INITIALS BB
En 1968, Serge Gainsbourg peignait Brigitte Bardot en divinité dans une chanson rapidement devenue mythique : Initials BB. BB comme… Bombé Bleu ! Une fois cet artifice noté, le parallèle avec le Bombé Bleu est trop flagrant, trop facile pour ne pas être saisi. Car le fameux projet de Buoux ne partage pas avec la chanson seulement des initiales ; tout comme la femme devient déesse chez Gainsbourg, le Bombé Bleu, d’une simple voie, se métamorphose dans notre esprit en objet mythologique. Tout a commencé il y a exactement trente ans sous les coups de perfo de Marc Le Ménestrel. Ce dernier ne pouvait se douter que, trois décennies plus tard, cette ligne deviendrait un tel sujet de fascination (P36). Le Bombé Bleu est sans aucun doute la voie qui a été essayée par le plus grand nombre de grimpeurs sur la durée la plus longue. Telle une forteresse imprenable, pourtant, elle résiste et continue, avec toujours un peu plus de force à mesure que passent les années, d’attiser les fantasmes de la communauté. Cela ajouté à l’esthétique incroyable de sa ligne et de ses mouvements, il ne paraît pas cavalier de dire que nous avons affaire au défi, certainement pas le plus difficile, mais le plus prestigieux qui se propose aujourd’hui aux falaisistes. Qu’ils concernent des falaises, des figures de notre sport ou des voies comme le Bombé Bleu, ces histoires, ces mythes partagés ne sont en fait rien d’autre que le ciment qui unit les grimpeurs derrière leur intérêt commun pour l’escalade. Et après tout, quelle plus belle mission pour Grimper que celle de chanter cette mythologie pour, sans lui laisser prendre la moindre ride à l’épreuve des ans, la faire vivre, résister et se fortifier ?