Éditorial
La semaine dernière, nous recevions un message d’une de nos lectrices nous racontant sa mésaventure sur un forum d’amateurs de thé. Celle-ci, récemment inscrite, avait eu le malheur de vouloir partager son coup de coeur du moment : un thé au chocolat et à la betterave.
Ni une ni deux, on lui fait comprendre qu’elle s’est trompée de groupe car ici, il s’agit d’un lieu de discussion pour vrais amateurs de thé. Autrement dit - de thés natures.
Cette histoire m’a touchée car elle a fait écho à un souvenir personnel. Jeune, j’avais découvert par hasard une maison de thé chinoise dont j’avais poussé la porte pour me retrouver nez à nez avec la maître de thé. Notre entrevue fut courte, elle m'invita après avoir pris connaissance de mes goûts, à l’époque peu éveillés, à aller au supermarché d'à côté.
Vous avez vous aussi sûrement déjà connu cela. Mais alors comment gommer cette scission artificielle que l’on place entre thés natures et thés parfumés ?
Un ami canadien avait coutume de répéter “don’t be a tea snob, be a tea connoisseur » soit à peu près, ne soyez pas un snob du thé mais devenez un connaisseur de thé.
Dans cette phrase si concise, tout est dit… ou presque.
Nous utilisons le terme de “parfumé” pour distinguer le thé mélangé ou imprégné des thés “nature”. Ce terme est selon moi à proscrire car il porte dangereusement à confusion. Tous les thés sont naturellement parfumés, c’est un fait. Ensuite, il est clairement réducteur car un thé au delà de ses composés aromatiques va aussi exprimer des textures et une saveur (sucré, salé, acide, amer, umami).
Alors qu’utiliser à la place ? Pourquoi ne pas s’inspirer de nos amis indiens qui ont nommé leur boisson nationale le Masala Chaï ou littéralement "thé mélangé" ?