Quand le diktat de la beauté féminine freine ou booste les carrières…
S’il y a bien un débat à ouvrir sur les femmes et la professionnalisation dans le sport, c’est bien celui de l’importance démesurée du physique dans la visibilisation et donc la carrière des athlètes par rapport au pur critère de performance. En effet, la visibilité des grimpeuses passe par différents canaux : les médias, les réseaux sociaux, et la plupart du temps par le biais des photos. Les médias ont donc bien sûr leur part de responsabilité, en publiant en priorité des photos des “jolies filles”. Sur les réseaux sociaux, cela semble d’autant plus flagrant : Sasha DiGiulian a-t-elle quatre fois plus d’abonnées que les deux meilleures falaisistes du monde réunis, Angela Eiter et Laura Rogora, parce qu’elle est américaine, ou parce qu’elle correspond aux critères de beauté instaurés ? Dans de nombreux sports, des athlètes féminines témoignent que “Chez les hommes, la performance est davantage mise en avant. Chez les femmes, il faut se battre si l’on ne rentre pas dans les critères de beauté prédéfinis par la société”.
Les marques et les sponsors ne sont pas extérieurs à ce problème ! En effet, que valorisent-ils dans le choix des athlètes féminines avec qui ils travaillent : leurs performances, leur écho sur les réseaux ou un physique rentrant dans les clous des représentations sociales ? Sachant que la professionnalisation des athlètes passe par leur contrat avec les marques, le physique agit directement sur la capacité de vivre du sport ou non ; et le plus injuste étant que ce phénomène ne concerne presque que les femmes. D’ailleurs, la sexualisation du corps des athlètes féminines est loin d’être derrière nous, comme en témoignent les scandales réguliers dont est au centre l’IFSC, la fédération internationale. Par sexualisation, il faut entendre “la mise en avant de caractéristiques qui ne sont pas liées au sport à proprement parler, mais à des considérations esthétiques, voire sexuelles. Il s’agit de rendre la sportive conforme aux stéréotypes de genre liés à la femme”. Mettre en avant des femmes qui correspondent aux normes de la féminité et au morphotype associé (grande et élancée), pèse directement sur la confiance des autres, notamment des adolescentes, plus perméables. En effet, les représentations médiatiques influencent la façon dont on se perçoit et dont on s’identifie… ou pas ! D’ailleurs, vous seriez affolé.e.s du nombre de vos amies grimpeuses complexées d’avoir des bras ou des épaules trop musclées ou volumineuses !