Thibault Lanxade, co-fondateur et PDG d'aqoba et Président de l'association Positive Entreprise.
« J'ai envie de dire que oui, la France est encore un pays où il est possible d'entreprendre, même si cela peut paraître paradoxal par les temps qui courent. Jamais en effet les dispositifs permettant d'aider les entrepreneurs à réaliser leurs projets et à investir de façon diverse et variée n'ont été aussi forts en France que depuis ces dernières années. Mais si ces dispositifs sont bel et bien là, force est tout de même de reconnaître combien il est compliqué de les obtenir et de les mettre en oeuvre. En fait, le problème surtout tient au déficit de confiance que les entrepreneurs français éprouvent depuis ces derniers mois. Il est absolument indispensable de la faire renaître en revalorisant nos entrepreneurs de manière à ce qu'ils soient à nouveau disposés à investir et à se sentir totalement rassurés par rapport au pays dans lequel un très grand nombre d'entre eux encore ont envie de se développer économiquement. L'obstacle tient malheureusement à la question des dispositifs fiscaux. Il y a en effet un point extrêmement contraignant pour les entreprises et qu'un mouvement comme celui des Pigeons a révélé tenant à la difficulté de pouvoir réussir dans une France où il existe une véritable logique de spoliation pour l'entrepreneur et une non compréhension de la prise de risque en raison d'une pression fiscale par trop importante. Or, ce capital confiance des chefs d'entreprise ne pourra être obtenu qu'avec une stabilité fiscale qui permettrait aux entreprises de pouvoir investir en toute sérénité sur une durée longue. Il s'était pourtant produit une avancée positive en ce sens en septembre 2012 lorsque le Président de la République a expliqué qu'il y allait justement avoir l'application d'un moratoire fiscal.Sauf qu'au jour d'aujourd'hui, on peut légitimement se demander comment il s'opère et s'il va réellement permettre aux entrepreneurs de se réaliser en toute sérénité dans les prochaines années. Il suffit de regarder le nombre de demandes actuelles de financement des jeunes entreprises et de le comparer à celui de l'an dernier pour constater une réduction de 30%. Ce qui apparaît en tous les cas certain c'est que pour les jeunes ayant le parcours académique le plus élevé, la tentation de partir à l'étranger est forte. Mais j'ai cependant envie de dire que ce n'est pas tellement la configuration économique ou fiscale actuelle qui en est la motivation première, mais bel et bien la volonté d'aller vivre une aventure entrepreneuriale à l'étranger, dans des pays économiquement plus dynamiques où les projets auront une meilleure chance de pouvoir s'exprimer ».
Sa bio :
Ce jeune quadra (il a vu le jour en 1971) dont la fibre entrepreneuriale l'a poussé à plonger dans le grand bain de la création d'entreprise en 2008 fait depuis quelques mois la Une de l'actualité pour sa candidature à la Présidence du Medef dont l'élection est programmée au mois de juillet prochain. Réussira-t-il à tenir la dragée haute à Laurence Parisot (qui brigue son troisième mandat à la tête de l'organisation patronale) et aux autres «barons » du genre ? L'homme en tous cas n'est pas du genre à cultiver la langue de bois et la pratique courtisane. Passé par l'École supérieure de commerce de Paris (MSQ ESCP), il commence sa carrière professionnelle en 1996 sous la bannière de la compagnie pétrolière Shell avant d'intégrer Europe Restauration, puis Gazinox en 2004 dont il devient le PDG. Poste qu'il quitte en 2008 pour fonder Aqoba, établissement qui propose des solutions de paiement sur mesure. En novembre 2010, il crée l'Association française des établissements de paiement et de monnaie électronique (AFEPAME° et en devient le Président jusqu'en 2012. Il est par ailleurs Président de l'Association Positive Entreprise (qu'il a fondée en 2006) et qui se positionne comme un Think Tank collaboratif destiné à renforcer les liens entre la jeunesse et l'entreprise.