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milliards d'euros ! Tel s'élève pour l'année 2012 le montant du déficit de la balance commerciale de notre pays (ce chiffre s'entend hors énergie). Une somme record que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault entend endiguer avec un objectif de retour à l'équilibre à cinq ans tant celui-ci s'avère un enjeu capital à la fois pour la balance des paiements, pour la compétitivité de notre industrie et pour le marché du travail dans la mesure où il est estimé qu'un milliard d'exportations supplémentaires engendrera dix mille emplois. Autre objectif prioritaire de nos politiques dans cette voie du redressement productif : une réorientation vers les pays émergents à forte croissance. Une alternative pour des entreprises françaises devenues par trop « pieds et poings liés » vis-à-vis du ralentissement, voire carrément, de l'arrêt de la croissance dans les économies matures des pays d'Europe. Et le Ministère du commerce extérieur d'avoir publié en décembre 2012 une étude baptisée « coupler l'offre française à la demande des pays » soulignant l'importance pour les entreprises à diversifier leurs débouchés via des projections chif
frées tout bonnement vertigineuses. Entre 2010 et 2050, la population de l'Inde progressera de 400 millions d'habitants, celle de l'Égypte de 47 millions, celle du Bangladesh de 45 millions alors que celle de l'Allemagne, partenaire commercial traditionnel de la France diminuera de 11 millions. En 2050 toujours, dix neuf des trente économies les plus puissantes émaneront des pays émergents d'aujourd'hui. Cette opportunité à miser sur le rebond de la demande dans les pays émergents se conjugue aux prévisions fournies par la banque HSBC concernant d'une part les exportations à destination de l'Asie (hors Japon) qui devraient atteindre un taux de croissance de 13% par an au cours des années 2013-2015, puis de 8% par an de 2016 à 2020, d'autre part les exportations vers les pays d'Afrique subsaharienne qui devraient être de l'ordre de 12% par an de 2013 à 2015. Et la banque de dresser ce que sera en 2030 le classement des principaux pays destinataires des exportations françaises dans lequel si l'Allemagne demeure en tête de file, la Chine devrait venir au second rang, le Royaume-Unis au troisième, les USA au quatrième et la Turquie à la cinquième position. Toute la question est alors de savoir pourquoi ces pays à si forte croissance n'ont attiré en 2012 qu'un petit 20% d'exportations françaises ? Les raisons en sont multiples, à commencer par celle touchant au nombre de nos entreprises réellement exportatrices. « Si l'on se réfère aux chiffres officiels, il y a 80.000 PME françaises qui pratiquent l'export contre 250.000 en Italie et 750.000 en Allemagne » souligne Régis Barriac, Directeur international de la banque HSBC. Et Patrice Coulon, Directeur général délégué de GE Capital d'enchérir sur le sujet en évoquant plus spécifiquement les entreprises réalisant un chiffre d'affaires de plus de 5 millions d'euros. « Seules 20% d'entre elles
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exportent, en sachant qu'entre 70 et 75% des exportations sont européennes et que seuls les 25% restant se font en dehors de l'Europe ». Parmi les freins pouvant expliquer cette mollesse des entreprises françaises par rapport à l'export, culmine une frilosité de leurs dirigeants motivée par la crainte du risque, le manque d'information, l'appréhension de l'inconnu et un certain pessimisme par rapport à une conjoncture gangrenée par les crises à répétition, l'inquiétante montée du chômage (actuellement de plus de 3 millions !), le manque de flexibilité du