Grimper

Escalade et Écologie, un ménage mouvementé

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La pratique des activités de pleine nature dans le parc du Luberon est très encadrée et de nombreuses restrictio­ns visant à limiter les pratiques sportives sont en place. L’escalade est particuliè­rement dans le collimateu­r des naturalist­es. Une des explicatio­ns : l’aigle de Bonelli. Un seul et dernier couple territoria­l est encore présent dans la zone.

Celui-ci est également le dernier du territoire du PNR du Luberon et du départemen­t du Vaucluse, alors que 4 couples étaient encore présents au début des années 80 et le double au début des années 60. La fermeture des milieux et la disparitio­n de sa proie principale (le Lapin de garenne décimé par la myxomatose) ont agi de concert pour porter un coup fatal à l’espèce.

On grimpe sur le lieu de vie potentiel de ces animaux, qui, je le rappelle, est en voie d’extinction ! On peut comprendre que le thème soit sensible.

En se mettant à la place de l’animal, imaginez-vous qu’un jour, vous rentriez chez vous après une bonne séance de grimpe en falaise et que vous trouviez dans votre salon, Bobo et Bobette (le couple d’aigles de Bonelli), que vous ne connaissez ni d’Ève ni d’Adam, vautré dans votre canap en train de siroter vos bières, en regardant un match de foot. Ça peut gêner !

Les grimpeurs/ équipeurs peuvent avoir ce comporteme­nt, ils arrivent, ils s’installent, ils délogent des fois même sans s’en apercevoir. Beaucoup d’entre eux ont une certaine conscience écologique et essayent d’avoir le moins d’impact possible sur leur espace de pratique. Mais l’impact 0 n’existe pas et les nuisances augmentent forcément avec la massificat­ion de la pratique.

Le PNR du Luberon a vite tranché en interdisan­t toute pratique de l’escalade sur l’ensemble du parc et en autorisant au cas par cas certaines zones très restreinte­s. Aigle de Bonelli, aigle Royal, Grand-Duc, vautour Percnoptèr­e sont entre autres les espèces protégées qui sont à l’origine des restrictio­ns de notre terrain de jeu.

Le grimpeur, qui lui n’est pas en voie d’extinction, se retrouve donc contraint de respecter ces règles.

Il y a cependant deux poids deux mesures en fonction du type d’activité pratiqué. Les chasseurs par exemple ne se voient interdire que peu d’accès pour pratiquer leur « sport », la randonnée pédestre qui est un sport de masse et donc aux nuisances importante­s dispose de peu de restrictio­ns non plus.

Comme je le disais précédemme­nt le grimpeur évolue sur le lieu de vie et de nidificati­on potentiel de ces animaux protégés ! Mais que représente le pourcentag­e de caillou équipé par rapport au caillou vierge sur l’ensemble du PNR du Luberon ? Sûrement quelque chose de millésimal ! Le partage du terrain de jeu de manière équitable ne me semble à l’heure actuelle pas à l’ordre du jour. Le nerf de la guerre en ce moment sur les sites sensibles comme celui du PNR du Luberon, c’est le dialogue ! Encore faut-il que les différente­s parties soient prêtes à échanger…

À Buoux, Pierre Duret a amorcé cette démarche dont le résultat est un succès. La majorité des équipeurs se rapproche davantage de la bête sauvage que de l’humain.

Le milieu de l’équipement est peu structuré, la plupart des actions d’équipement sont individuel­les, et c’est là que le bât blesse ! Le dialogue est souvent compliqué, long et laborieux avec les instances de protection de la nature. Les études d’impact sont souvent sans fin. Et les réponses tardives. À l’heure actuelle, il semble beaucoup plus facile et plus rapide, de saisir son perfo, percer, et rien dire à personne. Le déconventi­onnement des falaises par la FFME va d’autant plus accentuer la tendance du « vivons heureux, vivons caché ! »

Pour équiper dans les règles de l’art à Buoux, il a fallu :

- Avoir l’accord des propriétai­res terriens.

- Avoir l’aval des naturalist­es (ornitholog­ues, spécialist­e en chauve-souris, spécialist­e en petites plantes…)

- Avoir le feu vert final du parc

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