HYPOTHÈSE IV
Les 9A se sont multipliés parce que les meilleurs ont rallongé la longueur des blocs
Si tous les 9A bloc devaient ressembler à Burden of
Dreams, on vous parie que nous serions loin, très loin de l’explosion du 9A observée. Car si celui de Nalle fait 5 petits mouvements, tous les autres en font une quinzaine, soit une longueur multipliée par trois environ suivant un calcul mathématique d’une rare complexité. Idem pour la plupart des premiers 8C et 8C+ de l’histoire, qui penchent plutôt du côté des blocs longs. Est-ce à dire qu’il y aurait une distorsion de l’échelle de cotations qui rendrait les blocs à rallonge plus faciles ? Que Nenni ! L’explication est plus fine, et c’est Simon Lorenzi qui nous la livre : « C’est beaucoup moins frustrant de multiplier les sessions dans quelque chose où tu bouges, où tu grimpes, où tu te vois faire des petits progrès un peu tout le temps, que sur un seul mouvement éliminatoire… Et on voit qu’à part Burden, tous les 9A bloc sont longs, avec un process d’investissement qui ressemble un peu plus à la démarche qu’on retrouve en voie. » Clément Lechaptois nous l’a confirmé de son expérience du travail d’Alphane, les blocs longs sont un peu moins coûteux mentalement, et donc plus propice à l’acharnement, dans la mesure un les progrès se font pas à pas au lieu de stagner, comme si le grimpeur composait pièce par pièce un puzzle jusqu’à placer le run de l’enchaînement.
Les blocs longs ont ainsi souvent la particularité de complexifier la performance en multipliant les facteurs sur lesquels on peut jouer pour réussir, les rythmes, les méthodes, l’endurance, les stratégies de travail… Cela permet aux grimpeurs assoiffés d’extrême d’avoir d’autres leviers à activer que la seule puissance musculaire pour repousser leurs limites. L’appétence de la part des nouvelles stars de la grimpe pour les blocs king size pourrait ainsi avoir sa part de responsabilité dans le phénomène que, ligne après lignes, nous nous échinons à comprendre dans ce magazine.