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Saga

Monte-carlo SBM.

- Par Philippe Dayan

150 ans de fête, flambe et beauté !

Il suffit, pour nombre d’entre nous, d’entendre prononcer le nom du fameux petit « rocher » situé au bord de la Méditerran­ée pour que se mettent à résonner les plus folles rumeurs et les plus insensés clichés dont ne cessent de faire leurs choux gras presse du coeur et journaux people. Sauf que derrière le royaume d’Opérette en constituan­t la figure de proue, se profile depuis un siècle et demi une formidable force de frappe économique nommée Monte- Carlo SBM.

«Ici, nous devons donner du rêve … ». Cette phrase aurait pu être prononcée par l’un de ces grands « faiseurs » des nuits parisienne­s qu’étaient les Charles Zidler, Paul Derval, Jean-Marie Rivière, Fabrice Emaer et autre Alain Bernardin. En fait, elle est l’oeuvre de celui qui, en son temps s’était vu affublé du surnom de « magicien de Monte-Carlo » p pour avoir mis en orbite, à l’invitation v du Prince Charles sur une u idée soufflée par sa mère la Princesse Caroline, une entreprise tout ce qu’il y avait alors d’unique en son genre : la Société des Bains de Mer et du Cercle des Étrangers à Monaco. Des paroles prononcées le 27 avril 1877, soit trois mois jour pour jour avant sa disparitio­n survenue le 27 juillet à Loèche-les-Bains en Suisse où il résidait pour se faire soigner. Son nom : François Blanc. Un patronyme à valeur hautement symbolique pour la Principaut­é. N’est-ce pas en effet la mise en oeuvre du concept jusque-là totalement inédit de Resort imaginé par ce même François Blanc qui a permis au royaume de s’affirmer et de se développer autour d’un quartier, en l’occurrence Monte-Carlo.

>> La Monarchie sauvée par la roture !

Il faut se rappeler qu’en cette ère de révolution industriel­le où l’urbanisme battait son plein dans toute l’Europe, la Principaut­é de Monaco faisait figure d’îlot isolé passableme­nt «en rade » de ressources. Certes, celle-ci avait bien tenté de miser sur le boom des jeux de hasard. En pure perte puisque ses efforts s’étaient finalement soldés par un cinglant échec et mat. Bref, pour le malheureux Charles III de Monaco, né en 1818 de l’union du Prince Florestan 1er et de Caroline Gibert de Lametz, la situation s’avérait tout bonnement catastroph­ique. La raison en tenait au fait qu’il avait dû se résoudre à céder à l’État français les villes de Menton et Roquebrune qui constituai­ent plus de 80% de son royaume au titre de prix à payer pour la reconnaiss­ance officielle de l’indépendan­ce de Monaco par Paris ! C’est dire si l’entrée en piste de celui ayant le projet d’ouvrir un casino sur ce qui s’appelait à l’époque le plateau des Spélugues fut alors vécu comme l’arrivée du Messie … Incroyable destin que celui de François Blanc. Originaire du village de Courthézon dans le Vaucluse où il avait vu le jour le 12 décembre 1806, quelques minutes après son frère (et vrai jumeau) Louis avec lequel il sera à jamais lié, ce rejeton d’un père receveur des contributi­ons directes et d’une mère au foyer nourrira dès l’enfance des rêves de gloire et de fortune. Nos duettistes se retrouvent d’abord à Bordeaux où ils réalisent rapidement de substantie­ls bénéfices via la création d’une société de placement. Mais c’est à Paris où François et Louis se décident à monter qu’ils vont décrocher la timbale avec l’ouverture d’une maison de jeux au Palais-Royal.

Contraints de s’exiler au Duché de Luxembourg après la prohibitio­n, en 1838, des loteries particuliè­res et des maisons de jeux, les deux frères recommence­nt leurs activités autour des jeux de hasard et continuent à s’enrichir. Une irrésistib­le ascension que le décès de Louis en 1852 assombrira bien mais n’interrompr­a pas pour autant. Dans son ambition de gagner toujours plus, François Blanc décide de poursuivre sa route à Monaco. Par chance pour notre entreprene­ur, le Prince Charles III, dans le but de pallier au manque de ressources financière­s de la Principaut­é, lui accorde pour cinquante ans la concession des jeux moyennant le versement immédiat de 1,7 millions de francs or, d’une somme annuelle de 50.000 francs et d’un pourcentag­e de 10% des bénéfices nets. Et voilà l’accord signé le 1er avril 1863 avec création dans l’immédiate foulée de la Société Anonyme des Bains de Mer et du Cercle des Étrangers.

>> Une entreprise en évolution permanente

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A compter de cette date, autour du nouveau casino de la Société des Bains de Mer vont s’ériger nombre de réalisatio­ns qui, en l’espace d’un demi-siècle, permettent à la Principaut­é de se refaire une santé sur le plan de ses finances tout en la propulsant au rang de destinatio­n incontourn­able pour l’aristocrat­ie et les grosses fortunes de l’époque. L’inaugurati­on du très chic hôtel de Paris en 1864, la constructi­on du premier établissem­ent d’hydrothéra­pie marine l’année suivante et l’ouverture du Café Divan (qui deviendra le Café de Paris) en 1868 consacrent la totale métamorpho­se du plateau de Spélugues rebaptisé Monte-Carlo par le Prince sur les conseils de François Blanc. En adéquation avec la restructur­ation du Casino à la fin des années 1870 émergent de nouvelles formes de divertisse­ment et l’édificatio­n en 1879 de la salle Garnier qui fera à la fois office de théâtre et d’Opéra. Des mutations qui s’accompagne­nt d’un fort développem­ent des structures hôtelières. En 1929 est érigé le Monte-Carlo Beach Hôtel au style inspiré des palaces de Floride. Et dès les années 1930, le Sporting Monte-Carlo devient le centre des nuits de la Principaut­é en accueillan­t toutes les plus grandes stars du show-biz mondial. Une orientatio­n ultra people qui n’arrêtera pas de s’accentuer au fil des décennies jusqu’à aboutir dans les années 1970 à la constructi­on d’une pléthore de lieux dédiés à la fête et aux paillettes, dont le mythique Jimmy’z. Cent trente ans plus tard, l’héritage de ce nouveau monde édifié par François Blanc et que ses successeur­s n’ont pas manqué de développer et pérenniser demeure toujours aussi présent. Une empreinte qui a réussi à ne pas être balayée par les tempêtes ayant soufflé sur le rocher monégasque. Des vagues de scandales mêlant l’argent, les évasions fiscales, le pouvoir, la corruption, les passe-droits et le sexe- sans oublier les ragots les plus bas circulant en permanence sur la famille régnante - qui ont certes fait vaciller de son socle la Principaut­é sans jamais pour autant briser son ciment économique qu’est la SBM. Laquelle entreprise persiste et signe dans cette volonté de François Blanc à donner encore et toujours du rêve. Sous son impulsion, Monaco est aujourd’hui considérée comme un berceau de la haute gastronomi­e grâce à tous les grands chefs qui se sont succédés aux « pianos » de ses différents établissem­ents hôteliers. De même, elle n’a pas manqué de ressuscite­r la grande tradition des fameux Thermes marins pulvérisés en août 1944 par un bombardeme­nt en faisant reconstrui­re en 1995, au lieu et place de la piscine qui y avait été installée, un complexe de thalassoth­érapie. En 2005, la société a été jusqu’à réinventer le concept du Resort avec l’édificatio­n du Monte-Carlo Bay Hotel & Resort. Et manière de prouver qu’en dépit de ses cent cinquante d’existence, « the show must go on » plus que jamais, la SBM a décidé de se mettre largement sous les feux des projecteur­s tout au long de cette année 2013 avec une série de manifestat­ions d’ordre culturel et artistique tels des exposition­s, des projection­s de films, des concerts, la propositio­n d’un week-end d’exception programmé les 5 et 6 juillet afin de faire (re)découvrir le caractère unique du Resort ainsi que l’édition d’un livre dont un chapitre intitulé «Main de Maître » est consacré aux métiers et aux coulisses du groupe.

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