VOITURE ÉLECTRIQUE LES GRANDES MANOEUVRES
Le renforcement des normes antipollution dans le monde conduit les constructeurs à accélérer le développement de véhicules électrifiés.
st-ce l’amorce d’un grand basculement ? S’il est un peu tôt pour l’affirmer, le mois de septembre marque néanmoins une date importante. Au cours de cette période, les immatriculations de voitures électrifiées – une catégorie regroupant les modèles micro-hybrides, hybrides, hybrides rechargeables et électriques – ont dépassé, pour la première fois de l’Histoire, celles des véhicules diesel dans les vingt-sept pays de l’Union européenne (1). Cette conversion menée à marche forcée répond à des problématiques diverses. En proposant des alternatives aux modèles thermiques traditionnels, les marques répondent bien sûr aux attentes des consommateurs, plus sensibles que jamais aux enjeux écologiques et demandeurs de technologies moins polluantes. Il n’est pas sûr toutefois que ce seul argument aurait suffi à convaincre les constructeurs automobiles de se lancer à corps perdu dans l’aventure coûteuse des motorisations électriques.
ELes contraintes environnementales édictées par de nombreux gouvernements à travers le monde ont achevé de rapprocher les envies des ingénieurs, des services marketing et des financiers ! Sommés de baisser drastiquement les émissions de CO2, les industriels n’ont d’autre option que de développer la part de véhicules propres au sein de leur catalogue. LA FIN DES VÉHICULES THERMIQUES EN 2040. Le Parlement européen a ainsi fixé à 95 g/km le niveau moyen d’émissions de CO2 des voitures et camionnettes pour 2021. Le seuil sera ramené à 81 g/km en 2025, puis à 59 g/km dès 2030. Des chiffres qui ne parlent pas forcément aux Béotiens, mais qui font trembler les constructeurs, conscients qu’aujourd’hui seuls les véhicules entièrement électriques et quelques hybrides rechargeables rejettent moins de 59 g/km de CO2. Pour respecter la réglementation de l’UE, il sera donc nécessaire d’élever la part des modèles «sans carbone» pour éviter les sanctions – les contrevenants devant régler un droit à polluer pouvant atteindre plusieurs milliards d’euros par an pour les moins vertueux. D’autres échéances plaident pour une électrification à marche forcée. En France, l’Assemblée nationale a en effet inscrit la fin de la vente de véhicules à carburants fossiles à l’horizon 2040 dans la loi sur les mobilités, votée en juin 2019. Une échéance pas si lointaine que cela. CHANGEMENT DE PARADIGME. L’industrie automobile se trouve à la croisée des chemins. Les champions historiques, marqués par un siècle de domination du moteur à explosion, sont invités à se réinventer. Ils doivent pour cela se challenger mutuellement, une vieille habitude, mais aussi affronter la concurrence de «pure players» de la voiture électrique, motivés par la réussite de Tesla. Avec des ventes annuelles approchant les 500 000 unités en 2020 et ses tarifs élevés, le constructeur californien a pris pied sur le segment très rémunérateur du premium, obligeant Mercedes, BMW et Audi à réagir. D’abord avec des versions électrifiées de leurs modèles, puis avec des véhicules développés à partir de plateformes optimisées, offrant une meilleure habitabilité et une autonomie accrue. Pour atteindre un rayon d’action supérieur et couvrir de longs trajets dans le même temps que les automobiles thermiques, Tesla et consorts misent à présent sur des technologies de batterie de rupture. L’objectif consiste à atteindre les 1000 km, puis les 1200 km avec un volume de batterie équivalent. Et en parallèle de proposer des voitures électriques bon marché. À l’image de la Dacia Spring, un SUV urbain attendu sous les 20 000 € (2). L’électrique du peuple ?
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AUCUN VÉHICULE THERMIQUE ACTUEL NE RESPECTE LES NORMES D’ÉMISSION DE CO2 PRÉVUES POUR 2030.