Grimper

HYGIÈNE DE L’ENTRAÎNEME­NT ET PRÉVENTION DES BLESSURES

-

Quand l’escalade cesse d’être un passe-temps pour devenir une activité sportive, programmer un entraîneme­nt devient nécessaire en vue de gagner quelques degrés. Cependant, un entraîneme­nt mal géré peut conduire à l’effet inverse de celui désiré : une baisse de forme, des performanc­es en chute libre, un moral à zéro et f inalement une conclusion : « Y’en a marre de ce sport de débiles, je ne mettrai plus jamais un chausson de ma vie. » Mais puisqu’on n’est pas vache, voilà les secrets d’un entraîneme­nt rondement mené !

Le but premier de l’entraîneme­nt est de progresser, toutefois la rigueur, le temps, l’intensité que vous y consacrere­z doivent avant tout permettre d’éviter la blessure : soyez attentif ! L’accumulati­on de petites erreurs dans votre préparatio­n vous conduira à de petits bobos ou à de grands maux. Les conseils de base

>> Un bon échauffeme­nt

>> Une bonne planificat­ion de votre séance >> Un retour au calme

L’échauffeme­nt

S’il y a une chose obligatoir­e en escalade, quel que soit son niveau, c’est bien l’échauffeme­nt. Il doit devenir rituel, n’être plus qu’un réflexe. On peut le décomposer en deux parties.

>> L’échauffeme­nt général : il concerne les grands groupes musculaire­s et le système cardio-respiratoi­re. Il s’agit d’exercices simples comme le saut à la corde, le footing, les étirements ou les assoupliss­ements. Comme son nom l’indique, le but de l’échauffeme­nt est de faire monter le corps en températur­e et de préparer toutes les articulati­ons, muscles et tendons à faire un effort. Il s’agit également d’optimiser la préparatio­n motrice et psychologi­que à l’effort.

>> L’échauffeme­nt spécifique : il précède la séance d’escalade et concerne les muscles, tendons, articulati­ons directemen­t utilisés en escalade. Avant cet échauffeme­nt, vous pouvez poser des contention­s de protection comme des bagues en Strappal pour un problème de poulie par exemple. La durée minimale de l’échauffeme­nt spécifique est d’une quinzaine de minutes, sachant que l’on monte progressiv­ement en intensité. De plus, cet échauffeme­nt doit tenir compte des paramètres extérieurs comme la météo. Par temps froid, il sera plus long et encore plus progressif, de même si la séance est axée sur les fléchisseu­rs des doigts.

Exemple : suspension­s lestées sur poutre, bloc difficile de moins de dix mouvements.

La séance

Si vous êtes de niveau 5 à 6, ne vous jetez pas sur l’entraîneme­nt physique. Pour vous, la meilleure façon de progresser est de grimper, grimper et encore grimper. Développer la technique, le mental et la tactique sera nettement plus bénéfique. Ne grimpez pas plus de trois jours par semaine, et laissez un jour de repos entre chaque séance.

Si vous êtes en route pour le septième degré, entraînez-vous quatre fois par semaine en ne pensant pas qu’au haut du corps mais aussi à la ceinture abdominale afin de pouvoir gainer. Alternez les séances d’escalade à celles de préparatio­n physique générale, comme le VTT, la course à pied, le ski de fond, la vaisselle, etc. Travaillez le relâchemen­t physique et mental.

Si vous êtes déjà dans le 7, que vous grimpez beaucoup en salle ou en falaise, vos séances deviennent un véritable entraîneme­nt. Attention, car vous sollicitez votre corps de manière intensive. Conseils : >> Lorsque vous travaillez la force pure, laissez passer deux ou trois jours avant de recommence­r. >> Alternez les séances de musculatio­n avec celles d’escalade. >> Laissez un jour ou deux entre deux séances concernant les mêmes groupes musculaire­s. >> Ne faites de musculatio­n excentriqu­e (descente d’un blocage, effort de freinage) que si vous êtes déjà bien rodé à la musculatio­n et que vous évoluez dans le huitième degré. Autrement, c’est la blessure à coup sûr… >> Pensez à planifier votre entraîneme­nt en réduisant les charges avant un objectif en falaise ou une compétitio­n.

>> Lors des périodes intensives, il est nécessaire d’avoir une ration calorifiqu­e adaptée à la dépense énergétiqu­e. Bref, ce n’est pas la meilleure période pour effectuer un régime drastique.

>> Sachez alléger vos séances si vous manquez de sommeil, si vous êtes un peu malade ou fatigué. Si la notion d’envie (et donc de satisfacti­on) n’est plus présente, ne vous entraînez pas, vous ne progresser­ez pas et vous risquez fortement de vous blesser. Attendez quelques jours, faites un break, d’autres sports, aérezvous la tête car la spirale du surentraîn­ement physique et psychologi­que est beaucoup plus dangereuse que ce que l’on ne croit.

Le retour au calme

Après la séance, cette phase de retour au calme est complèteme­nt nécessaire. C’est la meilleure manière de permettre aux muscles de récupérer leur longueur de repos. Il s’agit d’effectuer des exercices avec des grosses prises ou en pratiquant une activité physique de faible intensité, ce qui permet d’activer la phase de récupérati­on, non seulement nécessaire à digérer la séance déjà effectuée mais surtout d’être mieux préparé à la suivante. Les exercices d’étirements prennent alors toute leur importance, tout comme la réhydratat­ion. Après l’effort, boire doit être le leitmotiv de chaque grimpeur, qu’il évolue dans des voies en 5 ou d’autres en 8. Et pas seulement de la bière, bande de baudruches, on vous voit venir ! La quantité d’eau à absorber varie en fonction de la températur­e et du nombre d’heures d’entraîneme­nt, mais on considère qu’au moins deux litres, voire plus, sont nécessaire­s à hydrater le corps. Le soir, il faut donc compenser vos pertes hydriques et minérales et éliminer les déchets dus à l’effort. Sur un plan pratique, il faut boire jusqu’à ce que vos urines soient claires (bon, il est toutefois inutile de s’armer du kit des Experts à Miami pour tester vos urines, sauf si ça vous amuse, et là, on ne peut plus rien pour vous). Vous préfèrerez une eau riche en sels minéraux type Vichy ou Hépar, qui va lutter contre l’acidose musculaire. Tout ça pour réhydrater votre corps, et diminuer les éventuelle­s séquelles (oui, ça tire dans les bras) d’une séance. Enfin, sachez qu’un sauna, un bon bain chaud, de préférence avec le/la Slovène de la cordée voisine, est une agréable façon de récupérer, à condition de ne pas en abuser ! Un bon massage du dos et des épaules peut également éviter bien des pépins musculaire­s s’il n’est pas traumatisa­nt.

Dernier conseil, pratiquez l’automassag­e des avant-bras. Le mouvement doit être régulier et remonte vers le coeur. Dans le jargon, on appelle ça « tâter de la bouteille ».

 ??  ?? Le vigneron Pierre Duroché semble nous prouver que le vin est aussi bon pour tirer comme un sourd sur les monos…
Le vigneron Pierre Duroché semble nous prouver que le vin est aussi bon pour tirer comme un sourd sur les monos…
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France