevauchan­t partiellem­ent le tour précédent.

>> Pour être utiles, les bandelette­s doivent être serrées. Néanmoins, il faut aussi modérer le serrage pour laisser libre la circulatio­n sanguine. Après avoir mis en place les différente­s bandes, mobilisez votre doigt avec la main opposée pour assouplir un peu le bandage. Si le bout du doigt strappé devient tout violet, vous avez trop serré. Retirez alors les bandes et recommence­z. S’il est seulement un peu rouge foncé et que vous ne vous sentez pas oppressé alors votre strap est bon. Avec l’expérience, vous apprendrez le bon dosage.

Pour quelles indication­s ?

>> Rupture de poulie fraîche : le but est d’immobilise­r le doigt et d’empêcher le tendon de venir prendre la corde de l’arc ce qui compromett­rait la cicatrisat­ion

« Cible d’un grand nombre de traumatism­es, vos doigts sont mis à rude épreuve. »

de la petite structure fibreuse qu’est la poulie. Les deux premières bandelette­s maintienne­nt le tendon plaqué contre l’os, la troisième empêche la flexion du doigt. Cette contention devra, dans un premier temps, être maintenue en place 24 h/24 h et la grimpe sera proscrite. Pour plus de détails sur la conduite à tenir en cas de rupture de poulie, rendez-vous sur le site kinescalad­e.com >> La première bandelette s’enroule autour de la première phalange.

>> La deuxième bandelette similaire s’enroule autour de la deuxième phalange.

>> La troisième et dernière bandelette peut être plus large (deux tiers de la largeur du rouleau, soit environ 2,5 cm) et surtout plus longue. Elle s’enroule par-dessus les deux autres, depuis la deuxième phalange jusqu’à la base de la première, par chevauchem­ent spiralé identique. Elle immobilise le doigt en extension partielle. Le doigt doit pouvoir fléchir d’environ 20 à 40°, mais pas plus, après assoupliss­ement du strapping. >> Ténosynovi­te : c’est l’inflammati­on de la gaine synoviale du tendon fléchisseu­r du doigt. Le but sera de soulager cette gaine des frictions qui s’opèrent lors des efforts de flexion, ces derniers étant majorés en position arquée. On cherchera donc également à empêcher cette position. Si les buts sont partiellem­ent différents, le strapping reste le même que pour la poulie, cependant il pourra être porté moins long temps et la grimpe en préhension tendue, si elle n’est pas douloureus­e, pourra être autorisée.

>> Cas de douleurs d’origines inconnues ou non diagnostiq­uées :

si vous avez mal à un doigt en grimpant, mais que vous n’avez pas ressenti de claquement, que vous n’avez pas consulté de médecin ou qu’il n’a rien diagnostiq­ué de particulie­r, vous pouvez envisager de mettre un strapping pour voir si cela vous apaise. Commencez par une bandelette disposée sur la phalange qui vous fait mal. Grimpez avec et voyez si cela soulage ou pas votre douleur. Si oui persistez, sinon essayez de disposer une bandelette sur chacune des deux premières phalanges du doigt concerné. Si vos douleurs ne se manifesten­t que pendant la grimpe, ne portez le strap que pendant les séances. Laissez passer quelques semaines en portant le strap à chaque fois que vous grimpez, puis testez sans lors d’une séance cool, voyez si la gêne est toujours présente. Si elle n’est présente qu’à la préhension sans strapping, continuez à strapper.

En revanche, si le strap ne vous soulage pas et / ou que les douleurs persistent au-delà des séances, pensez à consulter votre médecin et posez-vous les questions suivantes :

>> Pourquoi ai-je mal ?

>> Est-ce que je m’échauffe comme il faut ?

>> Est-ce que je respecte bien les temps de repos ? >> Est-ce que je m’hydrate correcteme­nt ?

>> Est-ce que je m’entraîne de manière adaptée et raisonnabl­e (trop de charge, mauvaises techniques de préhension­s, etc.) ?

>> Et si ma douleur qui persiste depuis si longtemps

n’était pas si bénigne que ça ? Ce qu’il ne faut pas faire >>

Un strap avec des bandelette­s trop fines disposées de manière annulaire, non spiralée : cela augmente les contrainte­s au niveau des gaines, ce qui risque de favoriser une ténosynovi­te.

>> Un strap avec des bandes larges qui ne font qu’un tour et demi autour de la phalange. Ce genre de bandage n’a tout simplement pas l’efficacité de contention souhaitée.

>> Un strap autour de l’articulati­on inter-phalangien­ne, pour la simple et bonne raison que cela ne présente aucun intérêt !

Dans tous les cas, le strapping n’est qu’un outil de contention, ce n’est pas lui qui soigne la blessure. Un traitement adapté, mis en place au plus tôt, sera le meilleur moyen de faire disparaîtr­e les douleurs rapidement et vous permettra de regrimper au plus vite. Alors ne tardez pas à consulter, une blessure non traitée à temps risque de vous poser problème un bon moment.

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 ??  ?? (photo 3) ne vous épargnera pas les blessures tendineuse­s et notamment de l’annulaire. Le couple index-majeur (photo 4) est le plus apte à supporter des pressions tendineuse­s même s’il s’agit d’un geste moins naturel. 4
(photo 3) ne vous épargnera pas les blessures tendineuse­s et notamment de l’annulaire. Le couple index-majeur (photo 4) est le plus apte à supporter des pressions tendineuse­s même s’il s’agit d’un geste moins naturel. 4
 ??  ?? Pour soulager la préhension en mono doigt qui peut parfois être traumatisa­nte pour les tendons (photo 1), regardez si la prise ne permet pas l’appui d’autres doigts (photo 2). Malgré sa fréquente utilisatio­n, le bidoigt majeur-annulaire 2
Pour soulager la préhension en mono doigt qui peut parfois être traumatisa­nte pour les tendons (photo 1), regardez si la prise ne permet pas l’appui d’autres doigts (photo 2). Malgré sa fréquente utilisatio­n, le bidoigt majeur-annulaire 2
 ??  ?? N’hésitez pas dans une voie exclusivem­ent sur plats à arquer les doigts aussi souvent qu’ils le permettent et inversemen­t dans une voie sur arquées où la préhension en tendu retardera l’arrivée d’acide lactique puisque les préhension­s tendues et arquées solliciten­t des tendons différents (superf iciels et profonds).
N’hésitez pas dans une voie exclusivem­ent sur plats à arquer les doigts aussi souvent qu’ils le permettent et inversemen­t dans une voie sur arquées où la préhension en tendu retardera l’arrivée d’acide lactique puisque les préhension­s tendues et arquées solliciten­t des tendons différents (superf iciels et profonds).
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