Infrarouge

Chris Esquerre, à angle adroit

- Par Hervé Prouteau.

« Grandeur et décadence », un exemple dans votre métier ?

La grandeur de ce métier, c’est quand même de travailler des heures sur quelques phrases, pour arracher un sourire ou deux. C’est ce qui en fait sa saveur, mais j’ai bien conscience que si ce métier est salutaire, il n’est pas indispensa­ble ! Quant à la décadence… à la télé, l’humour est en train de devenir une industrie. C’est triste, il y a des « nouveaux entrants » qui considèren­t ça comme un business.

Avez vous passé beaucoup de castings pour être pris au Grand Journal ?

Non aucun ! C’est le privilège d’avoir fait 800 chroniques à Canal Plus ces dernières années. On m’a accordé le bénéfice du doute !

Sur qui rêveriez vous d’en savoir beaucoup plus ?

A en rêver, personne ! Je n’ai pas d’icône, mais d’en savoir un peu plus, pourquoi pas. J’ai bien l’intention de rencontrer Nicolas Bedos et Gaspard Proust pour savoir qui ils sont. Ce seront mes découverte­s profession­nelles de l’année.

Racontez-nous un petit caprice de star ?

J’ai besoin d’avoir une loge avant ma chronique du vendredi au Grand Journal, ce qui pose parfois quelques problèmes, faute de places, lorsqu’il y a des groupes invités ! Dans ces cas-là, je squatte celle de Jean Michel Aphatie.

« Grand large », avec qui partiriez vous volontiers en « double solitaire » ?

Avec Daniel Morin [chroniqueu­r à France Inter, 12h05 tous les jours, ndlr], j’aurais la certitude de me marrer !

Racontez-nous votre plus belle gaffe ?

Avoir demandé par mégarde son poids à Catherine Deneuve. Une erreur de débutant.

Qu’est ce qui ne fait rire que vous ?

J’espère le moins de choses possibles car l’essence même de mon métier, c’est de partager tout ce qui m’amuse.

Quel est le comble d’un humoriste ?

De ne jamais rire de lui-même, une bonne raison de le retirer du fichier national des humoristes !

Si le rire est le propre de l’homme, quel est celui de la femme ?

C’est un très beau piège que vous me tendez là, mais je ne tomberai pas dedans ! Je n’ai que des idées de blagues misogynes !

Qu’est ce qui vous fait systématiq­uement rire jaune ?

Dans ses chroniques à France Inter, Daniel Morin - toujours lui - se moque de moi en me présentant comme imbuvable depuis que je bosse à Canal… Je ris vraiment, et parfois jaune. « L’envie d ’ être un people, c’est depuis toujours ou pas ? »… Je me dirais, il est vraiment con, celui-là ! Ce soir ou jamais, pour être le dernier humoriste à être invité après y avoir expliqué qu’il faudrait une bonne fois pour toutes arrêter de demander leur avis aux humoristes ! Vous avez forcément croisé sa bobine ou son humour ces dernières années au détour d’une chronique cathodique ou radio. Depuis la rentrée, il fait « le bilan de la semaine » du Grand Journal. L’occasion de faire le sien.

Qui rêveriez-vous de rencontrer ?

Yolande Moreau ! J’en rêve ! J’aimerais vraiment passer une demi-journée avec elle à la campagne, dans son jardin. Ceci est un appel très sérieux. En « plan B », j’aimerais aussi passer 2-3 heures sur un banc avec Fabrice Lucchini, pour voir comment il est lorsqu’il est calme.

Vous préférerie­z mourir de rire à quelle occasion ?

Le jour de mes 100 ans, avec mes parents de 130 ans !

Quelle est la question que je ne dois pas vous poser? Quel est l’humoriste qui ne vous fait pas rire?

Ils sont nombreux ! Ceux chez qui le rire est obligatoir­e me découragen­t. Moi, j’aime quand le rire est facultatif.

Dans quelle émission rêveriez-vous d’être invité ? Quel est le plus gros cachet que vous ayez perçu ?

C’était pour la pub d’un GPS, j’aurais quasiment pu vivre un an rien qu’avec ce cachet.

Comment définissez-vous votre humour ?

C’est intéressan­t de parler d’humour… j’ai choisi d’investir un terrain négligé chez les humoristes : le ridicule. Etre drôle, c’est accepter d’être ridicule. Or la plupart des humoristes veulent être à la fois drôles et séduisants… il suffit de regarder leurs affiches où ils font les beaux gosses ! Les Deschiens faisaient rire sans vannes, c’est ce sillon que j’essaie de creuser.

Parmi les gens connus que vous avez croisés, quelle a été la plus grande surprise ?

Des surprises, il y en a eu pleins, mais la plus énorme reste sans hésitation Agnès Varda. Un jour, je fais son portrait devant elle sur Radio Nova et j’explique que dans Cléo de 5 à 7, le personnage de Goldorak était mal employé. Elle n’a rien compris et s’est scandalisé­e qu’un jeune chroniqueu­r ne connaisse pas mieux le cinéma. J’étais consterné ! Depuis, je lui ai pardonné.

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Etre drôle, c’est accepter d’être ridicule. Orlaplupar­tdeshumori­stesveulen­têtre àlafoisdrô­lesetsédui­sants…
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Retrouvez Chris Esquerre tous les vendredis pour son « bilan de la semaine », dans le GrandJourn­al (Canal Plus) et tous les dimanches (jusqu’au 30 décembre) au Grand Point Virgule, à 18 h.

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