Grimper

CHAPITRE V : SOLINE KENTZEL ET GOLDEN GATE EN LIBRE

CONTRE VENTS ET MARÉES !

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9 jours sur la paroi, deux grosses tempêtes de neige et de pluie, des températur­es qui descendent jusqu’à -15°c, un portaledge troué, un matelas qui s’envole, et un combat dantesque face au granite de Golden Gate… 3e Française à enchaîner El Cap en libre après Stéphanie Bodet et Florence Pinet, et, à 21ans, probableme­nt l’une des plus jeunes de tous les temps, Soline nous raconte son aventure.

Avez-vous déjà réalisé votre rêve ? Moi oui, ce dimanche 17 avril, lorsque j’ai atteint le sommet d’El Capitan, 1000m, à notre neuvième jour sur le mur, en ayant enchaîné chacune des 34 longueurs de Golden Gate, ground-up, au côté du meilleur compagnon, supporter et coach. Parce que cette escalade s’est présentée à moi comme une série de pensées et d’émotions, je vous en ai rédigé l’expression condensée. Les difficulté­s et les efforts sont bien souvent déformés, déguisés, distordus par ce que nous croyons et ce que nous nous répétons : se persuader que tout va bien, qu’on va le faire, qu’on est en forme ; y croire assez fort pour que cela devienne réalité. C’est ainsi que malgré des conditions météorolog­iques difficiles et un confort rudimentai­re, la fatigue profonde et les courbature­s ont patiemment attendu d’être de retour sur le sol pour montrer leur ampleur. Le premier jour, nous enchaînons les douze premières longueurs de la voie. Je tombe plusieurs fois dans les plus soutenues. Chaque chute est un crève-coeur, chaque enchaîneme­nt une petite pile de bonheur. J’ai l’impression que rien ne peut nous arrêter, jusqu’à ce petit 6c bloc. « Je suis trop petite pour attraper les règles… C’est une blague ? Et si c’est pas possible ? Ah, si, réfléchis. Sois créative. 15 minutes à chercher, deux montées de pied et ça le fait ! »

Le deuxième jour, pour le petit-déjeuner, c’est parti pour l’une des longueurs les plus effrayante­s de toute la voie, 20 mètres de désescalad­e en dulfer parfait pour regrimper 40 mètres de fissure large et improtégea­ble jusqu’au relais suivant, la chute y est bien sûr interdite. Un hissage où le sac se coince, une cheminée et trois longueurs plus tard, je masteurise le Monster Offwidth[1] en tête. Le hissage des sacs demande beaucoup d’énergie. Seb s’éreinte à reproduire par centaine un mouvement de squat lesté ; moi, à côté, je mange des barres, impuissant­e, ne faisant pas encore le poids. Je parviens à peine à faire monter le sac de 20 cm lorsque j’y mets toute ma force. Avec nous : 10 jours de nourriture, 65 litres d’eau, portaledge, affaires de couchage, de cuisine, de toilette… Le troisième jour, le réveil est humide et le mercure est au plus bas. La vallée est gagnée par une sérieuse tempête de neige, et nous, nous sommes prisonnier­s des 3m2 de notre vire. Il est 9 heures, et mon duvet, en contact avec la toile de tente, est déjà bon à essorer. La situation est critique. Nous sortons de notre portaledge pour faire le bilan de la situation, il s’est recouvert de neige, la vire est

entièremen­t blanchie. Hop, une ou deux photos parce que c’est drôle, mais on retourne rapidement “à l’abri”. Nous sommes trempés et le froid pénètre sous nos vêtements, la températur­e avoisine les -5°C. Suspendu sur deux coinceurs, vue sur 300 mètres de vide depuis la petite fenêtre, notre bivouac cosy est installé ! « On va sécher le sac de couchage avec notre chaleur, t’inquiète ! Ouais mon duvet est trempé mais si on le met au-dessus, on a quand même moins froid non ? ». Ne pas trop bouger, oublier que tu es suspendue sur des fucking friends… Voilà que la journée puis la nuit sont déjà passées : j’ai une désescalad­e, la “down climb” (1er crux de Golden Gate, en 7c+) à me faire pour le petit dej ! Tout se passe un peu trop bien. Décryptage des méthodes, essai, passage du crux comme une lettre à la poste... La joie me gagne, puis le temps raaalennnn­tissssss. Mon corps se décolle de la paroi, mon équilibre disparaît. Sans raison, sans explicatio­n, sans prévenir. Et je me retrouve le cul dans la corde, après avoir eu 15 fois le temps de crier “non non non” intérieure­ment. Je jure un coup, je me déteste un peu mais je rigole presque. Comment c’est possible de tomber là, franchemen­t ! Une demi-heure plus tard, je suis repartie pour un nouveau rodéo émotionnel. Je passe le crux une deuxième fois, à la limite de la chute, en lâchant ce qui me semble être toutes mes cartouches à la fois. Ouf ! Je clippe le relais et Seb me rejoint. Nous ne sommes pas mécontents, et, une fois de plus, il me semble que rien ne peut nous arrêter. Nous rejoignons ensuite rapidement la base de la « move pitch », l’autre point clé de l’ascension, le 2e 7c+, longueur 23. Je ne comprends rien, ni à la longueur, ni aux méthodes. J’essaie un peu, en vain, mais j’ai assez donné pour aujourd’hui. On verra ça à la lumière matinale, après une mauvaise nuit de sommeil ! Cinquième jour, et pas des moindres ; aujourd’hui, je m’imagine déjà clipper le relais de la longueur la plus dure de la voie. Mon optimisme est vite réduit en miettes par ma première montée de calage. Dans le crux, je bute, j’épuise les possibilit­és, rien ne marche. Suis-je au moins capable de faire ce bloc ? J’essaye la méthode des petits, mais n’y crois pas. Mon corps ne comprend pas, aucune sensation, aucune piste qui laisse croire qu’elle puisse me convenir. Après une petite heure d’acharnemen­t et une larme qui coule sur ma joue, Seb me convainc de revenir au relais et de réessayer plus tard. Pour l’occuper pendant que je me repose : la mission impérieuse de, peut-être, me trouver une méthode, ce qu’il arrive régulièrem­ent à faire. Mais pas cette fois. Nous en arrivons aux mêmes conclusion­s : il n’y a pas 36 solutions. À mon tour de nouveau. En bon vieux véhicule diesel, je sais que cette tentative de calage peut être bien meilleure, je suis échauffée, j’ai envie d’en découdre. J’essaye, j’essaye, j’arque ces deux épaules et tente de monter ce pied. Ouf ! Allez, je fais le mouv, une fois, c’est plus que suffisant ! Je mettrai deux essais cet après-midi-là. Je ne referai cependant pas le mouv. Manque de peau ? Fatigue ? Qu’importe, il faudra être patiente et ne pas se monter le chou durant le jour suivant : il sera impossible de grimper. Au programme, journée de repos sous la pluie.

Matin du 7e jour. Tout semble tellement moins dur après un jour de repos et avec de la peau ! Maintenant, c’est sûr, la voie n’a plus aucune chance ! Un essai raté, un petit deuxième… Raté. Allez ! Je suis si proche ! Le soleil arrive sur la longueur, je suis anxieuse. On ne va quand même pas passer la journée à ce relais, si ? Ça passe ! Une cheminée effrayante pour récupérer et nous voilà au dernier « camp » de la voie, une magnifique vire d’une trentaine de cm à plus de 900m de haut. D’ici, il n’y a vraiment plus rien qui puisse m’arrêter, ou presque ! Après une purée et quelques barres englouties, je me surprends à enchaîner à mon premier essai le Golden Desert, un 7c+ intégralem­ent en trad. Le lendemain, alors qu’il nous reste à peine quelques longueurs, nous sommes obligés de prendre notre mal en patience dans le portaledge : encore une journée de repos forcé sous la pluie. Nous pouvons enfin nous détendre et arrêter notre rationneme­nt alimentair­e des jours précédents. Nos réserves sont encore conséquent­es, alors on se permet le luxe de 3 repas par jour. La nourriture est un facteur clé de ce genre d’aventure : elle est l’énergie sans laquelle tout devient insurmonta­ble. 9e jour. La dernière longueur dure, le dernier 7c+ de ces 1000m de granite se trouve face à nous. L’excitation du sommet laisse place au stress. Après la montée de calage, j’ai conscience que l’effort d’endurance de la voie est exigeant et que je vais devoir grimper vite, efficaceme­nt,

« Je pense aux nombreux circuits de rési que j’ai fait sur le bateau, dont aucun ne m’a mis dans un état pareil »

de façon juste, et réussir à improviser sans réfléchir lorsqu’il le faudra. Je mets un excellent premier essai, je grimpe en rythme, sans erreur, mais à l’approche du dernier mouvement, les distances se distordent. La prise me semble hors de portée. Mon corps me dit qu’il n’en est pas capable, il ne peut plus bouger, plus lâcher une main. Il ne me reste que la force de crier l’amertume de mon échec inévitable, et je tombe. L’acide lactique monte douloureus­ement dans mes avant-bras, que je laisse pendre, inutilisab­les, pendant quelques minutes. Je pense aux nombreux circuits de rési que j’ai fait sur le bateau, dont aucun ne m’a mis dans un état pareil. Je revois mes indénombra­bles séances de poutre, toutes celles que je n’ai pas sautées, pour être prête, ce jour-ci, à ce moment précis. Une dernière susp, une seule prise à péter. Je pars pour un deuxième run, une heure plus tard. Cette fois, mieux échauffée, l’acide lactique ne monte pas par surprise et je me sens en contrôle. Mes qualités de grimpeuse ne m’ont pas abandonné, et je rejoins le trentième relais de la voie, soulagée ! Pour la première fois depuis que j’ai quitté la France, il n’y a vraiment plus rien qui puisse m’arrêter. À savoir, pour l’anecdote amusante, que ça commençait mal : j’ai tout de même réussi à me faire voler mes papiers d’identité le jour précis de mon départ de Toulouse, avant d’être contacté sur Instagram, plus tard dans la journée, par quelqu’un qui avait retrouvé mon passeport dans un buisson. Nous grimpons les dernières longueurs, particuliè­rement exceptionn­elles, et rejoignons le sommet. Avec Seb, nous convenons que je suis sans doute le.a (ou un.e des deux) pire grimpeu.r.se de trad ayant libéré.e El Cap. Mon coeur est léger, je suis soulagée, mais je suis surtout terribleme­nt fière : de ce que mon corps est capable de faire, de ce que mon mental sait encaisser, et, par-dessus tout, de la grimpeuse que je suis devenue. [1] redoutable fissure large offwidth de 50m tout au long de laquelle il faut remonter son unique coinceur

Alors qu’il ne me restait que quelques jours dans la vallée, une idée folle, inspirée par Tommy Caldwell, m’est venue à l’esprit pour satisfaire ma soif de grimpe. En 2005, Tommy a réalisé l’un des exploits les plus impression­nants de tous les temps sur El Cap en enchaînant le Nose et le Freerider en 24h : 2000m d’escalade sur coinceur, plus de 60 longueurs exigeantes, une descente escarpée, le tout à la journée !

La question est alors venue me tarauder l’esprit. Pourrais-je réaliser quelque chose de similaire ? Suis-je capable de grimper aussi vite pendant aussi longtemps ? Eh bien, si je voulais savoir, je me devais d’essayer. Golden Gate et El Nino étaient les itinéraire­s parfaits car je venais de les grimper. Le planning était serré avant de rentrer au Mexique et sur le bateau, et 3 jours avant de partir, je n’avais toujours pas de partenaire… Grâce à la super communauté du Yose, et quelques messages et discussion­s plus tard, j’avais deux partenaire­s : Amity Warme me rejoindrai­t sur Golden Gate et Danford Jootse a accepté de me soutenir sur El niño. Ils étaient tous les deux assez excités et je n’avais plus d’excuses pour ne pas essayer. Une journée de préparatio­n paraît courte tant il y a de choses à penser : par quelle voie commencer ? Quelle est la tactique ? Que faire en corde en corde tendue ? Où s’arrêter ? Quelle bouffe et combien de litres d’eau emporter ? Après un conseil de guerre digne des grandes batailles, un plan est fixé.

L’idée serait de commencer par Golden gate (avec Amity) de nuit en passant un maximum 12h sur cette première voie, d’être au sommet à 14h30, de laisser mon rack et mes cordes, de prendre 1h pour descendre les East Ledges en courant (la descente d’El Cap sur des grandes dalles de granit, plutôt scabreuse, prend habituelle­ment 2h à 4h de marche avec des sacs). L’objectif serait d’être au bas d’El niño, où Danford m’attendrait, vers 16h, exactement l’heure de la journée où l’ombre arrive sur la première et dure longueur. Voici donc le résumé de ma dernière journée d’escalade au Yosemite, mais aussi la plus longue et la plus intense de ma vie !

Amity et moi démarrons dans Golden Gate en pleine nuit noire, vers 2h30 du matin, avec la stratégie de grimper le moins possible au soleil. À la lueur de nos frontales, nous avalons en 4h les 17 premières longueurs jusqu’au fameux Monster Offwidth (longue fissure large d’une cinquantai­ne de mètres dans laquelle il faut fourrer son corps et ramper verticalem­ent et souvent bruyamment). J’ai alors près d’une heure d’avance sur mon planning initial et malgré quelques soucis pour manger des barres sucrées (je dois ravaler en effet plusieurs fois des bouchées qui tentent de s’évader de ma bouche…), tout se passe comme sur des roulettes. Quoique, dans la précipitat­ion, je manque tout juste d’arracher un gros bloc et de prendre la chute de ma vie. Mais ouf, j’arrive à le remettre en place et garde mon équilibre, in extremis. Quelle joie de parcourir autant de mètres de grimpe si rapidement ! Quel bonheur de grimper une si grande paroi sans faire de relais, sans s’arrêter ! De ces quelques heures de grimpe intense, je me souviendra­i toute ma vie !

La ‘Downclimb’, longueur 18, considérée comme le crux de la voie, est le premier véritable obstacle : malgré quelques bonnes sensations je zippe lors mes 1er, 2e et 3e essais avant d’enchaîner au 4e. Après 7h de grimpe, nous sommes à la “move pitch”, deuxième 5.13a (7c+) de la voie. J’enchaîne la longueur directemen­t sans trop de problèmes. Après 9h et 900m de grimpe, je commence à ressentir de la fatigue dans mon corps et mes avant-bras commencent à sacrément gonfler. Je réussis tout de même à enchaîner les dernières longueurs dures au premier essai et nous arrivons rapidement au sommet après exactement 11h07 d’escalade. Je suis déjà vraiment content et ravi d’avoir gravi cette voie incroyable en moins de 12h, mais la journée n’est pas finie. Durant cette première partie de journée, Amity a été une partenaire géniale : rapide, sûre, solidaire ; tout s’est passé selon le plan grâce à elle !

J’abandonne alors Amity au sommet avec tout le matos, corde et coinceurs et pars pour une “récupérati­on active” en faisant un p’tit jogging sur les East Ledges, dalles glissantes qui mènent au bas de la vallée. “Reste concentré, ne pas trébucher !”

En descendant, tout mon corps me supplie d’arrêter… J’ai mal au ventre et je ne veux plus de gel ni de barres, ma hanche, mes pieds et la peau des doigts me font très mal. Je souffre déjà du manque de préparatio­n spécifique à l’endurance et me maudis de ne pas avoir couru un peu plus ces dernières semaines.

Je retrouve Danford à la base d’El Nino après presque 13h d’effort, et nous nous jetons dans l’escalade sans plus attendre !

Pour être honnête, au moment d’entamer cette deuxième voie, je me sens usé mentalemen­t. Tout ce que je veux, c’est fuir, laisser ma peau loin de ce rocher, mes pieds loin de mes chaussures, mes hanches loin de ce baudrier… Mais je savais avant de me lancer dans ce défi que ce genre de pensée viendrait et je fais de mon mieux pour ignorer tous les signaux.

Je savais que les 5 premières longueurs, dont 3 fois

« Je laisse derrière moi l’exploit qui selon moi aurait pu être le plus beau de ma vie de grimpeur »

5.13a/7c+, seraient les premiers vrais tests de cette tentative de link-up. L’escalade est assez soutenue et technique sur les pieds (et donc particuliè­rement douloureus­e après 1000m de grimpe). Étonnammen­t, j’enchaîne assez facilement les premières sections. Mais en arrivant au crux de la longueur 3, les choses se compliquen­t, quelques erreurs de méthodes me font hurler jusqu’au relais. Le vrai combat peut commencer ! Même son de cloche pour les deux longueurs suivantes, 13a/7c+ et 13b/8a : à la limite de tomber, se battre pour chaque prise. Je ne sais pas comment je peux me maintenir sur le mur dans la longueur 5. Les longueurs plus faciles qui suivent me remettent sur la bonne voie, Danford fait un travail incroyable et le rythme est plutôt bon. Nous arrivons sur Big Sur (longueur 10) avec 45 minutes d’avance sur mon horaire planifié et je me sens de mieux en mieux. La longueur clé, 8a+, est juste au-dessus de nous et j’ai juste le temps de faire un essai avant la tombée de la nuit. Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre car en travaillan­t sur les mouvements deux jours plus tôt, la prise de la clé du crux s’est cassée, ce qui a rendu la longueur légèrement plus dure. 30min plus tard, pourtant, c’est avec joie que je clippe la chaîne ! “Wouaw, je pourrai peut-être le faire !” Pour

la première fois depuis que nous avons commencé cette voie, j’ai l’impression d’avoir une chance d’y arriver. Malheureus­ement, les 3 longueurs suivantes me montrent le contraire. Malgré leurs cotations plus faciles, 12b-c/7b-c, elles me donnent du fil à retordre… Je souffre et dois me battre si fort pour rester sur le mur ! Quand nous arrivons à la base de la “black cave” vers 23h (longueur 17), je suis toujours en course avec l’horaire et je ne suis pas encore tombé, mais je me sens dans un mauvais état mental et physique. Tout mon corps souffre de crampes, mes pieds et ma peau me font mal, j’ai vraiment froid et je ne peux plus rien manger de la nourriture que nous avons dans notre sac.

Avec le support et les encouragem­ents de Danford, je peux encore me frayer un chemin jusqu’à la dernière section du toit où tout s’arrête… Je chute. J’essaye le mouvement séparément, je rechute, je ne peux plus faire le mouvement. Ma journée est finie. La seule option qui me vient à l’esprit est de descendre. Lâcher prise, abandonner. D’un côté c’est un soulagemen­t, de l’autre, j’ai honte. Je me sens lâche. Lâche de m’arrêter alors que j’ai encore du temps et de la bouffe. Je suis à la fois si proche et si loin d’y arriver. Je pourrais me reposer pendant une heure ou moins et peut-être avoir une chance d’enchaîner cette longueur et de continuer, mais j’ai froid et peu de couches de vêtements. Je suis épuisé mentalemen­t et ne peux pas faire ce mouvement, c’est ma meilleure excuse pour abandonner. Je me répète les raisons de m’arrêter (il y en a un paquet), pour me convaincre. Et cela fonctionne : nous installons les rappels et je laisse derrière moi l’exploit qui selon moi aurait pu être le plus beau de ma vie de grimpeur… C’est le jeu et je me réjouis d’y rejouer. Danford était un excellent partenaire, super efficace et solidaire, merci !

Quelle belle dernière journée sur El Cap, avec environ 55 longueurs pour près de1500m d’escalade incroyable­s ! Heureux d’avoir un océan à traverser pour laisser mon corps récupérer…

 ?? © Alex Eggermont ?? Soline pratique sa technique du granit dans First blood, un magnifique 7c+ de la vallée. Parfait entraîneme­nt pour son ascension de Golden Gate une semaine plus tard.
© Alex Eggermont Soline pratique sa technique du granit dans First blood, un magnifique 7c+ de la vallée. Parfait entraîneme­nt pour son ascension de Golden Gate une semaine plus tard.
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