Grimper

OUVRONS LES YEUX

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Marie Dorin, championne olympique de biathlon et montagnard­e à ses heures perdues, est aujourd’hui chargée par le Départemen­t de l’Isère de travailler sur les problémati­ques de cohabitati­on en milieu naturel, entre l’homme et les espèces sauvages, mais aussi entre les différente­s communauté­s qui fréquenten­t ces grands espaces. En douceur, elle nous invite à prendre conscience de tous ceux avec qui nous partageons notre magnif ique terrain de jeu.

C’est l’histoire d’un mec qui rêve de liberté. Une grandeur minérale et naturelle : une paroi abrupte de calcaire. 500 m à braver le vide, un combat entre lui et lui, ou entre lui et le rocher, ou entre lui et toute la communauté parce que lorsqu’il sera au sommet il fera partie des « Élus ».

Du coup ce mec se renseigne. Il lit les guides, étudie à la loupe les topos, les mouvements, les enchaîneme­nts. Et la nuit les volutes de ses songes récitent cette chorégraph­ie jusqu’au sommet.

Il s’entraîne dur, à la salle, en falaise, enchaînant les cotations tout l’été. Ce mois de septembre, il se sent prêt. Il réussit à motiver un pote de son niveau afin de gravir ensemble l’objet de convoitise. L’excitation qu’il ressent est contagieus­e et le pote se met également à partager ce rêve d’ascension. D’un commun accord avec eux-mêmes, ils décident que c’est pour ce week-end. Tout excités, samedi les réveille assis sur leur lit, le baudrier déjà enfilé, le sac prêt. Il fait beau. Ils partent. La route défile mais le ruban d’asphalte ne les intéresse pas, trop occupés à scruter les montagnes qui se rapprochen­t au fil des kilomètres. Un oeil au topo, hésitation, ça doit être là. Pas vraiment de parking mais un champ bordé de noyers. « Gare toi là, à côté des arbres ». Comme ça pas de risque de se faire embarquer le rétro ! S’amusent-ils en décrochant les ceintures. Lorsqu’ils sortent de la voiture, ça craque sous leurs pas. Chouette des noix ! Ils en ramassent quelques-unes en pensant au sommet. « La noix de la victoire ! ». Le sentier débute sur le GR. Au moins c’est simple, y’a plus qu’à suivre les marques. En pente douce, ils impriment à leurs silhouette­s une démarche chaloupée, bercée par les bruits de la forêt. D’un coup une grande forme surgit devant eux. Cédant à un réflexe primaire, ils se jettent dans un même mouvement hors du sentier pour laisser passer le vététiste débaroulan­t à tombeaux

 ??  ?? En bas : l’ombre d’un vautour au coucher du soleil. ©David Allemand
Page de droite : cette photo, tout comme cette course verdonesqu­e, aurait probableme­nt été moins savoureuse sans le vautour. ©Sam Bié
En bas : l’ombre d’un vautour au coucher du soleil. ©David Allemand Page de droite : cette photo, tout comme cette course verdonesqu­e, aurait probableme­nt été moins savoureuse sans le vautour. ©Sam Bié

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