SEND CLIMBING AKA THE DOWNGRADER !

Send Climbing, Send tout court pour les intimes, est le numéro un incontesté du marché de la genouillère. Forte de sa large gamme de produits, la marque américaine est désormais solidement installée sur les guiboles des grimpeurs du monde entier. À la faveur de ce petit dossier, ses créateurs ont bien voulu répondre à nos questions.

Comment est née la marque Send Climbing ?

Si l’on veut remonter jusqu’à la création de Send Climbing, il nous faut revenir à un projet d’école de commerce en 1999, lorsque Glenn Johnson a eu l’idée de créer des pantalons en polaire, des sacs à magnésie et un système de réglage pour genouillères. Finalement, ce n’est qu’en 2010 que les fondateurs Glenn Johnson et John Bishop ont uni leurs forces pour créer la marque. À l’époque, il n’y avait que très peu de genouillères disponibles, à l’exception de celles qui nécessitaient du scotch voire de la colle pour être utilisées, et qui étaient peu pratiques et encombrantes. De plus, les genouillères étaient fabriquées par assemblage de composants à acheter indépendamment, ce qui veut dire qu’elles n’étaient pas alors conçues comme un seul et même produit. Glenn avait ainsi travaillé sur certains modèles et les avait vendus. Lorsqu’il s’est mis à bosser avec John, ils ont amélioré l’idée en créant un modèle enveloppant qui s’adaptait facilement à un large éventail de jambes, qui restait en place sans ruban adhésif, qui était confortable à porter et, plus important encore, qui était extrêmement performant. Ce modèle est rapidement devenu populaire et s’est imposé comme la nouvelle norme. Appelé à l’origine The Downgrader, il s’appelle aujourd’hui The Strap-On et est la référence internationale en la matière.

Quelles sont les spécificités des genouillères Send ?

Pour nos genouillères à sangles, nous proposons 4 styles. Nous avons 2 tailles (Large et Mini) et 2 épaisseurs de gomme (Slim et Classic). Les genouillères Large sont munies de 3 lanières et les Mini de 2 lanières seulement. Chaque taille s’adapte de la même manière à la plupart des jambes. Il s’agit d’une préférence personnelle quant à la couverture souhaitée.

Les Classic étaient notre produit original, avec

une gomme épaisse. Nous avons toujours soutenu qu’une gomme plus épaisse, donc plus rigide, est avantageuse car elle offre une

meilleure structure et stabilité pour non seulement adhérer à la roche, mais aussi réduire la douleur due à la pression sur la jambe. Les

Slim ont été lancées à la demande des consommateurs qui souhaitaient une gomme plus fine, ce qui nous a permis de proposer un produit plus sensible. Par ailleurs, nous aimons tellement les gommes plus épaisses que nous nous efforçons d’élargir notre gamme de produits en ce sens. En termes de taille, la Large offre une plus grande surface, ce qui améliore la confiance et la performance de la genouillère. La Mini offre une adhérence supérieure, mais dans un format plus petit. Le Wizard Sleeve complète notre gamme. Il s’agit d’une genouillère manchon disponible dans une large gamme de tailles, dotée d’une gomme souple et destinée à l’escalade sportive, avec une zone confortable en élasthanne derrière le genou pour augmenter le confort lors d’un port prolongé.

Comment sont-elles fabriquées ?

Nos genouillères ont été et seront toujours fabriquées à la main pour garantir une intégrité et une performance maximales. Nous utilisons notre propre gomme, la Send Rubber. À l’intérieur, nous mettons du néoprène adhérent, du silicone super collant et une maille extensible confortable, avec pour objectif de permettre à la jambe de l’utilisateur de se dilater et de se contracter sans perturber le serrage ni entraver la circulation. Pour le reste, notre process est un secret bien gardé.

Quelle est votre position au sujet des débats éthiques suscités par l’apparition des genouillères ?

Nous comprenons tout à fait que les genouillères aient fait l’objet de controverses et nous préférons rester en dehors des débats éthiques. Comme nous l’avons déjà précisé, nous avons conçu à l’origine un produit parce que nous avons vu une opportunité sur le marché. L’inspiration est simplement venue du fait que nous aimons mettre des genoux. Non seulement c’est amusant, mais c’est aussi une technique difficile qui demande de l’entraînement. Nous pensons que cet art élève le niveau du sport. Nous assimilons l’apparition puis l’amélioration progressive des genouillères à ce qui a pu advenir lors de l’arrivée des chaussons, de la magnésie… Ces innovations aussi étaient révolutionnaires. Et j’imagine qu’elles ont également soulevé des problèmes éthiques. Mais pour notre part, ce que nous retenons, c’est notre fierté d’être pionniers et acteurs de la révolution en cours.

Quant aux grimpeurs qui refusent d’utiliser des genouillères, c’est leur choix personnel et nous n’y voyons pas d’inconvénient. Le style est important et nous considérons que rester libre de pratiquer comme on l’entend en se fixant ses propres limites éthiques contribue à la richesse de l’activité.

Mais tout de même, cela ne pose-t-il pas un problème de décoter des voies historiques grâce à un matériel qui n’existait pas au moment où elles ont été libérées ?

Des voies anciennes qui ont été libérées sans genouillères devront peut-être être décotées. C’est même quelque quel’on observe souvent aujourd’hui. Là encore, il s’agit simplement d’une conséquence de l’évolution du sportcar, en parallèle, les genouillères permettent de libérer des lignes qui auraient été impossibles sans. Précisons également que revoir la cotation (à la hausse ou à la baisse) des escalades passées ne date pas des genouillères, cela est arrivé dans de nombreux passages sans que cet outil soit concerné. Cet ajustement est d’ailleurs minime comparé à certaines évolutions passées de l’activité. Par exemple, lorsque l’escalade artificielle a glissé vers l’escalade libre, il a carrément fallu inventer un nouveau système de cotations. Nous pensons sincèrement que l’avenir de l’escalade incluant les genouillères techniques est prometteur, et nous sommes fiers d’avoir contribué à changer ce sport pour le mieux, en rendant possibles des choses qui étaient impossibles, mais surtout en rendant accessibles pour de nombreux grimpeurs des profils et des voies dans lesquels ils n’auraient jamais pu évoluer sans nos produits.