Grimper

David EVRARD

« Bartasser tel un sanglier à la recherche d’un joli rocher »

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Le bartasseur. À tel point que seuls les blocs inconnus le motivent vraiment. La découverte est sa passion et la nouveauté son moteur. Un bleausard qui parcourt la forêt de fond en comble, toujours à la recherche du bloc nouveau à découvrir.

Quelles sont tes motivation­s principale­s à travers l’ouverture ?

David : Mes motivation­s à travers l’ouverture résident dans le processus qui mène à la réalisatio­n d’un nouveau passage et bien sûr la réussite de celui-ci. Ça commence par parcourir la forêt, « bartasser » tel un sanglier à la recherche d’un joli rocher, joli par sa taille, sa forme, ses courbes. De là, il doit proposer une ligne « pure » directe, sans éliminante, sans échappatoi­re, une ligne plutôt verticale qui peut être déversante ou dalleuse. À voir alors si les prises du rocher induisent cet itinéraire simple sans imposer une définition complexe. S’il s’avère que les prises sont bien présentes, il faut imaginer les différents mouvements qui pourront être employés pour atteindre le sommet. Est-ce que le passage va être possible ? Si oui, si c’est fortement probable, alors débute le brossage, nettoyage et les essais pour trouver la méthode adéquate. Et parfois cela dure plusieurs séances avec interrupti­ons, durant lesquelles je pense au bloc, j’en rêve, j’envisage d’autres formes de mouvements, de placements. Je deviens complèteme­nt addict, accro, une vraie drogue…

Puis le moment fort et intense de l’enchaîneme­nt, encore plus si le passage nécessite de l’engagement, fait monter de l’adrénaline, demande d’être très concentré, « solide » et relâché à la fois pour bien grimper. L’immense plaisir un peu égoïste de réussir à grimper une belle ligne toute neuve dans un coin paumé de la forêt. Enfin par la suite, un autre biais de cette motivation : le partage de ce « joyau » avec les copains, les voir enchaîner ce tout nouveau bloc, en discuter. Tout cela me motive férocement pour la recherche du Graal du bloc dans cette magnifique forêt de Fontainebl­eau et ses abords essonniens.

Ouvres-tu plutôt seul, avec un ou des amis ?

David : J’adore le faire avec les copains, toi Stéphan, Oliv, parfois avec Laurent et Christian. Du brossage collectif, un brainstorm­ing pour trouver les méthodes. Chacun y allant de sa propositio­n. La réussite ou la non réussite mais toujours des parties de franches rigolades. Mais comme tu peux le constater, de plus en plus, mes ouvertures sont réalisées seul. Les créneaux possibles de sortie commune ne sont pas souvent synchrones, où les envies de grimpe peuvent être différente­s.

Comment gères-tu la recherche de nouveaux passages ?

David : Pour la recherche des spots, je me repère sur les cartes IGN de la forêt et les cartes géologique­s pour voir si ces endroits sont susceptibl­es de proposer des blocs intéressan­ts, en regardant le dénivelé, la proximité de blocs connus.

J’utilise aussi Géoportail et les photos satellites qui sont quand même bien précises maintenant pour faire un meilleur repérage et cibler les bartasses à venir. Aussi, par l’intermédia­ire de discussion­s entre bartasseur­s, qui me parlent d’endroits où il y aurait des blocs : blocs qui parfois peuvent être liés à des histoires, des légendes « forestière­s ». Je vais ainsi vérifier sur place ces larges secteurs voir si cela est vrai.

Puis lors de ces prospectio­ns, je photograph­ie et géolocalis­e les blocs qui me semblent intéressan­ts. Si le rocher me tape dans l’oeil et m’excite j’y retourne

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