Grimper

Le mental : maître mot du 6

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>> Au-delà des points précédents, un paramètre s’avère décisif pour passer ce palier : la maîtrise de la peur. Pas la peine de faire le héros, tout le monde a dû un jour apprendre à passer outre. En effet, toute la technique et la puissance du monde ne suffiront pas s’ils sont jugulés par la flip. >> Pour commencer, apprenez par coeur toutes les manips de base telles que le passage de la moulinette et surtout le mousqueton­nage. Le geste doit venir automatiqu­e. Pour cela, il peut être utile de s’entraîner à la maison. Une dégaine pendue au lustre du salon et un bout de corde permettent de se mettre dans toutes les situations. Clipage main droite ou gauche, à bout de bras, mousqueton retourné… Des manips bien intégrées sont évidemment un plus au niveau sécurité mais permettent également de se libérer l’esprit. >> Rationalis­ez les risques. La technique du « Je regarde jamais en bas, du coup, j’ai pas peur » ne mène pas très loin et peut même être dangereuse. Mieux vaut se poser la question « qu’est-ce que je risque ? ». Souvenez-vous de « La haine » : « L’important n’est pas la chute, c’est l’atterrissa­ge. » Mieux vaut vérifier que vous ne risquez pas le contact avec une marche, un arbre ou le sol avant de vous engager. Une fois ces précaution­s prises, vous savez qu’objectivem­ent vous ne risquez rien. Ça ne fait pas tout, mais ça aide.

>> L’assureur est un élément déterminan­t pour surmonter son appréhensi­on. Demandez-lui d’assurer debout, de façon à ce qu’il puisse dynamiser votre impact en avançant. Tenez-le au courant lorsque vous sentez qu’un mouvement délicat approche. Inutile de crier toutes les trente secondes, déjà ça énerve, et votre assureur est de toute façon censé pouvoir enrayer une chute à tout moment. Par contre, un « j’y vais » bien placé avant d’entamer une section dure permet de s’assurer qu’il y a bien quelqu’un au bout de la corde. >> Même en tant qu’assureur, vous avez un rôle important dans la confiance du grimpeur. Des encouragem­ents dans les moments difficiles ne font pas mieux tenir les prises mais confirment qu’en bas on s’occupe de vous. À l’opposé, une situation dangereuse peut parfois être évitée par le second qui peut indiquer que vous vous éloignez de l’itinéraire ou que vous oubliez un point. Bref, en vous sentant soutenu et surveillé, vous oubliez forcément la peur. >> Quelques chutes volontaire­s dans un endroit adapté( minimum vertical et équipé solidement) peuvent aider, au moins à se rendre compte qu’effectivem­ent on ne risque pas grand-chose. Commencez juste au-dessus du point puis augmentez la distance peu à peu. Un exercice utile également pour celui à l’autre bout de la corde s’il n’a jamais enrayé de chute. >> Le meilleur moyen d’oublier le vide reste d’aller régulièrem­ent en falaise car souvent une coupure de plus d’un mois voit ressortir les vieux démons.

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