Grimper

I HAVE A DREAM, ADAM

-

plus grosses perfs féminines, à part si l’on est aussi une femme, auquel cas, au lieu de sexiste, on passera pour jalouse. En bref, on peut souhaiter bien du plaisir à qui répètera Super Crackinett­e et aurait le malheur de penser que ça ne vaut « que » 9a !

Romain Desgranges : plus qu’un champion, un symbole

Depuis que Romain Desgranges nous a jeté à la face l’annonce de sa retraite des compétitio­ns sur les internets, les hommages n’en finissent plus de pleuvoir. Et pour cause, Momo, de son surnom, c’est 130 participat­ions en coupe du monde, 16 podiums, 6 victoires et une médaille d’or au classement général en difficulté. Mais au-delà de ce palmarès fort charnu, Romain Desgranges incarne un fantasme, celui d’un homme capable de forcer son destin. Par leur parcours, on a toujours l’impression que les champions d’escalade n’arrivent pas là par hasard. Et quand j’écris champion, je ne parle pas d’un médaillé national ou de quelqu’un qui fait une bonne place une fois dans sa carrière sur le circuit, non, je cause d’un grimpeur susceptibl­e de gagner le classement général de la coupe du monde, ce qui n’a strictemen­t rien à voir. Ceux-là, on les repère d’emblée pour leurs résultats chez les jeunes ou leurs performanc­es en falaise ; dans le langage commun, on les appelle des prodiges. Adam Ondra, Jakob Schubert ou Sachi Amma, pour en citer trois, ont très tôt été promis au glorieux avenir de compétiteu­r auquel ils ont ensuite donné corps par la vertu de l’entraîneme­nt. Une sorte de génie doublé d’une brute de travail. Voilà, en théorie, la seule et unique recette du champion. Romain, cependant, malgré toutes ses indéniable­s qualités de grimpeur, ne faisait pas partie de la caste des élus. Point de gros résultats internatio­naux chez les jeunes. Durant ses premières saisons de coupe du monde, il peinait à rentrer dans le top 20, quant aux finales, elles étaient impensable­s. Mais à force de travail et de profession­nalisme, les qualités qui étaient les siennes ont peu à peu fini par s’exprimer, avec de plus en plus de régularité, jusqu’à ce qu’il devienne, au milieu des prodiges, un habitué des finales de coupe du monde. Momo ne s’est pourtant pas arrêté là, il a continué de pousser le bouchon jusqu’à les battre, ces « élus », en remportant, en 2017, le classement général de la coupe du monde de difficulté. En soi, c’était déjà un exploit, mais cela représenta­it en fait beaucoup plus : un homme venait de triompher dans le bras le fer sans merci qui l’opposait à son propre destin. Chapeau Monsieur Desgranges.

Newspapers in French

Newspapers from France