GRIMPE ET CATASTROPHE ENVIRONNEMENTALE
PETITES RÉFLEXIONS INTRODUCTIVES
C’est parti, on met les pieds dans le plat. Croyez-nous sur parole, nous avons commencé à travailler sur ce sujet avant que ne survienne l’ouragan du Coronavirus, avant que tout le monde se mette à parler du fameux « monde d’après », avant que, comme si une brèche s’était ouverte dans le système, l’espoir fou d’une société plus sobre ne naisse dans l’esprit de tous ceux que la crise environnementale remue jusqu’au mal-être. Introduisons le sujet par quelques éléments de réflexion.
Le cri d’alerte des scientifiques
Malgré un monde devenu complexe, si complexe que sa compréhension dépasse de très loin l’entendement humain, la situation est finalement assez simple. D’une part, à force de grignoter, pardon, de dévaster les habitats naturels, nous sommes en plein dans une extermination massive des êtres vivants avec lesquels nous cohabitons. Les populations d’insectes ailés, pour ne donner qu’un exemple, ont diminué de 80 % en Europe en moins de 30 ans. Nous sommes donc, au moment où vous lisez ces lignes, au plus fort de ce que les scientifiques appellent désormais la 6e extinction massive. Pour la culture, celle des dinosaures était la précédente, la 5e.
D’autre part, un consensus scientifique établi depuis maintenant plusieurs décennies nous a appris que l’homme, en brûlant des énergies fossiles pour des fins diverses et
Par Lucien Martinez en modifiant son environnement – transports, industrie, chauffage, agriculture et déforestation, etc. – émet, le CO2 en tête, de grandes quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ces derniers induisent une absorption accrue du rayonnement solaire et donc un réchauffement de l’air. Nos trublions de scientifiques ne se sont pas arrêtés là. Non seulement ils ont démontré, avec environ 1 °C d’élévation depuis 1970, que le réchauffement est déjà significatif, mais ils prédisent également, sur les bases des émissions actuelles et si l’humanité continue sur le même rythme, un redoux planétaire de près de 1,5 °C en 2030, plus de 2 °C en 2050 et près de 6 °C en 2100 (rapport du GIEC). En résumé, il fera beaucoup plus chaud dans les prochaines décennies et, si l’on ne modifie pas de cap, la situation deviendra totalement hors de contrôle.
Si le changement des paysages et la destruction des écosystèmes en sont des conséquences bien connues, si l’effondrement inimaginable de la biodiversité est déjà une réalité (inimaginable parce que les chiffres sont si énormes qu’on ne peut même pas les conceptualiser), si des phénomènes climatiques, en particulier la sècheresse inédite qui a frappé le croissant fertile entre 2007 et 2010, sont vraisemblablement à l’origine du chaos syrien, les travaux scientifiques, au-delà de toute doctrine, sont formels : le pire est devant nous. De nombreuses régions du globe, en Afrique ou en Indonésie par exemple, deviendront invivables pour les humains. Pourquoi ? Canicules mortelles, sècheresses, destruction des cultures et famines, montée des eaux, multiplication des tempêtes et inondations… Alors que nous en sommes seulement à l’initiation du réchauffement climatique, on estime qu’il a déjà causé, directement ou indirectement, des millions de déplacés. Dans les décennies à venir, ils se compteront en centaines de millions. Où iront-ils, quelles conséquences pour les sociétés occidentales et leurs économies ? On a du mal à imaginer que tout cela se fasse dans la bonne humeur ! Point de certitudes, de ce côté-là, mais les scénarios, malgré leurs divergences, leurs aléas, signalent tous sans exception un horizon masqué par un raz-de-marée climatique fondant sur notre monde. La science, donc, le dit, elle le répète inlassablement depuis des années : si nous continuons à émettre des gaz à effet de serre de la sorte, il va y avoir un beau bordel.