GUEBERSCHWIHR
UN TOPO TOUT NEUF POUR LE BLOC EN ALSACE !
La sortie du topo, une occasion rêvée pour vous faire découvrir le bloc sur l’inimitable grès rose alsacien !
Enf in ! Enf in l’Alsace et la Moselle disposent d’un topo de bloc digne de ce nom ! Si l’initiative de l’ouvrage ne date pas d’hier, le projet n’aura abouti qu’en septembre 2019. L’évènement mérite bien un article pour marquer le coup. Quoi de mieux que les blocs de Gueberschwihr pour illustrer le propos ? !
Car la forêt de Gueberschwihr abrite des « petits » rochers bien connus des grimpeurs depuis maintenant plus de 40 ans. Et tout comme les voies des falaises de Gueb’, les blocs ont un sacré caractère. Au Nouveau Gueberschwihr, vous rencontrerez avant tout de la difficulté, alors qu’au Vieux vous ravirez surtout les enfants et les débutants. L’ensemble de ces deux sites vous accueilleront avec plus de 400 passages sur le beau grès alsacien.
Gueberschwihr, on en fait souvent toute une histoire… Et à raison ! Dans les années 70, les pionniers de l’escalade libre de la région que sont Jean-Pierre Minazzi, Feu Jean-François Hagenmuller et Serge Haffner, découvrent les falaises de Gueb’. Ils parcourent alors les itinéraires à la manière du clean-climbing ; sur coinceurs. Vous comprendrez pourquoi en observant les nombreuses fissures présentes çà et là sur les falaises des deux sites. Mais dans l’histoire de Gueb’, il n’y a pas que les voies. On oublie souvent que durant cette période d’ouvertures, l’équipe de libéristes explore également les petits blocs dispersés dans la forêt aux alentours des barres rocheuses du Vieux et du Nouveau Gueberschwihr. Ils y ouvrent des passages plutôt coriaces qui leur serviront d’entraînement pour leurs ascensions futures, à l’image d’un certain Fontainebleau pour les alpinistes parisiens.
Pour la première fois, un topo de bloc décrit l’intégralité des passages tracés sur ces rochers. Tentons donc de vous en donner ici un aperçu.
Le Vieux Gueberschwihr
Au Vieux, on se gare quasiment aux pieds des blocs ! C’est en effet juste au-dessus du parking que vous trouverez les premiers cailloux. Pour leur « aménagement », il faut remercier Olivier Aubel, grimpeur émérite devenu professeur de renom. Les rochers du Vieux Gueb’ présentent tantôt des galets, tantôt du grès bien compact. Les passages vont du bleu clair au blanc bien
tassé. Ah oui, j’oubliais, au Vieux il n’y a pas de cotation chiffrée. Du moins pas en apparence. Les ouvreurs y ont préféré un système de couleurs basé sur celui de Fontainebleau. Bien leur en a pris puisque vous pouvez, si vous le désirez, effectuer des circuits en suivant une couleur particulière. Les passages donc, vont du très simple (comprenez 2 ou 3), au difficile (6 ou 7). Du petit rocher de 1,50 m, au gros mastodonte de 3 à 7 m. Vous trouverez sur ces cailloux tous les styles de passages imaginables et même des tracés circulaires ; mention spéciale pour Tourne Couillon !
Au milieu de ce chaos de blocs, quelques noms vous interpelleront. À commencer par le bloc à Scheppler, qui porte le nom de ses ouvreurs : deux frères qui venaient avant tout grimper sur ce bloc (leurs carrières de grimpeurs se résumeraient-elles à ça ?..). Il figure sur ce beau caillou deux passages quasiment identiques qui diffèrent par la façon de prendre un mono-doigt. Main gauche vous êtes dans un 6C, main droite, vous vous attaquez à un 7B ! Vous êtes prévenus…
Il y a aussi le Pilier Hagen. En référence à Jean-François Hagenmuller, ce professeur de l’ENSA, photographe talentueux et grimpeur alsacien disparu trop tôt. Un pilier qui en fera frissonner plus d’un tant son exposition est évidente. Gare à la chute en contrebas !
Au milieu du chaos, vous trouverez aussi une falaise fragmentée. Des « tours » à flanc de colline très esthétiques. Elles peuvent se parcourir sans corde mais on y trouve par endroits quelques points à leurs sommets pour y placer des moulinettes. Une aubaine pour qui souhaite travailler son prochain solo.
Parmi ces itinéraires, se trouvent même des voies dont vous apprendrez les noms dans le topo Est’Calades du Haut-Rhin, dont la seconde édition est parue il y a quelques mois.
Vous passerez forcément devant Banzaï, 7C. Un bloc dont le nom n’est pas volé compte tenu de son exposition. Le passage a été ouvert par Pierre Bollinger en
2000 et n’aura été répété qu’une seule fois par Alexandre Keiling en 2019… Si la difficulté et l’exposition vous rebutent (ce qui peut se comprendre), vous pourrez lui préférer son voisin de gauche en 6C nommé Papy volant. Vous finirez sûrement votre journée à l’extrémité du site sur les derniers rochers du chaos. Leur entretien est dû à Luc Schicklin. Les blocs y sont nombreux, variés et très jolis !
Et si vous êtes encore affamés après votre session de bloc, ne vous arrêtez pas en si bon chemin et allez prendre votre dose de voies dans la carrière du Vieux Gueb’ (pour peu que vous ayez pensé à emmener votre matériel et votre topo Est’Calades).
Le Nouveau Gueberschwihr
Les blocs du Nouveau Gueb’ sont d’une tout autre trempe que ceux du Vieux. Les Bas-Rhinois ont toujours surnommé la carrière du Nouveau Gueb’ « La baignoire ». Il est certain que les blocs ont un peu hérité de cette caractéristique. Il reste que les itinéraires sont nombreux, très variés et de grande classe.
Vous trouverez des dalles, des légers dévers, des toits, des traversées, des trous, des règles, des jetés, des petits cailloux et d’énormes monolithes… La panoplie est complète et les blocs sont esthétiques.
Sur la Pierre d’Orthaz, vous comprendrez d’emblée que la réputation de Gueb’ n’est pas surfaite. Les microprises du fameux Pole position 7A (7C dans sa version assise) vous donneront bien du fil à retordre. Mais rassurez-vous ; vous pourrez probablement vous détendre ensuite dans le bloc à Traverser et sa belle traversée en 6A.
Vous redynamiserez certainement votre journée dans Hip-Hop et son beau jeté en 6B+ ! Profitez-en pour explorer Feel the bi, 7A sur le même rocher.
Direction ensuite vers Plat de pâtes, une belle traversée en 6C pour maintenir les lactiques à niveau, avant de finir au cimetière qui vous accueillera sur des règles et des trous, le tout dans un septième degré bien tassé. Ah
oui, j’oubliais à nouveau : les cotations du Nouveau Gueb’ sont sèches ! Le septième degré a mis beaucoup de temps avant d’être dépassé. Le niveau s’est donc tassé durant des années. Nous devons probablement ce phénomène à Pierre Bollinger qui a largement oeuvré à Gueberschwihr. Le site a été son jardin pendant longtemps. C’est là qu’il y a fait ses armes, et pas des moindres !
Pierre y a développé son jeu des éliminantes. Si celles-ci sont longtemps restées inconnues, elles sont maintenant accessibles grâce au topo qui vous proposera de flasher un QR Code vous dirigeant vers une page web dédiée au bloc. Il sera décrit en vidéo et parfois en photos. L’envolée biscuitée, Symbiose, Trous d’balles, Marche funèbre… autant d’itinéraires sur lesquels vous hallucinerez tant la difficulté peut être ubuesque !
Parmi les blocs immanquables il y a aussi la superbe météorite de La Valse, 7A. Le caillou est imposant et la ligne est superbe. Vous trouverez sur le même rocher la fameuse Déchirure en 8A. Encore un bloc ouvert par
Bollinge’ qui vous fera mal aux doigts !
Au registre des 8A teigneux, n’oubliez surtout pas Furious. Si des fois vous validez la version debout du bloc, n’hésitez pas à chercher les prises de départ de la version assise… Mais avant, allez vous échauffer du côté de Vacarme ou de Nintendo. Car vos doigts vous en voudront sûrement.
Le Jardin secret de Gueb’
Tout en bas de la pente du Nouveau Gueb’ se cache le secteur du Jardin Secret. Le rocher principal du secteur était en effet si bien caché qu’on a dû en découvrir le socle à la dynamite. Le résultat est absolument majestueux puisque c’est sur celui-ci que vous trouverez les blocs les plus hauts d’Alsace.
C’est sur ce rocher que Pierre a récemment ouvert le premier 8B d’Alsace : Hartmann. Un assemblage de deux itinéraires très durs : La Griffe 8A/A+, suivi de Lévitation 7C+. Un vaste programme vous est offert. D’autant plus que si l’on s’en tient au dire de Franck Andolfatto (un autre fort grimpeur local qui s’est exporté depuis), le 8B n’est à nouveau pas volé…
Rassurez-vous, vous ne trouverez pas que du dur au Jardin secret puisque quelques 7A et même du 6 sont au rendez-vous. N’oubliez surtout pas la visite des autres blocs en contrebas et notamment de Super glue qui propose de beaux profils.
Gueberschwihr est une visite incontournable pour qui fait du bloc en Alsace. Ne manquez surtout pas cette grosse étape dans votre périple, ainsi que celle du vignoble alsacien et de ses caves. Bonne dégustation !