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Abdulrahman Alsuhaibani, co-commissaire de l’exposition AlUla, merveille d’Arabie
Professeur d’archéologie à l’université du Roi-Saoud et co-commissaire de l’exposition « AlUla, merveille d’Arabie », Abdulrahman Alsuhaibani nous dévoile les secrets du fabuleux royaume de Dadan.
Que découvrent les visiteurs de l’exposition « AlUla, merveille d’Arabie », du royaume de Dadan?
À mon avis, cette section est l’une des plus riches et des plus fascinantes de l’exposition. Car, comparée à la période islamique ou à la période nabatéenne, qui sont un peu plus connues, celle du royaume de Dadan était jusqu’à présent très peu documentée. Pourtant, elle a duré quelque huit siècles, soit davantage que l’ère nabatéenne qui lui a succédé. Ce sont des objets remarquables, notamment des statues de grande taille, des encensoirs et d’autres pièces jamais exposées auparavant, qui sont dévoilés aux visiteurs.
Quelles sont vos perspectives de recherches actuelles sur le site d’AlUla ?
La Royal Commission for AlUla (RCU) a été créée à la fois pour développer la région et préserver son patrimoine. L’une des périodes les plus importantes est celle des royaumes Dadanite et Lihyanite, représentés sur plusieurs sites comme ceux de Dadan et Jabel Ikmah. La RCU a donc l’intention de travailler au développement de ces sites et de redoubler d’efforts afin de percer les mystères qui les entourent encore. En tant que consultant auprès de la Royal Commission for AlUla et spécialiste de cette période, je codirige de nouveaux projets de fouilles archéologiques sur le site de Dadan.
À titre personnel, si vous deviez ne retenir que trois choses, lesquelles seraient selon vous les plus révélatrices de la richesse du site ?
Vous répondre n’est pas simple. Mais, de mon point de vue, les trois choses les plus exceptionnelles sont la magie de la nature, mêlée à l’histoire, à la beauté et à la générosité des habitants d’AlUla. Cette région a connu une remarquable succession d’occupations depuis la préhistoire jusqu’à nos jours. Cette histoire longue se conjugue avec une nature superbe, la rencontre du sable et des montagnes ayant donné naissance à des paysages extraordinaires.
Un mot sur la collaboration archéologique franco-saoudienne : quels en sont les points forts ?
La France est un partenaire essentiel de l’Arabie saoudite. Cette exposition « AlUla, merveille d’Arabie » en est la preuve.Citons aussi les accords pour le développement d’AlUla signés en avril 2018 entre nos deux pays lors de la visite du prince héritier à Paris, suivis, pour leur donner corps, de l’ouverture d’une agence dans la capitale française. Sans parler de notre coopération avec le CNRS dans le domaine de l’archéologie.
Pourquoi la France ?
« ALULA, C’EST LA RENCONTRE DU SABLE ET DES MONTAGNES AYANT DONNÉ NAISSANCE À DES PAYSAGES EXTRAORDINAIRES. »
Le choix de la France n’est pas surprenant, car il s’agit d’un pays particulièrement développé dans les domaines du tourisme et de l’archéologie, dont l’immense expérience ne peut être que profitable au développement d’AlUla. À titre personnel, je suis coresponsable avec Jérôme Rohmer, chargé de recherches au CNRS, d’un projet de fouilles archéologiques sur le site de Dadan. Il s’agit d’une coopération entre la RCU et le CNRS, ce dont je me réjouis : j’ai fait mon master et soutenu ma thèse en France, et je connais les compétences françaises dans ce domaine.
AlUla, merveille d’Arabie, jusqu’au 19 janvier 2020 à l’Institut du monde arabe, 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, 75005 Paris. Tél. : 01 40 51 38 38. imarabe.org