L’ÉCOLOGIE, C’EST COMME UNE VOIE AVEC DES COLONNETTES, IL FAUT Y ALLER EN PRENANT DES PINCETTES !
Parler publiquement d’écologie au sens large, c’est-à-dire de tout ce qui a trait au réchauffement climatique et à la destruction des écosystèmes, entreprise à laquelle nous nous attelons sur plus de 50 pages dans ce magazine, est un exercice extrêmement difficile. À la simple évocation de cette thématique, nous voyons arriver au galop une nouvelle morale profondément ascétique dont le but serait de nous priver de plaisir et de liberté. Finies les voitures perso, finis les bons steaks bien saignants, finis les voyages en avions, fini le shopping superflu, mollo sur le chauffage, etc. En outre, débarquer et dire à quelqu’un “ce que tu fais est mal”, est un comportement d’une grande violence qui reçoit souvent, et à juste titre, un fort mauvais accueil de la part du destinataire. Voilà pourquoi ce terrain, si consensuel puisse-t-il être sur le plan scientifique, est si délicat à aborder en pratique.
C’est la raison pour laquelle ce magazine, vous vous en apercevrez en poursuivant votre lecture, réduit sa part de critiques à quelques évidences (P80). Pour le reste, au lieu de houspiller les voyages de grimpe par avion, il renoue avec le charme et la poésie de l’aventure locale (P76). Au lieu de stigmatiser la voiture, il vous offre une sélection des meilleurs sites de France accessibles en transports en commun (P40). Au lieu de pointer du doigt les déviances des grimpeurs sur le respect des écosystèmes qu’ils fréquentent, il croise les points de vue pour prouver qu’une cohabitation est possible (P62). Au lieu d’agiter le spectre si culpabilisant des scénarios catastrophe, il habille en utopie le futur de l’escalade (P74). Au lieu, enfin, d’ériger certains grimpeurs en exemple tout en pointant les autres du doigt, il ouvre avec eux un débat franc et honnête (P28).
Dans ce numéro de Grimper, donc, point de morale, mais une acception du constat scientifique de la crise environnementale, et une réflexion sur la manière dont l’escalade, en faisant modestement son bonhomme de chemin vers une pratique durable, a encore une chance de se montrer digne du plus grand défi du XXIe siècle.