Grimper

CONSTRUIRE SON PAN PERSO

LES CONSEILS D’ANTOINE GIRARD

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Antoine Girard n’est pas seulement connu pour ses belles performanc­es en bloc naturel. Grâce au temple qu’il s’est confection­né chez lui, et qui répond au nom évocateur de LaMec, il incarne la culture du pan perso comme outil d’entraîneme­nt privilégié.

Salut Antoine, construire un pan perso, c’est compliqué?

Alors non il n’y a rien de compliqué dans le fait de vouloir construire son pan perso. Tous les matériaux sont disponible­s dans n’importe quel magasin de bricolage. Que ce soit pour la structure ou pour la fabricatio­n de prises/ volumes maison, tout y est. Il faut tout de même garder à l’esprit que construire son pan perso est un investisse­ment assez conséquent, donc à vous d’en juger la rentabilit­é suivant les contrainte­s de votre emploi du temps et la proximité des salles privées les plus proches. Selon moi, mieux vaut construire une structure assez conséquent­e dès le début plutôt de commencer par un petit bout de panneau, l’envie de l’agrandir et de l’améliorer sera dure à contenir par la suite. Si vous n’avez pas de gros moyens et pas beaucoup d’espace, un support de poutre accompagné de quelques agrès peut alors se présenter comme être la bonne solution : ce système vous permettra de bosser votre physique et il ne vous restera plus qu’à intercaler quelques séances de grimpe pour bosser les autres facettes de l’escalade.

Dans les grandes lignes, comment est-ce qu’il faut procéder pour construire son pan ?

Pour construire un pan il vous faut des plaques de contreplaq­ué (épaisseur 15 ou 18 mm de préférence), des chevrons pour l’armature et de la visserie pour solidarise­r le tout. Pour les chevrons, ne pas négliger la taille de ces derniers si vous voulez une structure qui ne bouge pas à chaque mouvement. Vous pouvez aussi remplacer le contreplaq­ué par de l’OSB, moins cher mais aussi moins solide. Mettre des inserts de prises derrière votre pan peut être une bonne idée si vous ne voulez pas transforme­r votre structure en vulgaire gruyère au bout d’une dizaine de rotations de prises. Ce type de visserie (insert et vis CHC) se trouve assez facilement sur internet, le site prises-escalade. fr sera en mesure de vous fournir tout ce dont vous avez besoin. La fixation des inserts peut se faire au sol ou une fois le pan monté. Vous pouvez les positionne­r de manière aléatoire ou cadré (tous les 10-20 cm) ; cela n’a pas vraiment d’importance. Le tout est de percer votre plaque le plus perpendicu­lairement possible afin de ne pas foirer votre insert au premier coup de vis. Il y a ensuite deux manières de monter son pan. La première consiste à positionne­r ses chevrons par terre

(mettez en un tous les 50 cm environ) et fixer les plaques de contreplaq­ué à même le sol. Une fois cela fait il ne vous reste plus qu’à lever la structure et à l’accrocher. Cette solution est plutôt appropriée aux petites structures peu lourdes qui vont être faciles à manipuler. La deuxième solution consiste à positionne­r vos chevrons directemen­t sur le support (poutre, mur…) et à venir ensuite visser les plaques de contreplaq­ué dessus à l’aide d’un système de poulies ou tout simplement avec l’assistance de quelques amis. Veillez à prévoir un ou deux serre-joints pour vous aider dans votre tâche. Cette solution sera plutôt adaptée à une structure plus lourde, et c’est celle-ci que nous avons donc choisie pour construire le pan de LaMec.

Un pan extérieur, bonne ou mauvaise idée ?

Pour ma part je pense que c’est une mauvaise idée à moins d’habiter à un endroit où le soleil est présent 360 jours par an… La motivation peut parfois être dure à trouver pour grimper seul donc si le pan est dehors dans le froid, il y a des grandes chances pour que votre panneau finisse à l’abandon. Essayez juste de le construire à un endroit bien aéré pour pouvoir tout de même profiter des beaux jours et par la même occasion éviter de l’intoxicati­on avec toute la magnésie/poussière envoyé dans l’air après chaque chute sur les tapis.

Des astuces, des erreurs à éviter ?

Tout d’abord, il faut savoir que, dans un pan, il ne faut pas se contenter de jeter les prises au hasard sur le mur pour obtenir quelque chose de bien. Tout doit être réfléchi depuis le choix des prises jusqu’à la dispositio­n de ces dernières. Suivant la taille de votre pan, choisissez des prises et volumes qui ne ressortent pas trop du mur car ce type de préhension crée des sortes de barrières qui condamnero­nt une grande partie des prises situées autour. Il est donc stratégiqu­e de commencer par visser vos volumes et grosses prises en premier : des volumes/ prises peu épais(ses) pour le milieu du pan et les gros(ses) volumes/prises sur les extrémités. Une fois cela fait, vissez le reste de vos prises en pensant à varier le type de préhension et en veillant à ce que chaque prise soit le plus utile possible. En plus de tout ça il faut toujours garder à l’esprit que c’est aussi la densité de prises qui fait la qualité du pan donc préférez une petite surface pleine de prises plutôt qu’une grande moins dense !

Quelles sont les caractéris­tiques du bon pan en matière de hauteur, d’inclinaiso­n et de forme ?

Dans tous les cas, privilégie­z la hauteur à la largeur, un pan de 3M de large par 4 m de haut peut déjà être un très bon début. Pour l’inclinaiso­n n’oubliez pas le principe fondamenta­l d’un pan qui est de travailler le physique, donc n’hésitez pas à incliner votre panneau. Une forte inclinaiso­n augmente aussi la distance à parcourir jusqu’au sommet, donc un bon pentu à 45° n’a quasiment que des avantages. Après c’est à vous d’adapter votre pan à vos besoins. Un diffeux qui fait des circuits de rési aura peut-être moins besoin de hauteur qu’un bloqueur, tout comme une personne qui apprécie le léger dévers ne penchera pas son pan à 45°. Privilégie­z aussi une structure pure sans facettes car un profil particulie­r qui peut paraître vraiment intéressan­t au début restreindr­a très vite la diversité de vos mouvements. Faire varier votre profil avec des volumes s’avère être la meilleure option.

Quel type de prises conseilles-tu ?

Pour éviter de vous ruiner en prises (l’addition est vite salée), vous pouvez fabriquer vos propres prises en bois. Il n’y a rien de très compliqué et c’est un travail très valorisant. Le travail consiste à poncer votre bois pour obtenir la forme désirée puis y ajouter une couche de grain par-dessus pour l’adhérence. Pour le ponçage, utilisez de préférence une meuleuse avec un disque tronçonneu­se monté dessus puis affiner avec un disque à lamelles. Pour le grain, commencez par délimiter la zone désirée au scotch puis passez une couche de colle à bois au pinceau et saupoudrer la zone de sable. Attendre que ça sèche et terminer par passer une couche de peinture très résistante au rouleau. Vous pouvez aussi acheter vos prises en lignes chez de nombreux constructe­urs. Toutefois, si vous ne voulez pas exploser votre budget, acheter des prises de second choix chez Cheeta (les contacter par mail) peut être un bon compromis.

Des conseils pour l’entraîneme­nt sur un pan perso ?

Favorisez les séances de groupe pour ne pas vous lasser et pour pouvoir grimper sur des blocs toujours plus variés (chaque nouvelle personne a sa propre vision du pan et saura trouver de nouveaux blocs en période de manque d’inspiratio­n). Les séances à LaMec sont essentiell­ement basées sur des séances de grimpe libre avec du travail de bloc dur pour pouvoir progresser physiqueme­nt. Après, c’est à vous d’être original pour casser la routine et faire de chaque séance une séance unique. Profitez de votre pan pour passer de bons moments de conviviali­té et surtout pensez à prendre du plaisir pour ne pas vous en lasser.

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