Grimper

Olivier LEBRETON

« Ce petit moment où tu t’excites comme un enfant »

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Le puriste. Olivier enchaîne les blocs au top niveau depuis des lustres, et ses ouvertures font acte de signature. En général des lignes simples, pures et dures, une recherche du bloc parfait, une pratique exemplaire et qui dure !

Quelles sont tes motivation­s principale­s à travers l’ouverture ?

Olivier : Si je remonte à mes premiers coups de brosse métallique à Beauvais, il y a 30 ans (déjà !), je pense que l’idée principale est toujours la même : je suis sur un spot et je regarde si je peux y grimper. S’il y a déjà une flèche et que le bloc me plaît, je le grimpe, s’il n’y a pas de flèche et que le bloc me plaît, il va falloir le brosser avant de le grimper. C’est assez simple en fait ! Par la suite et assez logiquemen­t avec le niveau qui augmente, il y a eu forcément l’idée d’aller chercher des choses difficiles car à la fin des années 90/début 2000, il n’y avait pas beaucoup de blocs dans le 8. Je peux aussi te parler du plaisir qu’il y a d’être le premier à réaliser quelque chose, sachant que tu es dans la version la plus pure de l’escalade de bloc : tu dois imaginer que c’est possible, chercher des méthodes, tu n’as pas d’interféren­ce sociale type topo, cotation ou vidéo entre toi et le rocher. Tout ceci est très gratifiant car il y a ce petit moment où tu t’excites comme un enfant à faire des “essais mitraillet­te” pour chercher une méthode. Bref, tu grimpes pour la grimpe. Et je pourrais aussi rajouter une vision plus politique/sociologiq­ue : à savoir que si tu es un grimpeur local, que tu n’as pas forcément les moyens de voyager où ni même trop l’envie de t’agiter aux 4 coins de la France, eh bien l’ouverture et la découverte de nouveaux spots est un excellent moyen d’aventure. Je me suis toujours dit qu’une bonne semaine de bartasse au fin fond du 91 (Essonne), valait bien plus qu’une semaine à Rocklands le nez sur le topo et les yeux rivés sur son smartphone.

Ouvres-tu plutôt seul, avec un ou des amis ?

Olivier : Alors là, ça dépend des blocs et du moment. Si je me réfère à ma pratique actuelle, je dirais que j’ouvre de plus en plus souvent seul. Mais je partage volontiers des séances de découverte avec d’autres grimpeurs, comme David ou toi, principale­ment.

Comment gères-tu la recherche de nouveaux passages ?

Olivier : C’est variable. Cela va de l’indication d’un autre grimpeur à des bonnes randonnées dans des coins perdus. Disons que quand je suis dans une période bartasse, je vais avoir l’oeil un peu plus aiguisé que d’habitude. Mais je ne suis pas obnubilé par ne grimper que des nouveautés et je passe quand même la majorité de mon temps de grimpe sur des passages déjà réalisés. Je pense surtout que la recherche de nouveaux passages vient peut-être d’un rapport différent à la forêt qu’un « simple » grimpeur qui viendrait faire son circuit ou son 8a. J’ai clairement un rapport viscéral avec cette forêt, et je la fréquente certes pour grimper, mais j’ai aussi choisi d’y vivre et donc je la fréquente pour la marche, pour du vélo ou pour de l’exploratio­n juste pour aller voir un bout de caillou.

Des blocs que tu as ouverts, lequel se rapproche le plus de ce que tu recherches ?

Olivier : Je pourrai t’en citer un bon paquet, mais par simplicité, je vais te citer un des plus récents qui m’a marqué : L’Homme de Vitruve (8b). Tout simplement parce qu’il m’a bien fait voyager et qu’à chaque fois que j’y suis allé j’ai vraiment « tripé ». Je ne sais pas trop pourquoi car le bloc est dans un trou, en face nord et qu’il est rarement en condition. Mais sans doute que cette austétrès

rité rajoute ce petit supplément d’âme dont j’ai parfois besoin pour grimper. Pour l’anecdote j’ai un peu (trop) lutté pour finalement le réaliser pieds nus car il y a un changement de pied dans un trou que je n’arrivais pas à faire depuis le départ du bloc avec mes chaussons.

Quel serait le bloc que tu aurais aimé ouvrir, fait par un autre ou toujours projet ?

Olivier : Plutôt qu’un bloc je préfère citer David pour son « oeuvre » globale ainsi que sa capacité de brosseur qui lui permet de trouver des blocs assez fous du style « Sigma », que j’ai eu la chance de répéter au premier essai (après repérage à la corde) tant je n’avais pas envie de tester la chute malgré l’abondance de crash pads.

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Olivier au travail de “L’Homme de Vitruve” 8b qu’il ouvrira finalement pieds nus.

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