Grimper

PAUL JENFT

« VOIR L’AMBIANCE D’UNE FINALE ET ME FAIRE DE L’EXPÉRIENCE »

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La saison des Coupes du Monde a pris fin, les Championna­ts du Monde sont passés, et à l’heure du bilan, force est de constater que, cette année, la jeune garde française a répondu présent. Ils sont trois jeunes, plus précisémen­t, à avoir réussi à jouer les premiers rôles au plus haut niveau : Oriane Bertone et Mejdi Schalck en bloc, Paul Jenft en difficulté. Tous trois ont montré ce doute ils étaient capables en s’invitant en finale et même sur le podium pour les deux premiers, mais ils ont aussi pu s’apercevoir, notamment à Moscou lors des très difficiles Championna­ts du Monde, de l’exigence demandé par les compétitio­ns senior. Paul Jenft a bien voulu revenir avec nous sur cette saison épuisante. Grimper : Salut Paul, tu as participé à Moscou à tes premiers Championna­ts du Monde et tu finis 28e. Ça s’est passé comment ?

Paul Jenft : La compète elle-même était un peu compliquée. Je pensais initialeme­nt pouvoir aller au moins en demi. Mais en même temps, je savais que j’étais bien fatigué de la saison. C’était un peu mission impossible d’arriver vraiment en forme. En fait, je me suis fait avoir par toute la charge de la saison. Je ne pensais pas être qualifié sur tous le circuit des coupes du monde de difficulté. Sur ce plan-là, je me suis laissé surprendre, et je suis arrivé trop fatigué pour être à mon meilleur niveau. Et puis c’était mes premiers Championna­ts du Monde senior. L’un dans l’autre, je n’avais pas tant d’attente que ça. J’y suis un peu allé « comme ça », ce qui fait que je n’étais pas si déçu de me classer 28e.

Grimper : Deux finales, à Villars et Chamonix, lors de ta première saison de Coupe du Monde… Peux-tu nous raconter ces expérience­s ?

Paul : Pour Villars, comme c’était ma première Coupe senior, je suis vraiment arrivé sans pression. En plus, je ne devais même pas y participer initialeme­nt, et finalement je suis passé (tout juste) en finale. Je n’avais donc aucune attente au niveau de ma grimpe. J’avais surtout en tête de voir l’ambiance d’une finale et de me faire de l’expérience.

À Chamonix, c’était différent, c’était la seconde fois que je montais en finale et j’avais fait de bonnes demies en me qualifiant 3e. J’étais concentré, et je voulais mettre tout en place pour mettre mon meilleur essai. J’étais déjà très satisfait de ma compétitio­n, et ma place au classement de la finale m’importait assez peu. Je ne me suis donc mis aucune pression, et je me suis laissé grimper pour me faire plaisir tout en maximisant les chances de faire un bon essai. Le public français m’a bien soutenu, et si mon run n’était pas le meilleur de la saison, je me suis fait super plaisir quand même.

Grimper : Toi qui as l’habitude des compétitio­ns, tu as quand même changé de bain en passant des jeunes aux seniors puis en vivant tes premiers Championna­ts du Monde. Comment as-tu ressenti cela ?

Paul : Effectivem­ent, un Championna­t du Monde, c’est très différent d’une coupe du monde. À Moscou, tous les athlètes se sont préparés pour cet évènement. Tout le monde est en forme et tendu ! L’organisati­on aussi est beaucoup plus stricte, formelle. Niveau grimpe, c’est vraiment plus intéressan­t : ils ont mis les meilleurs ouvreurs, les meilleures prises. En fait, c’est simple, tout est au top niveau !

Grimper : Et avec l’équipe de France, comment ça s’est passé à Moscou ?

Paul : On était peu nombreux, seulement quatre pour la difficulté, parce que les critères de sélection étaient plus serrés. Ce qui fait une petite équipe. Donc moins d’ambiance, c’est sûr ; mais comme on s’est vu toute

la saison, ça permet aussi d’avoir des liens plus forts. On était entre nous. Et puis en termes de logistique, c’est plus facile à gérer. Comme on a tous été bloqué aux qualificat­ions en difficulté, toute l’équipe a pu être à fond derrière Salomé qui est allé jusqu’en finale !

Grimper : Quelles leçons as-tu tirées de cette expérience ?

Paul : En fait, j’ai assez vite pris du recul. Comme j’ai été éliminé rapidement, il n’y a pas grand-chose à en tirer. Sur la compétitio­n elle-même, je pense avoir plutôt bien réussi à me gérer. J’ai fait au mieux. Pendant les qualificat­ions, ça s’est mal passé dans une voie et beaucoup mieux dans l’autre. J’ai pris une zippette du talon dans la première, ce qui m’a tout de suite descendu entre 70e et 80e. C’était dur, mais j’ai réussi à me remobilise­r. Je ne me suis pas laissé dominer par l’échec ce qui est un bon point dans ma gestion. À propos de la saison en général, ma réflexion est plus mitigée. Je ne pouvais pas vraiment anticiper que je ferais autant de compétitio­ns. Je suis à la fois très content d’avoir pu autant concourir, et frustré de n’avoir pas su gérer l’ensemble. Je me suis fait engloutir par toutes les rencontres, et, à la fin, je n’avais vraiment plus le niveau de forme nécessaire. Mais bon… rien de dramatique !

Maintenant, je sais comment ça se passe et l’an prochain je pourrai mieux m’organiser. C’était une bonne saison de découverte. Il n’y a pas de raison que ça se passe moins bien l’année prochaine !

Grimper : Quels sont tes prochains objectifs ?

Paul : En termes de performanc­e, je n’ai pas tellement d’objectifs précis… En revanche, j’ai un plan d’attaque général : il faut que je sois plus régulier sur les Coupes du Monde, et que j’essaye de rentrer dans toutes les demi-finales. Revenir en finale serait la cerise sur le gâteau. Et puis, bien sûr, il y a Paris 2024 dans le viseur ! Cette perspectiv­e ne change pas fondamenta­lement mon entraîneme­nt car je me suis toujours entraîné pour bloc et difficulté. Mais, c’est sûr que j’ai bien les prochains JO en tête. À plus court terme, je compte aussi aller me mettre des projets en falaise. Jusqu’à décembre au moins, je vais pouvoir aller me faire plaisir et rattraper le temps perdu. Je suis allé à Céüse l’autre jour, et j’ai testé l’Étrange ivresse des lenteurs (9a+) enchaînée par Ondra et Megos. J’ai fait tous les mouvements, et puis on va voir ce que ça donne. Je ne fais pas de falaise pour devenir plus fort, mais en général ça s’intègre bien à mon entraîneme­nt, et me permet d’arriver en forme sur les saisons de compétitio­n. Les deux se complètent bien.

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 ?? ?? Paul Jenft, page de gauche en qualificat­ions, puis en finale à Chamonix où le Français a montré qu’il allait falloir compter avec sa personne dans les années à venir.
Paul Jenft, page de gauche en qualificat­ions, puis en finale à Chamonix où le Français a montré qu’il allait falloir compter avec sa personne dans les années à venir.
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