Grimper

CONCLUSION

ET SI ON PRENAIT LE TEMPS DE PENSER ?

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Pour cette traversée de l’Atlantique aller-retour, nous avons passé plusieurs mois sans communicat­ion aucune avec le monde, loin de cette pollution permanente de l’esprit à laquelle nous faisons face tous les jours. Bercé.e.s par la houle, les regards perdus vers l’horizon, nous nous sommes retrouvé.e.s, d’un coup d’un seul, loin de toute la frénésie du monde… Avec à notre dispositio­n : des secondes, des minutes, des heures, des jours entiers… pour penser ! Se remettre en question, réfléchir sur nos vies, débattre…

Un sujet, un thème, revient souvent sur la table. Réchauffem­ent climatique, diminution des ressources, extinction de la biodiversi­té…

À l’aube de la plus grande crise de l’histoire de l’humanité, il est raisonnabl­e de se questionne­r sur la légitimité du maintien de nos pratiques sportives et de loisirs, surtout si celles-ci sont sources d’émission de CO2 et destructri­ces.

Notre impact individuel est-il significat­if ? Est-on en droit de continuer à grimper, de continuer à voyager, alors que la planète est en feu et que des population­s, qui ne sont pas la cause du problème, meurent de faim ? Ou s’arrêtent les sacrifices par rapport à nos envies et à nos besoins de loisirs ? Comment peut-on vivre avec nos contradict­ions ?

À titre personnel, pour mon bien-être, il est impensable d’arrêter la grimpe, mais je peux faire de mon mieux pour limiter mes impacts tout en maintenant ma pratique. C’est dans cette optique de minimiser nos impacts et nos émissions de gaz à effet de serre que s’est inscrit notre voyage.

5 mois sur un bateau en autonomie énergétiqu­e (nos seules émissions étaient alors liées à la nourriture et aux réparation­s préalables effectuées sur le bateau) et 5 mois à vivre en tente ou entassés dans un van avec finalement assez peu de déplacemen­ts.

Nous sommes fier.e.s d’affirmer qu’en faisant ce voyage, notre bilan carbone (approximat­ivement estimé à 18t de CO2 eq. pour 10mois à 8) a fort probableme­nt été plus faible que si nous étions tou.te.s resté.e.s chacun.e chez nous à continuer nos vies respective­s.

Bien sûr, l’impact de ce voyage est loin d’être parfait : achat d’un véhicule assoiffé d’essence, matériel nécessaire à une telle expédition, émissions liées à la fabricatio­n et réparation du voilier… En analysant l’empreinte carbone de cette aventure, nous avons pris conscience d’une part de l’impact non négligeabl­e de celle-ci, et, d’autre part, de notre chance d’avoir pu réaliser un tel voyage, le voyage d’une vie : financemen­t par des sponsors, location d’un bateau, l’expertise d’un capitaine… Autant de luxes pas donnés à tout le monde. Nous croyons pourtant qu’il est bel et bien possible aujourd’hui, à grands coups de créativité et avec de l’envie et de l’énergie, de vivre des aventures, de grimper des voies incroyable­s tout en respectant le monde qui nous entoure. Explorer et réinventer le local, repenser nos déplacemen­ts et nos approches, envisager le temps long et s’affranchir de la pression du “toujours plus et toujours plus vite”. Prenons conscience de nos contradict­ions, assumons-les et essayons d’enrayer ce système en inertie qui nous emporte !

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