INTERVIEW GAUTIER SUPPER
À CONTRE-COURANT
Qu’est devenu le champion depuis sa retraite inattendue des compétitions alors qu’il était au sommet de son art ? Réponse P70.
Qu’est-ce que c’est ? Regardez dans la salle ! C’est un oiseau ? C’est un avion ? Non, c’est SUPPER GAUTIER ! Plus rapide qu’une fusée, plus puissant qu’une locomotive, capable de voler de bac en bac sans jamais poser les pieds !
2015. L’année en OR. Gautier s’élance en dernier de la finale de la 2e étape de coupe du monde de difficulté devant le public de Briançon. Il vole sur les prises dans ce style qui lui est propre. Le public retient son souffle. Gautier se hisse avec aisance jusqu’au dernier tiers de la voie. Tout le monde commence à y croire et l’excitation devient palpable. Plus que deux prises… Plus qu’une prise… Ça y est, il a réussi l’exploit ! La foule est en délire ! 10 000 personnes se lèvent tel un seul homme pour acclamer Gautier qui exulte de bonheur de remporter sa première coupe du monde. Un moment magique et inoubliable dans une carrière ! Gautier signe ensuite sa plus belle saison avec une 2e place au général. Puis vient l’année 2016, où Gautier n’a qu’un objectif en tête, les championnats du monde de Bercy. Il y finira avec une belle et prometteuse 3e place, derrière Adam Ondra et Jakob Schubert, après une finale spectaculaire au niveau très relevé où Gautier, comme d’autres, sortira le « run de sa vie » ! L’année suivante, à la surprise générale, Gautier décide de mettre un terme à sa carrière de compétiteur suite à un différend avec la Fédération. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts et Gautier mène son petit bonhomme de chemin à Grenoble, son nouveau terrain de jeu. C’est là que nous l’avons rencontré.
LE TOURNANT
Après ta saison 2016 et ta belle 3e place aux championnats du monde de Bercy, tu disparais du circuit. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Cette fameuse question ! Pour faire simple, fin 2016, j’apprends que la Fédération décide de changer les entraîneurs en vue des JO et donc d’attacher Corentin (Corentin Le Goff, son coach et entraîneur des équipes de France de difficulté à l’époque, N.D.L.R.) à d’autres missions. Personnellement, je n’imaginais pas poursuivre les compétitions sans lui. Je me disais qu’on avait encore quelques années devant nous. Bien sûr, c’est long, on ne devient pas champion du monde ou champion olympique du jour au lendemain, et même si c’est un sport individuel, les personnes qui nous entourent sont vraiment importantes. J’ai donc simplement décidé que je n’étais pas prêt à faire cette concession pour rester en équipe de France. D’un coup, c’est tout ton cadre et tes habitudes qui changent, sans qu’on t’ait demandé ton avis. J’ai bien essayé de trouver une solution, mais c’est difficile de se battre tous les jours pour être le meilleur et de devoir aussi se battre pour faire entendre sa position. J’ai donc préféré arrêter là, pour garder le meilleur de toutes ces années de haut niveau.
Tu as éprouvé quel sentiment quand tu es parti ? Forcément, ça m’a laissé un goût amer. J’avais encore des envies, des rêves… Mais finalement, je n’aurais peut-être pas fait mieux les années suivantes, qui sait ? C’est plutôt de se retrouver sans rien du jour au lendemain qui est difficile à gérer quand on a fait ça une grande partie de sa vie. Parfois on ressent des injustices, sur le coup c’est très dur mais je pense que ça fait partie de l’expérience. Tout ça nous donne de la force et de la volonté pour la suite.
Tu n’as pas eu de regrets après coup ?
Ah non, aucun. J’avais vraiment une relation, avec mon entraîneur, avec l’équipe… On était une équipe soudée, pour moi ça représentait beaucoup. Pendant plus de 5 ans, l’équipe est restée à peu près la même. Tous les ans, on partait trois semaines en Asie, plus les autres compétitions et les stages, plus les 6 heures d’entraînement quotidien au pôle France… Je les voyais plus que ma famille ! Il y avait une vraie dynamique, une émulation, une vision. C’est ça qui me plaisait et c’est l’entraîneur qui donne ce ton, donc forcément quand il change alors que tout se passe bien, c’est un peu difficile à dépasser.
On sent que tu avais une relation forte avec ton coach.
Oui, avec Corentin, on a toujours eu un super feeling. C’était mon coach au quotidien sur la fin, mais c’était déjà l’entraîneur national de difficulté depuis des années donc on se voyait tout le temps, pendant les compétitions
et les stages. Quand je l’ai rencontré, je manquais un peu de rigueur. Un peu beaucoup même (rires) ! Et il a su me mettre un bon cadre, mais de la bonne manière et avec les bons mots. On a vécu des moments très forts, à célébrer mais aussi à tout remettre à plat quand ça n’a pas fonctionné. Avant lui, j’ai aussi eu des entraîneurs remarquables, et c’est important de le dire, car chacun a su apporter sa touche et son énergie pour m’aider à chaque étape de ma carrière. J’ai vraiment eu cette chance de trouver à chaque fois le bon entraîneur au bon moment. Que ce soit avec Christian Emprin à Val d’Isère à mes débuts, Philippe Collard à Chambéry… En tout cas avec Corentin, on est restés proches, et dès qu’on peut on va grimper ensemble ou on fait des soirées burger !
Tu n’as pas été déçu de devoir tirer un trait sur les JO ?
Non non. Déjà, le combiné, ça ne me motivait pas trop. Et puis je ne suis pas spécialement contre les Jeux Olympiques, mais il y a certaines choses qui me mettent mal à l’aise… Toutes ces dépenses, ça me paraîtrait plus juste qu’elles soient utilisées pour des causes qui aident les personnes, qui préservent l’environnement. Je sais que c’est un peu idéaliste, mais il faut bien commencer quelque part. Mon père est garde forestier et j’ai été élevé dans la montagne, dans le respect de la nature et de l’environnement. C’est quelque chose qui me tient énormément à coeur et la grande machine des JO ne correspond pas vraiment à mes valeurs. Après, je suis bien conscient qu’en tant que sportif ça doit être génial,
et probablement que si j’étais resté dans les compétitions, j’aurais essayé de me qualifier. J’ai des amis qui font les JO et ça a l’air d’être une sacrée expérience à vivre !
Qu’est-ce qui te déplaisait dans le format du combiné ? Je ne me voyais pas à Tokyo, en train de compter les points entre les disciplines, à me dire untel a fait ci, untel a fait ça… Tu passes plus de temps à compter qu’à grimper. On s’est tous entraînés toute notre vie dans une seule discipline, et je trouve que le combiné ne reflète pas forcément le talent de chacun, que ce soit en bloc, en vitesse ou en difficulté. En difficulté, il y a cette recherche de perfection. Réussir à sortir une voie avec une grimpe fluide, juste, la bonne lecture, le bon rythme sur une finale à un moment donné, avec un seul essai, à vue. C’est majestueux, je trouve. Quand j’étais tout petit, dans mon imaginaire, être le meilleur du monde c’était associé à une coupe du monde de difficulté. Tu gagnes une finale devant 10 000 personnes, avec tous tes potes dans le public, ta mère et ta soeur qui arrivent en pleurant… Même Manu Romain il a chialé à Briançon, encore plus que quand il faisait des compétitions. Il m’a dit : « C’est ma meilleure compète, et je l’ai même pas faite ! » (rires). C’était énorme. Moi, c’était ça mon rêve !
LA RECONSTRUCTION
Donc fin 2016, tu quittes le circuit pro. Comment as-tu vécu ce changement de vie ?
C’est sûr que ça m’a demandé un peu de temps pour m’en remettre ! Quand tu es sportif de haut niveau, ton année est pratiquement déjà toute tracée, de janvier jusqu’à décembre. Tu as tes entraînements, tes compétitions, tes objectifs… Je suivais ce rythme depuis toujours, et là, je me suis retrouvé complètement paumé. Et puis ce qui était dur, c’est que j’ai toujours aimé faire des compétitions. L’ambiance, le challenge! Alors j’avais toujours ce petit truc, est-ce que j’y reviens,
est-ce que j’y reviens pas… Ça te met dans un entre-deux, et au final tu ne prends aucune décision.
C’était un peu la déprime ?
Ah, totalement ! Je n’ai pas honte de le dire. C’est un peu tabou, la « retraite sportive », mais on voit de plus en plus d’athlètes qui sont transparents sur cette épreuve et sur les échecs auxquels on fait face. En plus, je venais d’être diplômé donc je n’avais plus de cours à suivre. Je me levais le matin et je me disais bon, je fais quoi ? J’allais au Labo par habitude (salle de bloc de Grenoble, N.D.L.R.), mais d’un coup je me demandais ce que je faisais là, pourquoi j’étais en train de forcer… Je n’avais plus d’objectif, plus la même logique de grimpe. Au même moment, j’ai perdu certains de mes sponsors alors que justement je pensais avoir enfin le temps de travailler vraiment avec eux. Du coup, j’en ai profité pour faire d’autres choses, passer plus de temps avec mes amis, ma famille, découvrir des falaises, faire des compétitions promotionnelles. À côté de ça, ma boîte se lançait bien et ça m’a bien aidé aussi. Je me disais : « OK, tout de suite t’as plus rien, mais regarde, t’as bien travaillé et maintenant tu peux voir les choses un peu plus loin. » Quand tu montes ta boîte, c’est à toi de créer ton propre chemin.
Tu pensais déjà à la suite avant d’être à la retraite ? Oui, aussi parce que j’aime bien développer des idées, des projets… Et puis de toute façon, en tant que sportifs de haut niveau, on est tous conscients qu’un jour ça va s’arrêter. Du coup, j’ai investi toutes mes primes de compétition dans une école de commerce pour suivre une bonne formation. J’ai choisi Grenoble École de Management car ils proposent des formations adaptées aux sportifs. C’est une école dont je partage les valeurs et je suis fier d’avoir été diplômé là-bas. Sur le circuit pro, certains grimpeurs ont besoin d’être dans l’escalade du matin au soir. Moi, pour me sentir équilibré, j’avais besoin de faire autre chose à côté, de me dire que j’assurais mon avenir, de voir d’autres personnes en dehors de l’escalade, d’avoir un côté « vie normale ».
Après ta “retraite”, tu en as profité pour te consacrer un peu plus à la falaise ?
Oui, en allant plus en falaise, j’ai redécouvert la grimpe que j’aime avec les copains, chacun son petit projet, on s’encourage… Et il y a toujours une bonne raison de boire un coup après, même si on n’a pas bougé dans son projet (rires) ! Je reprends le goût de la grimpe sans
pression. Avant, quand j’allais à la salle, je me disais est-ce que je suis bien, est-ce que j’ai des bonnes sensations… Alors que maintenant, juste je grimpe. Je m’amuse, je tente des mouvs. Ça m’a fait retrouver les sensations de quand j’étais petit !
Maintenant que tu as plus de temps, est-ce que tu as envie de te consacrer à des voies dures ? J’aime grimper et j’aime forcer, donc s’il y a une voie qui me plaît, carrément. Je suis à la retraite, mais je fais quand même encore des 8c des fois (rires) ! Pour l’instant, je n’ai pas encore trouvé de projets qui me plaisaient vraiment, ou alors ils sont trop loin. Mais c’est sûr que c’est aussi une super satisfaction de croiter un gros projet, alors je pense que ça va venir !
Tu t’es tourné aussi un peu vers la montagne ?
En fait, j’ai grandi en station de ski, et j’ai toujours eu envie de monter en haut de tous ces sommets. Et puis j’ai toujours pratiqué plein d’autres sports. Mais c’était un peu compliqué pendant les compétitions, je n’avais pas trop envie de faire un plat ventre en VTT la veille d’une coupe du monde. Maintenant, j’ai un ami super fort dans chaque sport : trail, ski alpinisme, vélo, cascade de glace… À chaque sortie, c’est un bon challenge ! Mais je me rattrape quand vient le tour de la séance de grimpe (rires) !
LA RECONVERSION
Et sur le plan professionnel, comment s’est passée ta reconversion ?
En 2017, j’ai passé mon Diplôme d’État pour devenir entraîneur d’escalade. J’avais déjà eu l’occasion de coacher et j’avais adoré ça. Voir les jeunes se poser des questions, les guider en me basant sur mon expérience pour qu’ils découvrent la solution par eux-mêmes comme on l’avait fait pour moi, j’avais trouvé ça génial ! Donc j’ai passé le DE, et après, le plus simple, c’est d’aller en club, mais il y a déjà beaucoup de choses qui sont faites et ça ne me convenait pas forcément. La solution a été de créer une association, et c’est dans cette dynamique que j’ai créé Krapat en Bretagne. « Krapat », ça veut dire « escalade » en breton !
Tu peux nous dire un mot sur cette asso et sa philosophie ?
En gros, j’ai une quinzaine de jeunes que je suis toute l’année. Je propose des stages et une aide à la planification pour leurs entraîneurs avec des exercices adaptés selon ce que j’observe sur les stages, avec le plus de personnalisation possible. Je suis là pour leur apporter mon expérience en tant que compétiteur, mais aussi en tant que grimpeur en général. Quand on a commencé, ils avaient du mal à assurer, et maintenant ils tapent des essais dans du 7a/7b. J’ai vraiment été surpris de leur progression sur 6 mois ! Ils ont une énergie phénoménale, je suis totalement épuisé après chaque stage (rires) ! Et pour ce qui est de la philosophie, les jeunes de Krapat, je les accompagne, quels que soient leurs choix. S’ils veulent faire de la falaise, ils font de la falaise, s’ils veulent faire de la compète, ils font de la compète, s’ils sont juste bien dans le groupe et qu’ils veulent grimper et s’amuser, c’est super aussi.
L’important, c’est qu’ils soient heureux. Les stages restent très exigeants avec quand même un objectif de compétition, mais j’essaye de leur transmettre une vision plus large de l’escalade. Pour moi, c’est important de leur apporter du contenu varié. Une fois, ils ont pu s’essayer à ouvrir des blocs, une autre fois j’ai emmené une des jeunes en grande voie en Belledonne… Et j’ai encore plein d’idées pour la suite !
Pourquoi ce choix de la Bretagne ?
Des rencontres avant tout, et puis j’ai découvert une région qui m’était inconnue, avec une autre ambiance. J’aime vraiment la mentalité des gens là-bas, il y a un aspect humain et simple que j’affectionne. J’aime bien qu’on échange, qu’on s’amuse, que ça reste ludique. Et en Bretagne, il y a vraiment une culture grimpe sympa. Les jeunes sont hyper motivés ! À peine tu as fini l’échauffement, tu tournes le dos deux secondes, ils sont déjà en train d’essayer les départs des voies que tu as ouvertes. C’est dingue, ils aiment vraiment ça. Alors forcément, je les cadre un peu, c’est important, mais en même temps j’adore, je suis fan !
Tu nous as aussi parlé de ta boîte. Tu peux nous en dire plus ?
J’ai créé ma première boîte pendant mes études de commerce, dans le domaine de la communication, et ça a vraiment été une super expérience. J’ai toujours adoré faire des photos, des vidéos, créer des sites web, faire des visuels… Je suis quelqu’un de créatif et de curieux, et aujourd’hui ça m’aide pas mal dans tout ce que je fais de maîtriser ces outils. Après ça, j’ai créé ma marque de magnésie, la « Supper Chalk », une magnésie 100 % naturelle. J’ai commencé à l’utiliser dans ma pratique personnelle, et puis je me suis dit que ça pourrait être chouette de la proposer à tous mes
amis grimpeurs. Je me suis bien éclaté à faire le packaging, le logo et tout ! J’ai aussi un partenariat avec le fabriquant de prises Agripp, avec qui j’ai élaboré une série de volumes en bois. J’ai rencontré Philippe (Philippe Ceulemans, créateur de la marque Agripp, N.D.L.R.) sur des coupes du monde en Belgique. C’est quelqu’un de remarquable et un vrai passionné d’escalade. Dès qu’on peut se voir et grimper ensemble, on le fait. Cette année, nos produits seront présents sur plusieurs championnats nationaux dans toute l’Europe, dont les championnats de France de bloc et de difficulté. J’en suis très fier et je le remercie !
On peut dire que tu es sur tous les fronts !
Je fais ce que j’aime et j’ai plein de projets en tête. Et ce qui me plaît par-dessus tout, c’est de les concrétiser. J’ai vraiment envie de participer à l’évolution de ce sport. C’est ce qui m’anime chaque jour, ce qui m’a fait vivre des moments incroyables, et aussi ce qui m’a aidé à voir la vie différemment après les compétitions. Si je peux apporter un petit quelque chose, ça me rend heureux. Par exemple, cet automne, je suis parti en Macédoine. C’est assez méconnu pour l’escalade et j’ai vraiment pris une claque. J’ai découvert des grimpeurs tout aussi passionnés que moi et on a vécu des super moments. C’est aussi ça, la récompense de mes résultats en compétition. C’est vraiment une chance que j’ai aujourd’hui qu’une ambassade de France m’appelle pour m’inviter sur un festival d’escalade à l’étranger. D’ailleurs, si la grimpe en Macédoine intéresse du monde, n’hésitez pas à me demander des informations sur les réseaux sociaux, je vous répondrai avec grand plaisir !
Est-ce que tu as d’autres projets à venir ?
Je fais de plus en plus d’ouvertures de voies et de blocs dans les salles, et j’adore ça. On passe toujours un super moment, on ouvre, on s’échange les blocs, on grimpe… C’est juste parfait. Et grosse nouvelle, je viens d’avoir une proposition pour partir pendant 5 mois en Chine coacher l’équipe nationale à Pékin ! Ça ne va pas être évident de combiner ça avec tout le reste, mais ça peut être une bonne expérience et me faire progresser en tant qu’entraîneur de voir d’autres athlètes, d’autres méthodes d’entraînement… Et puis c’est toujours stimulant de sortir de sa zone de confort !
Et comment tu imagines ton avenir à plus long terme ?
Bah, la baraque, les gosses, le chien. Non, je déconne ! J’en sais rien du tout en fait. C’est une bonne question… En tout cas, je vais continuer à développer mes compétences en entraînement. Une aventure mène souvent à une autre, et qui sait la Chine sera sûrement surprenante. Et ce qui est sûr, c’est que je veux continuer à partager ma passion de l’escalade avec les jeunes. Krapat, je l’ai vraiment créée sur le long terme. Ça prend du temps pour atteindre le top niveau. Je l’ai vu avec mon expérience, j’ai commencé les compètes à 5 ans, j’ai gagné ma première coupe du monde 20 ans après. Et aujourd’hui, c’est un peu ça le problème, on veut des champions tout de suite, mais ça ne marche pas comme ça. Et sinon, j’ai encore plein d’idées de volumes et autres produits à destination de l’escalade en salle. C’est vrai que j’adore les nouveaux concepts de salles, c’est très social, tu peux échanger et rencontrer des personnes qui grimpent pour la première fois et qui s’amusent tout autant. Et puis je vais sûrement continuer à m’énerver parce que j’ai encore passé 10 heures de suite devant l’ordinateur alors que je voulais faire un combo VTT/trail au-dessus de Grenoble (rires) !
J’imagine que tu vas continuer à grimper ?
C’est sûr, j’adore trop ça ! Que ce soit au labo après une journée de travail pour décompresser, en falaise, en montagne… J’aimerais bien retourner dans certains spots qui m’ont marqué pour renouer avec l’aventure du trip falaise ! C’est vrai que quand j’étais plus jeune, j’avais toujours des objectifs, court terme, long terme. Bac, Master, finales de coupes du monde… C’est marrant, quand tu as été dans cette logique-là pendant très longtemps, tu es formaté en quelque sorte, et le jour où ça s’arrête, tout s’écroule, et c’est à toi de retrouver un mode de fonctionnement. Il faut juste réapprendre à vivre par soi-même, simplement. Prendre le temps de s’écouter, parce que finalement on est les seuls à savoir ce qui nous plaît vraiment. La grimpe c’est top, le sport en général aussi, mais ce n’est pas tout pour moi. J’ai enfin pu partir en vacances en plein mois d’août ! Ça ne m’était jamais arrivé, c’est la pleine saison de coupes du monde d’habitude. Je peux aussi passer beaucoup plus de temps avec ma famille, on part en vacances ensemble, le tout sans penser à l’escalade, sans pression… Juste profiter, c’est bien aussi.