AVEC MOLLIE
Au début de cette histoire, bien avant qu’il ne songe à l’écrire, William Finnegan n’était pas un grimpeur. Grand reporter sur des terrains géopolitiques complexes, journaliste, futur prix Pulitzer, surfeur passionné, oui, mais pas grimpeur. L’escalade lui est pour ainsi dire tombée dessus à l’improviste, quand lui et sa compagne découvrent que leur fille Mollie grimpe.
Il s’embarque alors pour ce nouveau monde en la suivant - elle déjà confirmée, lui grimpeur débutant - dans sa progression et la découverte de son petit univers vertical, en même temps qu’elle grandit et avance dans la vie. Une chance pour nous qu’un aussi fin observateur du monde se prenne au jeu de la grimpe, de ses pratiques, de ses acteurs et de ses drôles de codes. La grimpe par William, c’est se rappeler ses premiers pas en escalade, avec ces règles nouvelles, cet étrange vocabulaire, des personnages hauts en couleurs, autant de détails que l’habitude ternit jusqu’à rendre invisible. Il nous rappelle que l’escalade, c’est quelque chose qui s’est construit : la succession harmonieuse des bloqueurs devant le pan, tout comme ces règles qui s’établissent en surf, quand vient une vague pour trop de prétendants. Notre auteur, plus qu’observateur, ne fait pas qu’assurer sagement Mollie et l’amener aux compétitions. Il se prend au jeu, et la suit des blocs de Central Park aux grandes voies mexicaines, en passant par quantité de salles, sans que l’on sache toujours à quel point il est moteur, et à quel point il se laisse porter par la vague initiée par sa fille.
« Avec Mollie » c’est retrouver ce goût de découverte de l’escalade, son odeur de magnésie, l’air piquant des falaises l’hiver, et se laisser raconter une attachante histoire entre une jeune fille et son père.