La robotisation, une vraie chance d'avenir pour notre industrie
Alors que des pays comme l'Allemagne, les États-Unis et le Japon ont de quoi, c'est le cas d'oser la formule, « rouler des mécaniques » en matière de robotisation industrielle, notre pays ne comptait en 2008 qu'un faiblard nombre de 34.500 robots recensés au sein de ses différentes unités de production. Un « bonnet d'âne » toujours encore d'actualité ? « Absolument, parce que nous avons deux à trois fois moins de robots que des pays comparables à la France » déplore Roland Vardanega, le Président de la société des Ingénieurs des Arts et Métiers. « Il faut dire que nous ne comptons quasiment pas de fabricants. Nous avons certes Comao ou PCI Scemm, la filiale qu'avait mise en place le constructeur PSA Peugeot Citroën, mais les résultats ne se sont pas avérés concluants ». Le constat est implacable mais néanmoins indéniable lorsque l'on regarde du côté de l'outre-Rhin où des entités tels que Kuka Roboter (propriété du groupe Kuka) fondé à la fin du XIXe siècle et qui a réalisé en 2011 un C.A. de 616,3 millions d'euros ou Elexis AG qui a investi le terrain de la robotisation industrielle via Hekuma, une société rachetée en 2000, revêtent des allures de Goliath du genre. Il en va de même outre-Atlantique où Lincoln Electric Holdings, spécialiste du soudage (C.A. de 2,7 millions de dollars en 2011), Rockwell Automation, l'un des principaux fournisseurs de systèmes d'automatisation industrielle au monde (C.A. de 6 milliards de dollars en 2011) ou Intuitive Surgical, entreprise californienne fondée en 1955 ayant développé et commercialisé le robot chirurgical Da Vinci (C.A. de 1,76 milliards de dollars en 2011), se disputent allègrement ce filon très juteux que représente la robotisation. Sans omettre de pointer évidemment notre longue vue en direction du Pays du Soleil Levant que l'on sait particulièrement friand et en avance sur la question avec des sociétés qui ont pour noms Keyence, spécialisée dans la mise au point de capteurs, d'appareils de mesure et de systèmes de vision©, Omron, l'un des leaders mondiaux en matière d'inspection optique, ou bien encore Fanuc Robotics, l'un des géants mondiaux dans la conception de robotique industrielle. La question est de savoir pourquoi la France, cinquième puissance économique mondiale, se trouve dans un tel état de carence ? Pour Roland Vardanega, « parce qu'il s'agit sans doute de la dernière étape de la disparition de la machine-outil en France. Le secteur de l'industrie en biens d'équipement n'a pas réussi à percer et c'est bien là tout le problème de l'industrie intermédiaire qui se pose ».
>> Une très longue histoire
Si l'arrivée de la robotisation dans l'industrie a véritablement effectué une percée notable à partir des années 1970, le mot « robot » a quant à lui été imaginé en 1921 par l'écrivain tchécoslovaque Karel Capek. Signifiant « travailleur » ou « esclave », ce concept sensé augurer de l'ère moderne n'a alors cessé d'alimenter une mythologie aussi débridée qu'effrayante, spécialement du côté du Septième Art où des films comme le mythique « Metropolis » de Fritz Lang (1927), « Blade Runner » de Ridley Scott (1982), « Terminator » de James Cameron (1984) ou bien encore « I-Robot » d'Alex Proyas (2004) projetaient des visions de robots anthropomorphes engendrant la crainte et la méfiance. Des visions sans rapport aucun avec les premières applications robotiques mises en oeuvre par l'industrie faisant entrer les robots dans notre quotidien. Rien à voir avec de quelconques représentations humanoïdes, mais des aspects de machines à laver, de tableaux de bord automobile, d'ordinateurs, de téléphones, de pompes à essence ou d'outils chirurgicaux qui, dès le milieu du XXe siècle ont esquissé les formidables perspectives d'avenir du secteur de la robotique. L'idée et l'envie de créer des machines animées reproduisant l'apparence et les mouvements d'êtres vivants grâce à des dispositifs techniques plus ou moins sophistiquées remontent, quant à elles, à des temps immémoriaux. Déjà, à l'époque de l'Égypte ancienne, les prêtres utilisaient des masques et des statuettes de dieux dont les mâchoires articulées et manipulées à l'abri des regards semblaient transmettre directement à la foule les injonctions divines. Un phénomène au demeurant constaté tout au long de l'Antiquité où ces ingénieursmécaniciens qu'étaient Philon de Byzance, Ktésibios, Héron d'Alexandrie, Euclide ou bien encore Archimède élaboraient des systèmes recourant à l'eau, à la terre, à l'air ou au feu pour enrichir les premiers dispositifs d'animation d'automates mus par des fils, des leviers, des poulies ou des treuils. C'est d'ailleurs à force d'utilisation de pistons, siphons, cames, roues dentées, valves, ressorts, vases communicants et orgues hydrauliques pendant près d'un millénaire que l'Occident a pris goût aux automatismes, finissant à partir du XIIIe siècle à populariser des dispositifs scéniques totalement automatisés. Citons entre autres les orgues hydrauliques et les automates zoomorphes élaborés par Léonard de Vinci, les machines scéniques de l'ingénieur français Salomon de Caus ou les instruments de musique jouant sans musiciens. Système bielle-manivelle, tambour à commandes, échappement, régulateur à foliot, systèmes à