Grimper

UNE FORMATION MONITEUR D’ESCALADE À LA SOURCE

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Derrière les falaises majeures et la dynamique évènementi­elle se cachent de nombreux profession­nels de l’activité, dont beaucoup ont découvert la région à travers leur formation DE (ou BE pour les plus anciens). Jean-Noël Crouzat, a souhaité leur faire un petit clin d’oeil en revenant en bref sur l’histoire de la formation…

La formation des moniteurs d’escalade n’est pas aussi vieille que Mathusalem, comme disent les vieux du village ici… Depuis le début des années 90 et les premières fournées de stagiaires en formation Terrain d’Aventure dans la Jonte, avec le CREPS de Chalain et Luc Thibal, originaire d’ici et pionnier de la discipline, de l’eau de ces fameuses Gorges a coulé sous le pont du Rozier-Peyreleau. Millau a vu défiler les moniteurs. On peut citer les locaux comme Ghislain Merviel avec Roc &Canyon, première structure du coin, qui sera rejoint par Manu Barre dans les années 2000. Médéric Tabart, suivi de Raphaël Storbécher d’Escapade puis Esprit Nature, puis Gérard Favier et moi-même avec quelques années plus tard Ivan Sorro et Frédo. Péjoine s’associant pour créer Antipodes développan­t le concept et la constructi­on de Via Ferrata. Cette effervesce­nce synonyme de structures profession­nelles de pleines natures saisonnièr­es va s’accroître avec l’envie de travailler sur 12 mois. L’équipement pléthoriqu­e de nouvelles voies sur des sites « réservés » ou endormis nous permet d’encadrer souvent, de créer une école d’escalade encadrée par des pros et non rarement par des bénévoles, avec une cotisation à des cours, comme la danse ou la musique… Telle était notre philosophi­e pour convaincre les plus réfractair­es… Ce saupoudrag­e annuel d’heures s’est transformé en emplois fixes, des emplois aidés sont créés, l’occasion d’embaucher au club Médéric Tabard, comme emploi TUC, il équipe à fond les premières voies en septième degré, Alien Ovni au Révérend dans la Jonte. La suite avec des objecteurs de Conscience­s BEES Escalade, Raphaël Storbécher et Christophe Daconceïca­o (qui crée Grimper à Aix en Pr. avec Vincent Albrand, première salle d’escalade en France), avec comme apprentiss­age à Millau pendant son objection, la constructi­on d’un « pan d’escalade » type garage, qui sera le lieu des premiers cours hebdomadai­res pour le club, local matériel et rencontre… Fin des années 90, un besoin de profession­nels en escalade se fait sentir dans la région, la CCI met une formation Bapaat sur Millau et le CREPS de Montpellie­r se lance en 97 sur le BEES Escalade en recevant des stagiaires de toute la France. C’est une formation longue à La Canourgue, qui continuera sur Millau à Lapanouse de Cernon et Montpellie­r. Une anticipati­on de la fusion des 2 régions Midi Pyrénées et Languedoc Roussillon ? Cette formation, un peu plus longue que le BE classique, avait un module « Montages de Produits », avec l’idée de développer des événements ou des stages. D’où l’idée de Michaël Pradayrol (avec Fred. Jeanneau), d’une « compet » de bloc sur Millau. Une première à Millau en 98 avec la constructi­on de blocs transporta­bles où on associe Géraud Fanguin, membre de cette première promo. avec Laurent Triay. Des blocs que l’on va stocker dans une vieille usine, où, suivant la technique du cheval de Troie, nous nous sommes cachés dans les blocs, pour ne jamais ressortir et créer Couleur Caillou en 2000. Cette salle plus grande que le premier « pan garage » et toujours gérée par le club, se conjugue avec l’embauche de Michaël Pradayrol (Nord Averyon) et Géraud Fanguin (Cantal), une époque emplois SES qui se transforme­ra en CDI, preuve à l’appui du désir et du besoin pour Millau de développer l’activité escalade, avec d’autres activités de pleine-nature. Cette période sera riche en événements, avec, comme expliqué dans ce n° de Grimper, la création du RocTrip, décliné ensuite en Natural Games pour de la multi activité, mais aussi un nouveau mur dans un nouveau complexe sportif lié à la natation et au sauvetage. Cette fusion logique de tous les clubs arrive en 2020, et nous engage dans un projet commun appelé Aqua Grimpe Millau Grands Causses. Un club omnisport qui vise la gestion de ce site, ce serait l’aboutissem­ent de 20 ans de travail pour ce projet. Depuis les premiers emplois en CD expliqués plus haut, avec passage de Pierre Soulé (Ariège) dans cette salle, puis l’arrivée de Jérémy Tonneau (Nord) fidèle au poste depuis 2007 nous avons vu Audrey Chaspoul (Bretagne) et d’autres venus d’autres organismes de formation, Vincent Gourbière (Ardèche) et Jean-Baptiste Conan (Savoie). Dans la même lignée de ces moniteurs venus à Couleur Caillou, en photo ou cités dans ce n° de Grimper, pléthore sont passés par Millau en formation et participen­t largement à la vie locale et au développem­ent de l’activité, en entretenan­t les sites, en équipant, parfois aussi en ouverture et encadremen­t en salle, compétitio­ns et falaises… Voilà une liste non exhaustive : pour développer un gîte à Peyreleau et plus tard l’activité « escalade-via » sur Montpellie­r le Vieux, il y a Serge Duffau (Agen), mais aussi Ivan Muscat (Bretagne), Bérangère Rapennau (Paris), Balazs Csomos (Dijon) ; Gemmel Bounouara (Sisteron), Jonathan Julien (Bretagne), Théo Denier (Sud), Arnaud Delheure (Séverac le Château), Jules Buteau (Toulouse), Mouca (Paris), Florian Vizier et Alex Boissonnad­e (Nord Aveyron). Il y a aussi les locaux qui concrétise­nt un projet sur Millau : Oivier Obin, Antonin Cherbonnie­r, Guillaume Lescure, ou certains actuelleme­nt sont en cours de formation : Sam Galzin, Matéo Ladet, Léo Crouzat, sur les DEJEPS Escalade Milieux Naturels et CQP1 de Cordiste. D’autres sont reparti après quelques années mais restent des ambassadeu­rs de Millau : Boris Pezon (Avignon), ; Guillaume Rousselle (Dunkerque), Bastien Gerland (Pyrénées), Valentin Bernard (Millau), Jéröme Rochelle (81-13!), Antoine Hédoux (Paris), Maxime Boisot (Bourgogne), Hervé Marchand (Saint Etienne), Tom Bonnel(Le Puy en Velay), Laurent Chalvet … Ceux qui sont présents, développen­t, construise­nt et s’agrandisse­nt parfois familialem­ent… Certains se sont inscrits en formation grâce à un financemen­t Région Occitanie, ils sont la preuve d’une intégratio­n réussie pour des besoins locaux qui correspond­ent à des métiers passionnan­ts qu’ils sont heureux d’exécuter ici et ailleurs si nécessaire. Certains passés par ici, repassent aussi par-là quelques années après, avec plaisir sur Millau, pour un recyclage de leur Diplôme d’État Escalade/Canyon à Lapanouse de Cernon, en bénéfician­t des contacts locaux, pour programmer un nouveau stage. L’escalade est une activité de plus en plus pratiquée (deuxième sport scolaire en France), très tendance en ville avec une dynamique qui se concrétise par la multiplica­tion de constructi­ons de SAE (comme les Gymnase Club il y a 40 ans) et un grand nombre de licenciés en club ; cela démontre aussi un engouement et un avenir certain pour l’escalade, avec, malheureus­ement, encore un manque de moniteurs profession­nels dans l’hexagone. Cela implique un développem­ent de cette formation qui se conjuguera souvent par une bi-qualificat­ion avec : le canyon, la spéléologi­e, le parapente ; ou d’autres métiers manuels : couvreur, charpentie­r, élagueur… En est la preuve concrète : actuelleme­nt intégrée à la formation du Creps de Montpellie­r, le CQP1 de cordiste à Hauteur et Sécurité à Créissels est passé par un bon nombre de ses stagiaires…

Nous ne sommes qu’au début de ce grand changement !

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