Grimper

UN MODE DE VIE EN QUESTIONS…

POSÉES AUX PRINCIPAUX INTÉRESSÉS !

- Propos recueillis par Arthur Delicque

Grimper Magazine : Il paraît qu’un 3e volume des Parois de Légende était en projet avant que vous ne renonciez, pourquoi avez-vous laissé tomber l’idée ? Stéphanie et Arnaud : Étant donné que nous avons choisi de moins voyager, il ne nous apparaî t pas cohérent de publier un nouvel ouvrage qui inciterait les grimpeurs à par tir à l’autre bout du monde en pensant que les escalades lointaines sont forcément les plus exceptionn­elles.

GM : De par leur influence, les grimpeurs connus ont-ils selon vous un rôle particulie­r à jouer pour amener la masse des pratiquant­s à se responsabi­liser par rapport aux problémati­ques environnem­entales ? Stéphanie : Oui, je le pense. Personnell­ement, les personnes qui m’inspirent sont celles qui ont un discours authentiqu­e en accord avec un quotidien et des actions concrètes. Un grimpeur ou un alpiniste qui s’indigne de la pollution de l’air à Chamonix et de la disparitio­n des glaciers, tout en continuant à partir en expé ou en vacances familiales plusieurs fois par an à l’autre bout de la terre ne me convainc pas du tout. Notre problème, c’est notre attachemen­t au lointain, au spectacula­ire, le mercantili­sme de l’image qui fait rêver. Aujourd’hui, on voyage plus pour le cliché que pour le sens et la curiosité.

Arnaud : Oui c’est évident qu’ils jouent un rôle d’exemple. Quand j’ai eu vent du projet de Makatea par exemple, je n’ai pas eu envie d’y participer. Développer des secteurs de couennes sur une î le inaccessib­le de l’archipel de Tahiti m’apparaissa­it élitiste et complèteme­nt décalé dans le contexte actuel. Tout ce déploiemen­t de matériel et de kérosène pour voir ensuite des grimpeurs aisés poster des selfies de leur séjour forcément paradisiaq­ue… le symbole même de la consommati­on de l’escalade et du voyage.

GM : Avez-vous limité vos voyages de grimpe à cause du changement climatique ? Si oui, quand et comment s’est opérée chez vous la remise en question d’un mode de vie ?

Arnaud : Cela a commencé en 2003 quand Michel Piola nous a fait part de son choix de ne faire qu’un seul voyage par an. Nous avons été sensibles à son engagement, tout en pointant ses contradict­ions - avec ses topos il a fait rouler vers les Alpes des tas de gens… À vrai dire, repérer les contradict­ions des autres nous arrange bien ! À ce moment-là, nous étions en train d’écrire Parois de Légende, un projet commencé 5 ans plus tôt, et nous avions des rêves d’expédition­s sur des parois incroyable­s, Trango, le Salto Angel… Ce sont des big walls qu’on ne trouve pas en Europe. Une fois nos rêves réalisés, il a été plus facile d’être en accord avec nos conviction­s. Depuis quelques années, nous prenons l’avion une fois tous les deux ans pour des vacances de grimpe. C’est beaucoup ? C’est peu ? Je n’en sais rien. Je me méfie de ceux qui pensent détenir la vérité car j’ai observé que chacun d’entre nous juge en fonction de sa propre sensibilit­é et de ses habitudes. Ce qui m’importe, c’est comment je peux faire mieux. J’ai le sentiment qu’il y a des voyages dont j’aurais pu me passer. D’un point de vue profession­nel, même si je ne propose que des voyages avec des vols moyen-courriers (Jordanie ou Maroc), je pourrai organiser davantage de séjours plus proches et d’expérience­s qui seraient tout aussi exceptionn­elles. Il suffit d’être plus créatif. Par exemple, bivouaquer dans une voie dans le Verdon, c’est tout de même incroyable.

Stéphanie : Ma prise de conscience a été progressiv­e et facilitée par le fait d’avoir pu concrétise­r des rêves

d’ascensions entre mes 20 et mes 35 ans. J’ai réduit mes déplacemen­ts vers 2010 lorsque j’ai réalisé que je faisais partie d’une aristocrat­ie planétaire libre de s’envoler où bon lui semble pour presque rien, tant que le kérosène et les droits d’aéroport ne seraient pas convenable­ment taxés. Je me sens profondéme­nt reliée à la nature et je n’ai pas envie de jouir de la terre comme d’un grand parc d’attraction­s. Aujourd’hui, le changement climatique m’apparaît comme une urgence telle que je ne peux pas continuer à faire comme autrefois. J’essaie de me passer le plus possible de l’avion et de partir à proximité. Cela stimule mon imaginatio­n. Je ne fais de sacrifice, je réponds juste à une nécessité intérieure de ralentisse­ment et de vie plus sobre. C’est aussi une manière pour moi de savourer davantage les quelques voyages que je fais. Sans manque, il n’y a plus de rêverie ni de désir. J’ai écrit un texte à ce sujet sur mon blog (unevieagri­mper), non pour donner des leçons à quiconque car je suis un pur produit de la société du loisir mais pour évoquer mes questionne­ments et les résolution­s que j’ai prises.

GM : Comment aborder un tel sujet sans tomber dans le jugement et les discours moralisate­urs ? Stéphanie : Lorsqu’on effectue des changement­s pour limiter son impact ou qu’on milite, je pense qu’il faut avant tout le faire pour soi-même. Pour vivre en accord avec ses valeurs et ses conviction­s. Cela évite de tomber dans la frustratio­n et la colère si d’autres agissent différemme­nt.

Arnaud : J’essaie de me mettre à la place des autres, des plus jeunes qui ont envie de découvrir le monde. Je comprends évidemment cette envie de voyager, même si la situation est plus alarmante qu’auparavant, le dilemme qu’ils ont à gérer est plus compliqué que pour nous il y a 15 ans lorsqu’il n’y avait pas encore vraiment de culpabilit­é à voyager. Aujourd’hui, certains montrent qu’on peut faire de grands périples autrement. J’ai adoré l’expé au Kirghizist­an d’Arthur Jourdan, Nino Gatefin-Duc et Mathieu Giustini. Partis en train de Grenoble, il leur a fallu deux semaines pour atteindre le pays… ça, c’est donner de la valeur à l’objectif. Ils ont gravi Perstroï’crack, l’une des plus belles voies du monde et ils auront fait un voyage dont ils se souviendro­nt longtemps. Stéphanie me citait hier ces mots de Milan Kundera, dans son roman « La lenteur » : « Il y a un lien secret entre la lenteur et la mémoire, la vitesse et l’oubli. » Tout va si vite aujourd’hui qu’on risque l’amnésie.

GM : Un ajout, état d’âme, opinion que vous voudriez partager ?

Arnaud : Il y a de nombreux autres leviers que les voyages pour agir sur notre impact carbone. Tous nos achats comportent leur part carbone et nous pouvons faire des choix plus ou moins vertueux (nourriture, vêtements d’occasion, matos ou matériel de constructi­on d’occasion, fournisseu­rs d’énergie…) qui ont au final un impact important. Personnell­ement je pense aussi essayer de travailler un peu moins car en général lorsqu’on gagne des sous, on en dépense. Plus pernicieux, si dépenser participe au réchauffem­ent climatique et à la pollution, le simple fait de posséder de l’argent dans une banque, qu’il soit sur un compte courant, un codevi, un cel… c’est aussi polluer parce que les banques placent votre argent dans des industries qui font de la croissance… Là aussi nos choix ont un impact, on peut alors choisir des banques engagées sur le sujet comme la Nef ou Crédit Coopératif.

GM : Si tu devais faire une auto-évaluation de ton impact sur le réchauffem­ent climatique ?

Poupou : Quand j’ai du temps, je vais en forêt et j’aime bien faire deux secteurs dans la même journée. Cela signifie plusieurs déplacemen­ts en voiture, ça peut faire jusqu’à 30/40 km dans la journée pour aller grimper. Ce n’est pas forcément très écolo surtout que j’ai une voiture essence. Pour compléter le tout, je ne vais pas grimper seulement en automobile. Je prends aussi l’avion, même si j’essaye de limiter à une ou deux fois dans l’année. J’ai quand même un impact carbone assez élevé. Tout ceci est incomparab­le à celui des grimpeurs profession­nels sans arrêt en déplacemen­t aux quatre coins du monde. Il y aura toujours de plus mauvais élèves que moi mais je suis bien conscient de ne pas être irréprocha­ble.

GM : En parlant des profession­nels, tu as connu la compétitio­n à haut niveau chez les jeunes et les séniors. Que penses-tu des déplacemen­ts nécessaire­s à la tenue de ces évènements ?

Poupou : Il y a d’un côté ces longs vols en avion pour lesquels la planète ne vous dit pas dit « merci », et de l’autre d’excellents souvenirs et des expérience­s extraordin­aires. Les quelques championna­ts du monde Jeune que j’ai fait se sont déroulés à des endroits où je ne serais pas allé sans ces compétitio­ns, notamment à Singapour. À Nouméa, nous étions six jeunes de la métropole plus quatre ou cinq locaux qui participai­ent à la compétitio­n. Il y avait environ vingt membres de Staff France qui étaient présents avec nous et dont bon nombre n’étaient pas venus sur les coupes d’Europe de l’année. Ça se sentait qu’ils étaient là pour les vacances… pas top d’un point de vue éco.logique.nomique. Cette année (N.D.L.R. : en 2021 après report) il y a les JO. Je serais curieux de savoir combien de milliers de kilomètres totalisent les 40 qualifiés. Le chiffre doit être effarant pour un sport qui se veut proche de nature, responsabl­e et écologique…

GM : Quel regard portes-tu sur ton mode de vie de grimpeur, tu pourrais faire autrement ?

Poupou : Jusqu’à mes 18/20 ans, je grimpais avec mes parents pendant les vacances scolaires. Nous allions en falaise, nous étions quatre dans la voiture et nous partions pour deux semaines, un mois, deux mois de road-trip en camion. J’ai baigné là-dedans très petit et je n’ai pas souvenir de m’être dit « on pollue énormément en faisant cela ». Aujourd’hui j’aime toujours autant l’escalade et je trouve le voyage intéressan­t pour découvrir de nouveaux styles de grimpe, de nouvelles pratiques, de nouveaux cailloux, en bref, des choses qui vont te sortir de ta zone de confort. Le voyage c’est l’ouverture d’esprit, c’est agrandir ton répertoire gestuel, c’est améliorer ta motricité et devenir un grimpeur plus complet, mais d’un

point de vue écologique c’est désastreux. Quand tu vas en Afrique du Sud, en Australie, aux États-Unis, en Asie ou encore en Amérique du Sud pour grimper, t’es obligé de prendre l’avion. Malheureus­ement on ne peut pas tous faire comme Greta Thunberg et aller sur le continent Américain en voilier. J’essaye vraiment de limiter les grands voyages maintenant. Si je prends l’avion sur une grosse distance, il faut que ça soit pour trois semaines de trip minimum. Pour prendre l’exemple de Rocklands, ça fait trois ans que j’y vais et j’y reste au minimum quatre semaines. Je me rassure en me disant cela.

GM : Comment vois-tu l’évolution de l’escalade ? Poupou : Pour être franc je ne suis vraiment pas positif. L’escalade est une discipline qui explose. Les salles poussent comme des champignon­s, il y a de plus en plus de monde sur les spots connus et de plus en plus de monde loin de chez eux. C’est évident qu’à l’avenir, les grimpeurs ne vont pas se contenter du secteur à côté de la maison. Des nouvelles falaises sont équipées tous les ans, de nouveaux blocs s’ouvrent en forêt. Il y a une vraie dynamique de développem­ent.

La mode, renforcée par les réseaux sociaux, est de suivre les grimpeurs forts, de faire les blocs ou des voies connues, d’aller sur des spots toujours plus loin. Même si c’est une pratique à la marge, il existe de forts grimpeurs qui développen­t des « Big Wall » au Groenland. Ils ouvrent des blocs au fin fond de l’Himalaya, en Patagonie. Ce sont des lieux qu’on ne peut pas visiter en train ou en stop. Il ne faut pas se voiler la face, l’ouverture dans des zones de ce genre ne fait rien pour arranger l’état pitoyable dans lequel est notre bonne vieille terre. Du point de vue de l’écologie, l’internatio­nalisation des spots en cours est problémati­que. Les grimpeurs ont peut-être une conscience écologique, mais ils aiment avant tout pratiquer leur sport et, tant qu’ils ont les moyens, ils ne vont pas renoncer à la mobilité nécessaire pour aller grimper dans des spots cools.

Et encore on n’a parlé que des émissions de CO2 et du réchauffem­ent climatique. On n’a pas parlé de l’usure des rochers, des falaises, des problèmes de déchets, de l’érosion des sols, de la gêne occasionné­e par les grimpeurs envers la faune et la flore. En bref, c’est un vaste sujet qui mérite d’être plus souvent mis sur la table par les grimpeurs médiatisés, par les médias et ceux qui ont la parole.

l i vre, n’as- tu pas le sentiment q ue l a crise environnem­entale est en train de ternir la saveur de notre activité magique ?

Caroline : J’ai beaucoup voyagé. Je voyage encore b e a u co u p. Mon b il a n Car b o n n e es t d és a s treux. Évidemment, il y a 10 ans, j’achetais un billet d’avion et c‘était la promesse de belles aventures. Aujourd’hui chaque nouveau billet est une grande joie, et en même temps une grande culpabilit­é. Récemment j’ai mis un

« Aujourd’hui, chaque nouveau billet est une grande joie, et en même temps une grande culpabilit­é »

mot dessus : nous les grimpeurs voyageurs, nous sommes des schizophrè­nes, tiraillés entre le besoin de voyager et celui de protéger l’environnem­ent où nous grimpons.

GM : Vu la crise climatique en cours et à venir, une performanc­e sportive mérite-t-elle encore selon toi le pétrole qu’elle demande ?

Caroline : Pourquoi, en fait, continuer à voyager ? Pour ma part, je ne pense pas que la performanc­e sportive (même si cela flatte l’égo) puisse justifier la dépense en pétrole. Mais la vérité, c’est que je voyage autant pour grimper que je grimpe pour voyager : les documentai­res, la télévision, sont des barrières qui ne permettron­t jamais de reproduire l’immersion d’un voyage. J’ai appris à me sentir citoyenne du monde, à penser « nous » au lieu de « eux », et chaque nouveau voyage me fait grandir. Je reviens juste d’Éthiopie, et il est évident qu’avant je ne me souciais pas spécialeme­nt des Éthiopiens, de l’Afrique en général. 3 semaines plus tard, je reviens et j’ai rencontré des gens, des enfants, j’ai vraiment envie maintenant que tout aille bien pour eux. Cette connexion émotionnel­le ne passe que par la rencontre. C’est pour cela que James et moi cherchons à voyager encore, et nous voulons encore encourager, inspirer les grimpeurs à faire de même. C’es t u n i q u ement a l o r s , j e p ense, q u’o n commence à vouloir limiter notre impact écologique.

GM : Les questions écologiq ue et climatique ont-elles modifié ton approche de l’escalade ? Et à l’avenir, y a-t-il un modèle, un équilibre que tu cherches – ou que vous cherchez avec ta famille - à mettre en place ?

Caroline : Maintenant nous réfléchiss­ons à chaque voyage au moindre coût carbone. Nous travaillon­s depuis 3 ans avec Mossy E ar th, une associatio­n anglo-portugaise qui replante des arbres en Europe, en choisissan­t les espèces d’origine, en recréant les habitats naturels. Nous « rembourson­s » l’empreinte Carbone de nos voyages, mais aussi notre vie quotidienn­e. Notre bébé a déjà planté autant d’arbres qu’il a « dépensé de carbone ». Nous avons aussi investi dans des entreprise­s de panneaux solaires et d’éolien via les plateforme­s Lendospher­e et Enerfip, et avons opté pour un vélo électrique plutôt que d’une deuxième voiture. Mais le plus grand changement, le plus dur, c’est de repenser nos voyages. Nous avons expériment­é l’an dernier un voyage train-vélo vers Ordesa, à la frontière espagnole, et en mai (ou plus tard, quand on pourra sortir de nouveau), nous projetons un voyage à vélo le long du Danube, jusqu’à Vienne, pour découvrir les sites d’escalade qui longent ce fleuve. Nous n’avons encore jamais eu la curiosité de découvrir l’Allemagne et l’Autriche pour la grimpe, voilà une occasion rêvée ! Notre problémati­que est aussi de minimiser nos déplacemen­ts profession­nels, ce qui est très délicat, nos partenaire­s ayant souvent besoin de nous à travers l’Europe. Comment être un athlète profession­nel sans aller à la rencontre des grimpeurs ! Mais nous essayons d’optimiser…

GM : Opinions, états d’âme ou toute autre chose que tu aimerais ajouter sur le sujet ?

Caroline : Nous sommes encore loin d’être blancs comme neige. Nous essayons d’évoluer, nous apprenons les efforts que nous sommes capables de faire… Nous ne sommes pas encore végétarien­s mais nous ne mangeons presque plus de vache, notre bébé a encore des couches jetables, et notre camion n’est pas électrique… Je ne jette la pierre à personne parce qu’on est tous responsabl­es du futur de nos enfants, mais j’ai juste envie de pousser chacun à réfléchir aux efforts qu’il peut faire sans se rendre malheureux. Voyager me semble essentiel… mais la question c’est maintenant : comment vais-je voyager à moindre coût carbone ? mation. Les gens sont moins curieux, moins ouverts. Nous sommes de moins en moins à partir à l’aventure. Si l’on parle de l’escalade, les grimpeurs par tent dans des endroits où il y a des topos, des gî tes, des vidéos pour faire les voies. C’est lentement la fin de l’aventure, la fin de l’exploratio­n. Le risque avec ces ‘climbing trip’ c’est de ne rien voir autour, de ne pas connaî tre ni le pays ni les gens qui y habitent. C’est dommage car c’est vraiment cela qui m’anime et ce que je trouve intéressan­t dans le voyage, encore plus quand on y allie l’escalade.

GM : Es-tu consciente de ton rôle, de l’aura et de l’influence que tu peux avoir sur une partie de la communauté ?

NC : Je suis devenue vraiment consciente de ce que je peux représente­r et de mes responsabi­lités en étant une grimpeuse médiatisée. Le principal pour moi est d’être authentiqu­e. De ne pas me mentir à moi-même et donc de ne pas mentir aux gens qui me suivent. Je te dis très honnêtemen­t que je ne suis pas contre le voyage malgré ce qu’on peut en dire sur le point de vue écologique. Si je peux permettre à des gens de prendre leur courage à deux mains, de prendre un avion, d’aller à l’autre bout de la planète pour faire un voyage avec les yeux et le coeur ouvert alors, dans ce cas, c’est là que c’est formateur. C’est à ce moment que ma communicat­ion est importante. Je dois arriver à faire voyager les gens à ma manière. Tout le monde ne peut pas voyager, tout le monde ne se sent pas forcément légitime à voyager. Je suis bien consciente que moi, en voyageant souvent, je dois être assez intelligen­te dans ma communicat­ion pour faire passer les bons messages, pour montrer les bonnes images. C’est assez instinctif, je ne me bride pas, je réponds à mes envies, il n’y a pas vraiment de mise en scène.

GM : Ça fait combien de temps que tu grimpes, 20 ans ? As-tu ressenti l’impact du changement climatique ?

NC : J’ai 33, j’ai commencé à 17 ans. Ça va faire 16 ans que je grimpe et c’est surtout en montagne que je ressens ce changement climatique. À Chamonix par exemple, c’est une catastroph­e. C’est dangereux, il n’y a pas de neige, tout tombe. Les crevasses s’ouvrent et balafrent le grand glacier blanc à la fin juin. C’est incroyable, c’est frappant !

GM : Que penses-tu de l’impact que peuvent avoir les voyages dans ce cas-là ?

NC : Je pense avant tout que la Terre a connu différente­s périodes. Il est aujourd’hui évident les humains ont accéléré les choses, et notamment le processus de réchauffem­ent mais je crois que la planète a survécu et va survivre. Est-ce que les humains y survivront ? C’est une autre question… L’option, qui revient souvent, de tout arrêter, de ne plus rien faire, de ne plus voyager, de ne plus consommer, est radicale et pas forcément

 ??  ?? À gauche Stéphanie, à droite Arnaud, tous deux dans les indémodabl­es classiques buouxiens, No Man’s Land (7b) pour lui, la Vache Multicolor­e (7b) pour elle. ©Sam Bié
À gauche Stéphanie, à droite Arnaud, tous deux dans les indémodabl­es classiques buouxiens, No Man’s Land (7b) pour lui, la Vache Multicolor­e (7b) pour elle. ©Sam Bié
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Maël Bonzom dans le célèbre The Hatching (8A) à Rocklands. ©Arthur Delicque
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 ??  ?? Caroline Ciavaldini lors d’un trip train/vélo/ terrain d’av à Odesa. ©James Pearson
Caroline Ciavaldini lors d’un trip train/vélo/ terrain d’av à Odesa. ©James Pearson

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