Grimper

MARTINA DEMMEL

NOUVELLE STAR DES FALAISES

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Elle était sortie de l’ombre il y a quelques semaines avec une stat affolante: 200 voies dans le 8 enchaînées en un an. En 2021, Martina Demmel, qui ne grimpe que depuis 4 ans, est passé à la vitesse supérieure. En quelques jours à Oliana, elle a multiplié les à vue de l’extrême, avec entre autres deux 8b et un 8b+ (Humildes Pa Casa), et a déjà enchaîné deux 8c+ dont un (Joe Blau) en trois petites montées alors que la voie fait valeur de référence dans la difficulté. Hallucinan­t ! Avant de donner la parole à la principale intéressée, mieux vaut vous prévenir qu’au moment ou vous lirez ces lignes, cette incroyable liste de croix se sera probableme­nt allongée pour venir mordre la barrière du 9e degré ! Grimper: À quoi ressemble ta semaine classique d’entraîneme­nt ? Es-tu grimpeuse pro ?

Martina : Pour être honnête, il n’y a pas de semaine d’entraîneme­nt type dans mon quotidien parce que je ne grimpe que sur le rocher, ce qui est pour moi le meilleur entraîneme­nt possible. Chaque semaine est ainsi complèteme­nt différente et ce qui décide principale­ment où et quand je grimpe sont la disponibil­ité de mes amis et la météo. Je ne me qualifiera­i pas de grimpeuse pro parce que je ne peux pas vivre de l’escalade et parce que j’aimerai avoir un autre job plus tard. Je pense en effet que c’est important pour garder la motivation par exemple en cas de blessure. Mais en ce moment je profite d’une (ou deux !) années sabbatique­s après avoir fini le lycée ce qui me permet de voyager un peu même si en ce moment ce n’est pas facile. Je n’en suis que plus reconnaiss­ante d’avoir la chance de passer du temps à Oliana, ce paradis de la grimpe espagnol. Je suis aussi membre de l’Équipe d’Allemagne depuis le début de l’année et j’ai hâte de participer à des compétitio­ns internatio­nales cette année. Mais cela veut aussi dire que je vais devoir m’entraîner sur le plastique pour gagner un peu en expérience. Heureuseme­nt, cela me sera aussi utile pour m’améliorer en falaise !

Grimper: Où habites-tu et sur quelles falaises grimpes-tu habituelle­ment ?

Martina : Je vis tout au sud de l’Allemagne dans un petit village situé environ une heure au sud de Munich. Le spot de grimpe le plus proche se trouve à 35 minutes de route et se nomme Kochel. J’adore y aller en rentrant de trip. J’ai bien dû y grimper 130 journées sur les 4 dernières années et j’y découvre à chaque fois de nouvelles pépites !

Grimper: Il semble que tu fasses principale­ment du à vue et du après travail rapide. Peux-tu nous expliquer ton approche et ta motivation ?

Martina : Ma véritable motivation est probableme­nt celle de ne pas avoir de style propre ni faiblesse particuliè­re, et de simplement essayer toutes les voies qui me donnent envie, que ce soit pour leur beauté ou leur histoire, et peu importe si ma petite taille (1,57 m) est un désavantag­e. D’ailleurs, en général, ça me motive encore plus ! La raison pour laquelle je grimpe dans plein de voies au lieu de me concentrer sur un projet extrême vient probableme­nt du fait que, lorsque j’arrive dans une nouvelle falaise, j’ai envie de me faire un avis d’ensemble en grimpant beaucoup de voies, en particulie­r les classiques quelle que soit leur difficulté.

Par rapport au après travail, j’ai l’impression que le flow est plus pur dans un à vue difficile parce que mon esprit est totalement concentré sur la recherche instantané­e de la meilleure méthode et du meilleur mouvement possible, et qu’il faut se tenir prêt à affronter un crux n’importe quand ! Le à vue, pour moi, c’est comme déballer un cadeau sans savoir quelle surprise il réserve !

Grimper: Quelle est la voie qui t’a coûté le plus d’essais ?

Martina : Cela remonte à l’hiver 2019, quand j’essayais deux classiques en 8a appelées “Conan the Relaxer” et “Roter Riss” qui m’ont demandé chacune une vingtaine d’essais. Depuis, je ne me suis pas lancée dans des projets aussi longs. Mais cela pourrait bien revenir, je suis peut-être prête à m’atteler à un vrai projet, on verra !

Grimper : Quelle est la voie de tes rêves, celle pour laquelle tu accepterai­s de faire un siège ?

Martina : C’est impossible à dire parce qu’il y a tellement de voies incroyable­s que j’aimerais faire partout dans le monde qu’il me faudrait probableme­nt plusieurs vies. Mais pour répondre à la question, ce doit être une voie qui m’inspire et me challenge à la fois physiqueme­nt et mentalemen­t ! Une belle ligne, sur du beau rocher, avec des mouvements intéressan­ts qu’il faut travailler beaucoup pour trouver une solution comme s’il s’agissait de problèmes à résoudre. En ajoutant à ça un beau paysage, on aurait le tableau parfait, et je suis certaine qu’il y a des milliers de voies qui répondent à tous ces critères. Il y en a déjà quelques-unes pas très loin de chez moi que j’ai déjà repérées et que je rêverais d’essayer.

Grimper : Y a-t-il des grimpeurs qui t’inspirent ?

Martina : Pour moi, chaque personne à quelque chose d’inspirant ou quelque chose à m’apprendre. Un bon ami m’a dit une fois : « Apprend de tout le monde mais ne suis personne. » Je dirais que cela répond assez bien à la question ! Pour parler des grimpeurs, il y en a bien sûr qui inspirent plus que d’autres, en particulie­r ceux qui sont forts mentalemen­t et ceux qui donnent l’impression de ne pas forcer et de voler sur le mur même quand ils sont à leur limite.

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