Au secours, les extrêmes reviennent !
Dé f i n i t i v e me n t schizophrène la France ? Sans nul doute aucun diront les observateurs au regard de son histoire. Une très longue histoire en forme de reflet d’un pays qui n’a jamais cessé de donner dans le syndrome de la girouette et du « Jeanqui-rit/Jean-qui-pleure », affichant un point de vue pour mieux ensuite l’annihiler par son exact contraire. Avec parfois pour résultat de souiller son principe fondateur de terre d’asile et des droits de l’homme de taches indélébiles … Ce petit préambule pour nous étonner – même si en soi ce genre d’épisode n’est pas nouveau – que notre pays puisse aujourd’hui présenter une telle dissociation, une désintégration même, tant sur le plan de ses valeurs que de ses choix. Il y a quelques semaines en effet, sur fond de soubresauts de l’Union Européenne pour cause de faillite potentielle pesant sur certains de ses états membres, un autre événement a comme ravivé sur l’Hexagone cette tendance sournoise et inquiétante représentée par la tentation des extrêmes. Alors qu’en mai 2012 une majorité de français plébiscitaient l’arrivée d’une nouvelle gouvernance présidentielle, dix mois plus tard, à la faveur de l’élection législative partielle organisée dans la deuxième circonscription de l’Oise, non seulement la candidate du pouvoir en place a purement et simplement été balayée dès le premier tour, mais il s’en est également fallu d’un souffle pour que la représentante du Front National ne l’emporte sur son adversaire de l’UMP. Bien davantage qu’un avertissement adressé au Président Hollande dont la côte d’impopularité s’avère aussi abyssale que les trois millions cent quatre vingt sept mille sept cent demandeurs d’emplois désormais recensés (outre la cataclysmique affaire Jérôme Cahuzac, ce n’est pas son intervention télévisuelle du 28 mars dernier qui a inversé la donne, bien au contraire !), ce pourcentage de 49% de suffrages accordés par les électeurs de l’Oise au FN nous apparaît comme la matérialisation d’une véritable fracture sociétale. Labourant bien au-delà de ses habituelles terres de prédilection que sont l’immigration, la délinquance ou l’islamisation des banlieues, le parti de Marine Le Pen se révèle dorénavant comme l’incarnation de toute cette frange de population dont l’état de grande précarité l’a rendue totalement imperméable aux discours des partis politiques traditionnels et à leurs concerts de promesses. Cette partie de nos concitoyens que les sociologues désignent sous la drôle d’appellation de « France qui ricane » … Faut-il voir pour autant la France sous le triste prisme de la contrée devenue de tous les impossibles, à commencer par celui d’entreprendre ? En ces temps de « grogne » patronale, voire d’exil vers des cieux considérés plus cléments par certains, telle est actuellement la question dont Informations Entreprise a décidé d’engager le débat dans l’une de ses nouvelles rubriques précisément nommée «Débat». Sa vocation : inviter les différents acteurs du monde entrepreneurial à faire part de leur point de vue sur une grande question d’actualité économique et/ou sociétale. Quoi qu’il en soit, ce difficile climat économique et social ne coupe en rien le formidable appétit d’Alain Weill, le fondateur et dirigeant du Groupe Next Radio TV, par rapport à l’univers des médias. Si son ascension dans cette sphère où « tout ce qui brille n’est pas forcément d’or » ne lui vaut pas que des amis et des couronnes de lauriers, son profil d’entrepreneur conquérant nous paraît suffisamment interpellant pour lui accorder une place de choix dans ce numéro. Un numéro en guise de première pierre à cette nouvelle formule que nous voulons plus riche encore en dossiers et enquêtes, portraits d’entrepreneurs et gros plans sur des entreprises pas forcément connues hors de leur périmètre d’activité, mais dont les itinéraires et les résultats nous paraissent amplement mériter une mise en lumière.