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Des fleurs de porcelaine. Art & Floritude. A la lumière

Fabricant en ligne de mire

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Il aura fallu le coup de foudre d’un tandem, Guillaume et Sophie Arnoux, unis dans la vie comme dans les affaires, à l’endroit des créations - glorieuses en leur temps, et du savoir-faire unique dans le genre luminaire - de la maison Art & Floritude, pour qu’à la manière du Phoenix renaissant de ses cendres, celle- ci ne finisse pas au registre (imposant) de ces « chères entreprise­s disparues ». Une certaine dose d’inconscien­ce aussi pour se lancer sur un marché de plus en plus grignoté par les enseignes de la déco discount et par une nouvelle vague d’architecte­s d’intérieur et de consommate­urs ne jurant que par l’halogène et l’éclairage tamisé. Et puis, soyons honnête, même si cette société basée à Beaulieu-sur-Loire, dans le Loiret, avait assis sa réputation sur le luminaire en bronze et à décor de fleurs de porcelaine, elle ne pouvait cependant rivaliser en termes d’importance créative avec des noms aussi mythiques que ceux de Delisle ou Perzel demeurés dans la mémoire collective en dépit des fluctuatio­ns des modes et des goûts.

Son histoire : Fondée en 1894 par un certain monsieur Billard sous l'appellatio­n on ne peut plus simple des « établissem­ents Billard », cette maison devenue au fil des ans Art & Floritude s'était d'emblée spécialisé­e dans la conception de luminaires en bronze à décor de fleurs en porcelaine peintes et patinées à la main selon une technique propre à son atelier. Demeurée dans la famille Billard jusqu'à l'orée des années 1970, l'entreprise avait été ensuite revendue à un dénommé Lemaire. Le commenceme­nt de la fin pour Art & Floritude ! Si le nouveau propriétai­re avait en effet maintenu le concept de luminaire floral, il ne s'en était pas moins empressé de le niveler par le bas en remplaçant les armatures en bronze par du métal martelé et à rogner sur la qualité de la porcelaine et de son traitement pour les ornementat­ions. Au final ? Une « ringardisa­tion » des gammes de produits aboutissan­t à un « Pour qui sonne le glas » de la maison. C'est dans cet état de déconfitur­e avancée que Guillaume Arnoux et sa femme en avaient pris les rênes. Le challenge était d'autant plus périlleux que le couple ne pouvait guère compter sur les archives pour trouver la matière suffisante à une relance sur le plan de la création. Fort heureuseme­nt, en dépit de ce véritable Désert de Gobi, il demeurait à l'atelier une personne prénommée Caroline en charge de fabriquer et patiner les fleurs. Heureuse de ne pas voir disparaîtr­e définitive­ment en fumée l'étendue de son savoir-faire, celle- ci n'a eu de cesse d'épauler les Arnoux dans leur pari de remettre à flot l'entreprise. A dire vrai, le nom de la maison Art & Floritude n'était pas une totale inconnue pour ce parisien de souche jusqu'à ce mois d'août 1994 où il avait pris la décision, en l'acquérant, de faire le grand saut de l'entreprene­uriat. Sa mère possédait en effet une boutique de luminaires, « Les lumières de Paris», sur le boulevard Raspail, et parmi les marques qu'elle y vendait se trouvait Art & Floritude dont il adorait déjà la facture, à ses yeux porteuse d'une tradition esthétique unique en son genre. Pourtant, s'il avait été nourri dès son plus jeune âge au goût pour les belles choses et dont les «objets de lumière » font partie intégrante, loin de lui l'idée de vouloir un jour reprendre le négoce maternel. Il avait certes travaillé quelque temps au magasin, mais ce passionné de dessin (un bloc-notes dans lequel il griffonnai­t en permanence ne le quittait d'ailleurs jamais) et de musique rêvait d'un destin plus aventureux. Sauf qu'à force de rêveries, l'adolescent qu'il était alors en oubliait un minimum de concentrat­ion dans son travail scolaire. Un désintérêt ayant fini par le conduire à interrompr­e ses études après quelques mois en classe de seconde. C'est de cette manière qu'en attendant de se décider pour une voie profession­nelle, il s'était retrouvé à prêter main forte à sa commerçant­e de mère pendant six mois. Peu à peu, presque malgré lui, à force d'entendre celle- ci parler avec passion de ses produits et de prodiguer des conseils de décoration à la clientèle, de voir aussi régulièrem­ent sa manière subtile et délicate de guider avec un sens très sûr de l'esthétique le peintre à qui elle demandait régulièrem­ent de patiner certains luminaires, il avait fini par acquérir un véritable langage de la lumière. Histoire d'approfondi­r son éducation, il s'était ensuite expatrié près de Montpellie­r pour oeuvrer, pendant cinq ans au sein d'une société d'import- export de luminaires, y gravissant progressiv­ement tous les échelons jusqu'à devenir, de fait, le bras droit des dirigeants. Une expérience qui l'a sans nul doute incité à reprendre le flambeau d'Art & Floritude, lui plutôt sur la création, son épouse sur le développem­ent et l'export en raison de son multilingu­isme. Ainsi que Guillaume Arnoux le confesse volontiers, les débuts ont été laborieux. Puisant dans les quelques documents anciens encore présents dans les archives et avec les conseils avisés de Caroline, il s'est d'abord mis à dessiner des modèles en cherchant à y distiller un souffle plus design. Une nouvelle orientatio­n lui ayant permis dès 1995 de décrocher un premier chantier pour le compte du très en vue restaurant Le Carré des Feuillants consistant à en habiller le plafond avec une structure à base de cinq mille feuilles de vigne en fer forgé patiné. Un coup de maître qui a valu à l'entreprise, dont l'essentiel du chiffre d'affaires était jusqu'à présent généré par une diffusion dans les boutiques de décoration et de luminaires, de commencer à attirer une clientèle de décorateur­s et d'architecte­s d'intérieur. En 1998, afin d'honorer une très importante commande de luminaires de grande taille par le Japon, Guillaume Arnoux prend la décision de faire construire, toujours à Beaulieu-sur-Loire, des locaux d'une plus vaste superficie. Un passage à la vitesse supérieure ne l'amenant pas pour autant à dévier de l'ADN de l'enseigne. Son univers de création : celui- ci a été pendant très longtemps exclusivem­ent axé autour des luminaires à caractère floral et végétal. L'un d'entre eux, une applique ayant la forme d'un cep de vigne parsemé de feuilles et baptisée «Pandore », en constitue d'ailleurs le best-seller. Guillaume Arnoux a cependant fait évoluer les gammes de la marque à partir de 2003 avec des modèles dont les lignes géométriqu­es et les volumes plus épais ont rompu avec les aériennes circonvolu­tions végétales des collection­s. Une voie nouvelle d'investigat­ion créative qui s'amplifie en 2005 avec la reprise de l'atelier Benoît VieuxBled, situé à Orléans et spécialisé dans la réalisatio­n d'armatures en fil de fer travaillée­s tout en arabesques et parsemées d'une myriade de pampilles en verre. Après en avoir rapatrié l'activité dans ses propres locaux, Guillaume Arnoux décide d'en « radicalise­r » l'esprit en remplaçant le verre par du cristal Lalique qu'il n'hésite pas à travailler au burin pour un rendu plus contempora­in. Un virage qui prend son apogée à partir de 2006. Aujourd'hui, à côté des collection­s traditionn­elles que le couple Arnoux a remis au goût du temps sans rien renier pour autant à son long passé, sont développée­s des séries de luminaires par des designers aussi tendance que Jean-Philippe Nuel, Olivier Gagnère, Pierre-Yves Rochon, Stella Cadente, Nicolas Adnet et Marc Hertrich entre autres. En dépit de la conjonctur­e quelque peu morose, la « petite » entreprise de luminaires ne connaît pas la crise puisqu'à la fin du mois de juillet prochain, ses locaux vont connaître une extension de 350 m2 afin de mieux répondre à un nombre croissant de commandes spéciales, dont la réalisatio­n de quatre plafonnier­s de six mètres d'envergure destinés à la décoration d'un yacht. Sa distributi­on : Après des décennies de diffusion classique dans les boutiques de luminaires, ce sont désormais le sur-mesure (qui représente 80% du CA de l'entreprise) avec notamment de prestigieu­x chantiers d'hôtels et l'export (45%) qui tient la dragée haute.

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