GRIMPEURS PROS LA NÉCESSITÉ DU RÉVEIL ÉCOLOGIQUE
Alors que ce magazine est sur le point de s’envoler chez l’imprimeur, la nouvelle de l’ascension de Burden Of Dreams par Will Bosi vient de tomber. C’est fait, après les assauts répétés de nombre des meilleurs bloqueurs du monde et 7 longues années d’attente, le premier 9A bloc de l’histoire ouvert par Nalle Hukkataival a enfin été répété. Notre dossier (P46) visant à comprendre les raisons de l’envol du haut niveau en bloc naturel, même s’il a été écrit et bouclé juste avant l’exploit de Will, n’aurait pu tomber plus à propos.
C’est un fait, le haut niveau en bloc naturel explose.
Par la même occasion, il se mondialise. Au pied de Burden of Dreams, pour tenter de regrimper le mythe, une joyeuse bande composée d’un Britannique, un Américain, un Japonais et deux Italiens, tous venus en Finlande en avion, se tire la bourre au pied des 5 mouvements les plus difficiles du monde. Devant ce constat, les esprits un tant soit peu sensibilisés à la question écologique ne peuvent s’empêcher grincer. Ce n’est pas un scoop, le bilan carbone des grimpeurs professionnels est peu reluisant. À leur décharge, il serait injuste et faux de leur faire assumer seuls l’intégralité de leurs émissions de globe-trotteurs. Ils les partagent avec vous, avec nous et tous ceux qui s’intéressent à leurs aventures. En allant essayer Burden Of Dreams, ils amènent avec eux une petite partie de nous en Finlande, et leur donner de l’attention, c’est accepter de les soulager d’un peu de leur bilan carbone. Mais si l’on veut poursuivre le raisonnement jusqu’au bout, il faut aussi prendre en compte leur influence, et l’envie qu’ils donneront aux autres de voyager comme eux : vite, loin et souvent. Si la question environnementale n’existe pas pour les grimpeurs pros, pourquoi se priverait-on, nous pour qui les vacances sont si précieuses, de doubler ou tripler notre bilan carbone en allant tâter du beau caillou à l’autre bout du monde ? Par leur statut d’influenceurs, les pros multiplient leurs émissions par toutes celles qu’inspire leur mode de vie.
Mais cette responsabilité ne demande qu’à être retournée. Imaginez qu’un grimpeur de 9A bloc, un athlète au sommet de l’activité, dans une forme de coming out écologique, arrête de prendre l’avion pour performer : l’impact de la manoeuvre serait considérable. Chez Grimper, nous ne sommes pas aveugles devant le rôle que, lui aussi, notre magazine peut jouer dans le changement indispensable de la norme sociale. Pas en faisant un prêche culpabilisateur et contreproductif, évidemment, mais en mettant à l’honneur les performances alternatives comme le trip yosemitique du numéro d’octobre dernier (Grimper 226), et en continuant de donner la primeur aux spots qui, à l’image de Lodève (P58) et du Ventoux (P68), ne vous demanderont pas de traverser la planète en avion pour passer de bonnes vacances verticales.