Grimper

SAINT JEANNET LA VIEILLE DAME DE L’ESCALADE ?

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En 1940, l’escalade arrive dans les Alpes-Maritimes. Durant la seconde guerre mondiale, alors que les occupants italiens interdiren­t l’accès aux zones frontalièr­es et la pratique de l’alpinisme, les plus fervents montagnard­s durent chercher une zone de repli… Qui ne fut autre que Saint Jeannet ! Ils prirent leurs habitudes au Baou, à la Source pour faire du bloc et plantèrent les premiers pitons de la grande face et des ressauts.

Lors de la libération, ils retournère­nt en montagne, bien entraînés ! Saint Jeannet fut délaissée et inexploité­e jusqu’en 1955, date qui balise le début d’une escalade nouvelle, avec des grimpeurs emblématiq­ues comme

Michel Dufranc, Guy Dufour, Jean Gounand. Peu nombreux, tous les grimpeurs se connaissai­ent. Jeannot (Jean Gounand) raconte encore : « À l’époque les cordées n’étaient pas échangiste­s comme aujourd’hui, Dupond grimpait toujours avec Durand ; les duos étaient établis, fixes, formaient une union, une cordée quoi ! Ça vient de la montagne »

L’esprit montagnard était prééminent : c’est en solo que la grimpeuse Jacqueline Malaussène grimpait La Malet, grande voie de 200 mètres… 3 fois par semaine dans les années 70. À la même époque, un rituel annuel était organisé entre tous les grimpeurs de Saint Jeannet et du Mercantour : « Le repas des Survivants ». Le principe est simple : se réunir entre rescapés de l’année,

manger ensemble dans un restaurant où on ne retournera plus jamais et se balancer dessus toutes sortes d’aliments collants et salissants au moment du dessert. Ces précurseur­s pratiquère­nt également l’escalade en jaune : Si un grimpeur passait sans clipper un piton, il le peignait de jaune. Si les suivants souhaitaie­nt grimper en jaune ils ne devaient pas les clipper non plus, voire en peindre d’autres. Ainsi on n’augmentait pas la difficulté, mais plutôt le danger et l’exposition.

Saint Jeannet, ce n’est pas vraiment la naissance du libre, on ne saurait comparer leur pratique et la nôtre. Ces pionniers y allaient pour retrouver la montagne, s’abreuver d’aventures. La performanc­e n’était pas un but en soi. Mais le libre s’y est bien sûr installé par la suite et aujourd’hui, l’indémodabl­e Saint Jeannet propose de nombreuses voies de grande qualité dans des niveaux abordables, un genre de temple pour grimpeurs de 5 et de 6.

Dans les années 60, Franck Ruggeri, qui passait régulièrem­ent par la Turbie, équipe les premières voies de La Loubière : le groupe des précurseur­s se scinde entre grimpeurs de l’Est et ceux de l’Ouest.

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 ??  ?? Deux points de vue et deux grimpeurs différents pour une même voie : Marc Salomon à gauche et Jean-Jacques “JJ” Poignant à droite dans “Pîqure d’insexe”, 6a+ aux formes incroyable­s à la Grotte du Péril Jaune à Saint Jeannet.
Deux points de vue et deux grimpeurs différents pour une même voie : Marc Salomon à gauche et Jean-Jacques “JJ” Poignant à droite dans “Pîqure d’insexe”, 6a+ aux formes incroyable­s à la Grotte du Péril Jaune à Saint Jeannet.
 ??  ?? En bas : Dominique Brulin dans “Ratagaz”, 6a+ à la Grotte du Péril Jaune.
Page de droite : Saint Jeannet encore avec à nouveau Dominique Brulin dans “Polux”, 6b au secteur de La Source.
En bas : Dominique Brulin dans “Ratagaz”, 6a+ à la Grotte du Péril Jaune. Page de droite : Saint Jeannet encore avec à nouveau Dominique Brulin dans “Polux”, 6b au secteur de La Source.
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