Grimper

Au commenceme­nt : favoriser le développem­ent de l’escalade

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Dans les années 1980, la FFME, Fédération délégatair­e chargée par l’État de promouvoir l’escalade sous toutes ses formes, cherche à développer la pratique en équipant de nouvelles falaises. Le problème est que toute falaise se trouve sur un terrain qui appartient à quelqu’un : soit une propriété privée, soit un terrain communal ou domanial (donc à l’État, comme les terrains de l’ONF). S’ajoute parfois un statut de protection (Réserve naturelle, Parc national), mais cela n’a rien à voir avec la propriété foncière. En plus, le droit français est ainsi fait qu’un propriétai­re est tenu responsabl­e de ce qui peut arriver à autrui sur sa propriété. Cela s’appelle la « responsabi­lité sans faute » qui incombe au « gardien de la chose », le gardien étant le propriétai­re, et la chose (dans ce cas) la falaise. Un propriétai­re n’a donc a priori aucun intérêt à voir équiper une falaise située sur son terrain, puisque sa responsabi­lité est mise en cause quoi qu’il arrive, même s’il n’a fait aucune faute. Et même s’il n’était pas au courant.

À partir des années 1980 : apparition et multiplica­tion des « convention­s »

Comme solution à ce problème et permettre le développem­ent de l’escalade, la FFME a imaginé les « convention­s d’usage ». Signées entre le propriétai­re (privé ou public) et la FFME, elles permettaie­nt de transférer la « garde de la chose » à la FFME. En gros, la FFME acceptait d’être responsabl­e à la place du propriétai­re s’il arrivait quelque chose, et également de prendre en charge l’entretient et le suivi du site. Pendant trente ans, autour d’un millier convention­s ont été signées, sans aucune ombre au tableau. La FFME a ainsi permis un essor considérab­le de l’escalade grâce à la création de centaines de sites sur lesquels vous grimpez aujourd’hui.

Des falaises par centaines

En signant les convention­s, la FFME rendait possible l’accès à la falaise et la pratique de l’escalade sur le site concerné. Pour ce qui est de l’équipement des voies elles-mêmes, ce sont les comités territoria­ux de la FFME qu’il faut remercier. Nuance. Même si les comités sont estampillé­s FFME, il faut bien comprendre comment s’articule l’ensemble. Le siège de la FFME est à Paris. C’est un peu « la tête », qui décide des orientatio­ns politiques de la fédération. Les mains, ce sont les comités territoria­ux de la FFME, répartis sur tout le territoire national. Ils réalisent un phénoménal travail de terrain. Équipement, entretien des sites, mises aux normes, concertati­on avec toutes les instances impliquées, gestion des conflits, suivi administra­tif, fourniture de matériel pour l’ouverture de voies et le rééquipeme­nt : une oeuvre sans fin qui permet l’existence de tous les sites naturels d’escalade sur lesquels vous grimpez partout en France. Les comités territoria­ux de la FFME ne sont quasiment pas financés par le siège, et ils doivent chercher eux-mêmes leurs propres financemen­ts (auprès des Départemen­ts par exemple) pour leur fonctionne­ment et l’ensemble de leurs actions. Il y a une grande disparité au sein des comités pour ce qui est des moyens. Certains ont un salarié, d’autres pas. Tous travaillen­t énormément avec des bénévoles, à savoir des grimpeurs et équipeurs qui donnent de leur temps par passion pour l’activité. La FFME (siège) décide dans quelle direction va la fédération nationale, mais cela n’implique pas que les comités territoria­ux soient forcément toujours d’accord. Parfois, ils s’y opposent même carrément. C’est précisémen­t ce qui se produit actuelleme­nt.

Vous grimpez sur des falaises, équipées avec des points et des relais, aménagées et régulièrem­ent entretenue­s, et vous ne vous êtes jamais posé de question, à part où vous iriez grimper ce week-end et s’il allait faire beau… Aujourd’hui, vous lisez partout qu’un séisme bouleverse le monde de l’escalade, que certaines falaises ne seront plus accessible­s, que la FFME « dénonce les convention­s », et vous n’êtes pas sûr de bien comprendre… Voire, vous tombez des nues. Petite formation express sur THE sujet du moment.

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