ENTRAÎNEMENT
GRIMPER EN AUTODIDACTE
Après nous avoir exposé son approche de l’escalade et de l’entraînement, le mutant du bloc Antoine Girard donne quelques conseils pour construire son pan perso !
Vous y êtes désormais habitués, dans chaque numéro de Grimper, nous allons à la rencontre d’un grimpeur pour comprendre sa philosophie de l’entraînement et ses déclics de progression, de manière que vous, lecteurs et lectrices, puissiez trouver un peu d’inspiration pour construire votre équilibre de grimpeurs. Ce mois-ci, nous donnons la parole à Antoine Girard, récemment lauréat de son premier 8C bloc avec le départ assis de Longue Promesse, et connu pour avoir réussi à développer des qualités physiques hors norme.
Valoriser les petites réussites pour trouver la motivation de l’entraînement
« Je m’appelle Antoine Girard, j’ai 20 ans et je vis en Haute-Loire. Je suis actuellement en fin de DUT Mesures Physiques avec un cursus aménagé qui me permet de grimper un max tout en préparant mon avenir. C’est à l’âge de 7 ans, alors que j’habitais encore aux alentours de Lyon, que j’ai été confronté au cruel dilemme du : « quel sport choisir ? » Deux camps s’offraient à moi : le foot pour rejoindre la cause paternelle ou l’escalade pour me ranger au côté de ma mère. Le fait d’essayer les deux sports m’a permis de me faire ma propre idée sur la question et je me suis vite rendu compte que je n’étais pas un jeune espoir du football français. De l’autre côté avec de bons résultats sur les différentes compétions départementales, l’escalade se présentait comme être le sport qui m’était le plus adapté. C’est à mon
retour en Haute-Loire en 2009 que j’ai commencé à prendre mes premières calottes sur certaines compétitions départementales et plus particulièrement sur mes premières participations aux compétitions nationales et régionales. Une grosse remise en cause s’est alors installée jusqu’en 2015 et une 8e place aux Championnats de France minime qui m’a redonné espoir. Finalement j’étais capable de jouer avec les meilleurs Français en ne m’entraînant que deux heures par semaine, il pourrait être bénéfique de grimper un peu plus…
Le pan perso, un déclic J’ai alors profité de cet élan de confiance en moi pour
construire ma propre structure de grimpe qui est à ce jour connue sous le nom de LaMec. Mon entraînement d’alors était simple : je me contentais de grimper sur les blocs que j’inventais. Pour donner une idée de la fréquence, cela correspondait peut-être à quatre fois 2 heures de pan par semaine. Le tout était agrémenté de petites séances occasionnelles de muscu (en général orientées force max des bras et des doigts) et de no foot entremêlées de petites coordinations. Une grosse progression physique s’est alors fait ressentir, et s’est traduite par mes premiers 7C/7C+ bloc lors de mon premier trip à Bleau en 2017. C’est à partir de cette rencontre que j’ai commencé à arrêter la diff au profit d’une belle histoire d’amour avec le bloc (désolé mesdames). La découverte de nombreux sites de bloc s’est ensuivie (Magic Wood, Rocklands, Brione…) avec une envie toujours plus débordante d’enchaîner des lignes de plus en plus dures (8A et 8A+ en 2018, premiers 8B en 2019, premiers 8B+ en 2020 et premier 8C en 2021).
Faire ce que l’on aime pour progresser
Tous ces évènements m’ont permis de me faire ma propre vision de la varappe qui pour moi doit être essentiellement basée sur le plaisir. C’est au travers de tous ces moments de partage et de grimpe sans mauvaises ondes que je me sentais le plus heureux, je voulais donc cadrer ma progression en escalade dans un environnement similaire. Afin d’entretenir ce bon mood, mon entraînement est composé en grande partie de séances de grimpe libre qui me permettent de bosser le physique tout en maintenant un bon état d’esprit. Aujourd’hui, sur une semaine classique, je suis peut-être monté à six fois 3 heures (au lieu des quatre fois 2 heures d’il y a quelques années). Ce que j’entends par grimpe libre ce sont des séances au cours desquelles tous blocs créés sur le fil sont essayés par tous les grimpeurs présents. Les blocs les plus physiques sont souvent les plus prisés ce qui permet d’orienter notre inspiration vers de futures créations toujours plus puissantes qui permettent d’entretenir une bonne émulation entre tous les participants.
Compléter l’entraînement en sortant intelligemment de sa zone de confort
Bien entendu, ces nombreuses longues séances ne sont pas suffisantes et d’autres facteurs sont à prendre en compte. L’ajout de quelques séances de muscu et d’étirement est essentiel pour pouvoir atteindre vos objectifs dans les temps et fait donc partie intégrante de mon entraînement. Car une approche exclusivement basée sur le plaisir et sur ce que l’on aime faire a ses limites lorsque l’objectif gagne en ambition… Le fait de ne pas souvent sortir de sa zone de confort en grimpant dans des blocs avec peu de diversité (des blocs très souvent physiques) entraîne l’apparition de quelques lacunes technique. Des lacunes qui ne se font pas forcément ressentir en extérieur étant donné que vous aurez tendance à aller uniquement dans les blocs qui vous correspondent, mais qui feront une douloureuse apparition en compétition où les blocs vous sont imposés. Suivant l’objectif, à vous de voir comment combler ces déficits et quels exercices spécifiques mettre en place… Mais sortir de cette zone de confort dans laquelle vous êtes peut-être bien installé sera sûrement une étape obligatoire. En résumer, mon entraînement reste toujours fondé sur une base solide de ce que j’aime faire, à savoir des séances de bloc physiques avec des copains. Mais je fais l’effort de compléter avec de petites séances régulières de travail spécifique (exercices de muscu, blocs dans un style imposé etc.) pour ne pas perdre de vue le travail de mes points faibles et mettre toutes les chances de mon côté pour réussir mes objectifs ! Ceci n’est que m’a vision personnelle de la grimpe et ne constitue en aucun cas une vérité absolue. À vous de piocher ce que vous pourrez juger d’intéressant ! »