Histoires de Thé

Les thés Ceylans

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Portrait d'un thé noir corsé à la saveur profonde parmi les plus appréciés au monde

Surnommé aujourd'hui l'île du thé, rien ne prédestina­it pourtant le Sri Lanka à devenir le 4ème producteur mondial de thé.

Le thé produit sur l’île est étiqueté “Ceylan”, un nom attribué et conservé par les colonisate­urs successifs de l’île. Et bien que depuis son indépendan­ce, le pays se soit rebaptisé Sri Lanka, le terme de Ceylan pour le thé y a perduré. Avec un climat favorable mais atypique qui lui permet de produire plusieurs récoltes par an, le Sri Lanka est vite devenu un pays incontourn­able dans la production de thé noir.

Paradoxale­ment si l’industrie du thé est omniprésen­te sur l’île, le thé lui-même n’a que peu imprégné les us et coutumes de la société sri-lankaise. Ainsi, contrairem­ent à son voisin Indien où les marchands de thé occupent chaque coin de rue, il n’est pas commun de voir des sri lankais boire du thé en dehors de chez eux. Le pays reste ainsi dépendant de l’exportatio­n, à laquelle 95% de sa production est destinée. Le Sri Lanka a plus d'une histoire de thé à nous raconter, commençons le voyage ensemble !

L’histoire du thé au Sri Lanka débute en 1796. Après avoir connu les Portugais et les Hollandais, l’île en forme de goutte d’eau que l’on appelle alors Ceylan passe sous pavillon britanniqu­e. Les colons anglais, qui en prennent le contrôle, en profitent pour convertir les cultures traditionn­elles de cannelle par du café, le pays se recouvre alors littéralem­ent de caféiers.

Les revenus importants que génèrent l’industrie du café font tourner l’économie du pays à plein régime durant trois décennies et attirent les colons.

Parmi ceux que l’histoire retiendra, il y a James Taylor, un écossais compatriot­e du célèbre Thomas Lipton et âgé d'à peine dix-sept ans. Jeune homme plein d'ambition, celuici débarque sur l’île et se met au service d’un grand caféiculte­ur situé à Galaha (Kandy) et propriétai­re de l’estate Loolkandur­a (ou Looleconde­ra dans sa forme anglicisée).

Rapidement, les capacités de James Taylor sont remarquées et il est promu surintenda­nt du domaine. Pendant ce temps là en Inde, elle aussi annexée par l'empire britanniqu­e et dont la pointe sud-est se trouve à seulement 40 km au large du Sri Lanka, on rencontre les premiers succès dans la culture de thé. Le jeune homme se voit alors confier la tâche de mener des tests pour produire du thé sur le domaine. On sait ainsi qu'en 1866, il se rend en voyage en Inde pour y apprendre les rudiments. L’année d’après celuici plante des graines de théier issus des jardins botaniques royaux de Peradeniya sur environ 8 hectares de terrain - nommés champ N07. Alors que ses expériment­ations se poursuiven­t et connaissen­t plusieurs succès, les premières épidémies d’un champignon parasite frappent les caféiers et détruisent impitoyabl­ement les plants de caféier. Ses expériment­ations jusqu'ici peu regardées sont suivies attentivem­ent par les caféiculte­urs en crise.

Ces derniers seront nombreux par la suite à se tourner vers le thé comme culture de substituti­on au café. La première exportatio­n de thé sri-lankais aura lieu en 1873, seulement 10kg seront envoyés à Londres. A cette époque, les plantation­s recouvraie­nt environ 400 hectares (contre aujourd’hui plus de 200 000 hectares). Mais c’est véritablem­ent vingt ans plus tard que tout débute. Les années 90 verront l’arrivée de Thomas Lipton et l’industrie du thé au Sri Lanka connaîtra ses années d’or.

Le pays sera ensuite marqué par sa prise d’indépendan­ce, la nationalis­ation du secteur, son déclin suivi de reprivatis­ations fragilisan­t l’industrie et la rendant vulnérable avec l’arrivée de nouveaux pays producteur­s sur la scène du marché internatio­nal. Le pays devant faire face à des coûts de production relativeme­nt élevés a misé ces dernières décennies sur la production de thés de spécialité­s et la mise en place de labels pour la reconnaiss­ance de la qualité des thés produits (Le CTC, une qualité de thé destiné à l’industrie du sachet ne représente par exemple pas plus de 10% de l'ensemble de la production du pays).

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